National | Par Didier Bouville

Les ministres trouvent un accord sur la future PAC

Le 21 octobre à l’aube, les ministres de l’Agriculture des 27 sont parvenus à un accord sur la prochaine PAC qui ouvre la voie à de nouvelles négociations avec le Parlement européen pour la finaliser.

Semaine décisive sur la prochaine PAC. Un peu avant 5 heures du matin, le 21 octobre et après de longues heures de négociation, les ministres de l’Agriculture réunis à Luxembourg sont parvenus à un accord sur la réforme de la PAC. «Après une longue lutte, nous sommes arrivés à un accord crucial (…). Cet accord répond à l’aspiration d’une PAC plus verte, plus juste et plus simple», a déclaré la ministre allemande de l’Agriculture qui présidait le Conseil des ministres, Julia Klöckner à l’issue de la réunion. Julien Denormandie, le ministre français de l’Agriculture s’est également félicité de cette issue qui ouvre la voie à des négociations avec le Parlement européen sur les contours de la prochaine PAC. Celui-ci devait se prononcer de son côté le 23 octobre.

Phase transitoire de deux ans

Comme prévu, le principal point d’achoppement concernait l’architecture verte de la prochaine PAC, plus particulièrement les éco-régimes, c’est-à-dire l’ensemble des mesures pour accompagner les agriculteurs dans leur transition écologique comme l’agriculture de précision, l’agroforesterie, l’agriculture biologique, etc. Au bout du compte, et comme le souhaitait d’ailleurs Julien Denormandie, les éco-régimes, deviendront obligatoires pour tous les États membres et devront mobiliser au moins 20 % des paiements directs, dès 2023. Une première phase transitoire de deux ans est néanmoins prévue, pour permettre aux États membres d’éviter de perdre des fonds, les éco-régimes étant facultatifs pour les agriculteurs. Par ailleurs les critères actuels de conditionnalité et de verdissement seront maintenus dans la prochaine PAC.

Le compromis obtenu par la présidence allemande prévoit par ailleurs une consolidation des aides couplées aÌ hauteur de 15 % de l’enveloppe des paiements directs ainsi que la possibilitéì de créer des programmes sectoriels permettant de structurer l’action des organisations de producteurs et coopératives pour la plupart des filières agricoles. Soutenant une initiative française, la très grande majoritéì des Etats-membres a souhaitéì que les soutiens couplés puissent venir favoriser le développement des plantes riches en protéines de manière aÌ renforcer l’autonomie protéique de l’Union européenne.

Les réserves de la Commission

La partie était loin d’être acquise. Si la France et un certain nombre d’autres pays comme le Danemark, l’Espagne, la Belgique… partageaient la proposition de la présidence allemande, les pays d’Europe orientale surtout, notamment la Pologne, trouvaient cette ambition environnementale trop élevée. D’autres comme l’Autriche et le Portugal qui consacrent une bonne partie du deuxième pilier à des programmes verts considéraient le seuil de 20 % comme trop élevé.

Si le couple franco-allemand a salué cet accord «inespéré» de source française, la réaction du Commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a été plus mitigée estimant que «tout n’était pas satisfaisant pour la Commission». S’il a reconnu le travail de la Présidence allemande pour parvenir à des propositions de compromis, il a fait part de ses préoccupations quant à la possibilité d’atteindre les objectifs environnementaux plus élevés en lien avec le Pacte vert et la stratégie Biodiversité 2030. Il a cependant souligné que le mandat des ministres permettrait de lancer les négociations avec le Parlement européen. Ces discussions s’annoncent d’ailleurs ardues avec les députés, ceux-ci devaient se prononcer sur une architecture verte plus ambitieuse avec des éco-régimes à 30 % des paiements directs.

Transparence des GAEC

Même s’ils ne concernent pas la prochaine PAC, les ministres sont également parvenus à un accord sur un certain nombre de sujets dont deux auxquels Julien Denormandie était très attaché : les droits de plantation des vignes et la transparence des Gaec. Le régime d’autorisation des plantations actuel pour réguler le marché du vin qui devait se terminer en 2030 est prolongé jusqu’en 2040. Pour ce qui est des GAEC, leur transparence est acquise. Il s’agit d’une avancée importante, notamment au regard de la future PAC.

Source Actuagri

 éleveurs+PAC+europe


Toutes les actualités

Sur le même sujet

Les ministres de l’Agriculture de l’UE, réunis le 26 avril en visio-conférence, ont globalement donné leur feu vert à la proposition de la présidence portugaise du Conseil de porter la part des paiements directs à consacrer aux éco-régimes dans le cadre de la future PAC progressivement à 25% d’ici 2025.Cette proposition doit permettre de faire avancer les discussions avec le Parlement européen, qui doivent se tenir sur ce dossier le 30 avril. Mais les Vingt-sept insistent sur la nécessité de disposer d’un maximum de flexibilité dans la mise en œuvre de ces éco-régimes: une période «d’apprentissage» de deux ans et la possibilité de réduire le niveau d’ambition si une part plus importante du second pilier est dédiée à des mesures…