National | Par La rédaction
Selon un sondage Ipsos/Réussir dévoilé le 28 février, les agriculteurs craignent une baisse de leurs revenus et sont méfiants quant à l’amélioration de l’exercice de leur métier, notamment face à la simplification et à la transition agroécologique.
Un an après les grandes manifestations qui ont connu leur apogée au Salon de l’Agriculture 2024, l’inquiétude et la colère sont majoritairement présents dans les campagnes. C’est, à grand trait, ce qu’il ressort d’un sondage réalisé auprès de 600 agriculteurs français entre le 29 novembre et le 19 décembre. Pour une grande majorité des sondés, l’année 2024 a été «compliquée» et 59 % estiment que leur revenu a baissé, quand 34 % le jugent «dans la moyenne du revenu habituel». Seuls 6 % le pensent plus élevé que les années passées. Les conditions climatiques très humides ont fortement impacté de nombreuses productions, à commencer par celle de blé tendre qui a enregistré sa plus mauvaise récolte depuis 1983… Cependant, parmi les 59 % percevant une baisse de revenus, les deux-tiers déclarent que celle-ci «s’inscrit dans une tendance baissière structurelle».

Risques exogènes
D’une manière générale, en faisant abstraction de l’année 2024, presque la moitié des agriculteurs (46 %) considère que «leur revenu a baissé au cours des 5 à 10 dernières années». A peine 20 % (17 %) ont vu celui-ci croître et 36 % le juge égal. C’est le pessimisme qui gagne ces mêmes sondés quand il s’agit de se projeter dans un futur proche : 30 % d’entre eux anticipent un «revenu à la baisse» dans les 5-10 ans quand 16 %, plus optimistes, le voient à la hausse. Un cinquième (21 %) ne se prononcent pas, ne parvenant pas à dégager de réelles perspectives. Selon ce même sondage, 8 % des agriculteurs ont été dans une situation de tension en 2024 et s’attendent à «remonter la pente». Plus de la moitié ne savent pas vraiment si leur revenu va se stabiliser soit à nouveau se dégrader. Les dossiers qui crispent le plus les agriculteurs sont, d’après Ipsos, de plusieurs ordres.
Tout d’abord, «les risques exogènes (62 %)», autrement dit, les obligations réglementaires et les contraintes normatives, auxquels s’ajoutent les risques environnementaux (56 %) dans lesquels sont inclus les aléas et le dérèglement climatiques. Le contexte géopolitique, le niveau des aides PAC et la volatilité des cours constituent également des domaines d’incertitude (56 %) pour les exploitants sondés. Dans une moindre mesure, ils restent vigilants sur les risques techniques et de gestion (48 %) que peuvent constituer les maladies, épizooties ou l’indisponibilité de certains produits de protection des cultures.
Systèmes durables
L’un des autres enseignements de ce sondage est que les agriculteurs veulent vivre de leur travail. Ayant à classer les postes les plus importants de leur chiffre d’affaires, ils ont répondu en grande majorité (84 %) qu’il était constitué de la vente des productions à la distribution, aux coopératives ou au négoce agricoles. Les aides et subventions constituent pour 51 % des agriculteurs interrogés, le deuxième poste de revenu, devant la production d’énergie (14 %). Un agriculteur sur deux ayant répondu à l’enquête a déclaré être engagé dans la méthanisation.
Par ailleurs, la majorité des agriculteurs (55 %) n’envisage pas de faire évoluer leurs modes de production actuels ou futurs. Une petite minorité (38 %), plus forte dans les élevages laitiers, se dit prête à s’orienter vers des systèmes «durables», HVE ou bio. Ils sont également un peu plus de la moitié (53 %) à anticiper des changements structurels minimes dans leurs opérations, préférant s’appuyer sur les systèmes existants. Ceux qui envisagent ces changements souhaiteraient l’installation d’un nouveau partenaire ou nouvel associé (13 %. un chiffre qui grimpe à 20 % pour les agriculteurs de plus de 55 ans).
Enfin, ils sont nombreux à vouloir s’engouffrer dans la diversification des productions, dans laquelle figure la production d’énergie (méthanisation, agrivoltaïsme…). En complément, 57 % des sondés priorisent l’amélioration de la productivité et des performances techniques pour sécuriser leur avenir. L’abandon des cultures moins rentables est envisagé par 38 % d’entre eux, tandis que 27 % chercheraient à optimiser leurs stratégies de commercialisation à travers la vente directe ou les circuits courts.
La rédaction