National | Par Eva DZ

Le SNIA veut préserver son potentiel de production

Le Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (SNIA) a organisé, le 30 août, sa conférence de presse de rentrée. L’occasion pour ses dirigeants, de rappeler la nécessité de préserver les élevages et de favoriser la souveraineté alimentaire… tout en s’engageant dans la décarbonation.

François Cholat, président du SNIA, est par nature un homme optimiste. Il est certain que les industriels privés de l’alimentation animale parviendront à l’horizon 2030 à réduire de 20 % leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Non seulement parce que l’engagement a été pris, mais surtout parce que les premiers effets commencent à se faire sentir. Certes, tous les indicateurs de performance et d’efficacité ne sont pas encore mis en place. Cependant, les fabricants sont déjà à l’action. Nombreux sont ceux qui, sous l’impulsion du plan protéines substituent les matières premières à fort impact GES (dont le soja «déforestant» en provenance du Brésil) par d’autres aliments composés produits en France ou en Europe. «Avec l’objectif de réduire l’empreinte carbone», précise Ludovic Michel, vice-président du SNIA. De même nombre de fabricants d’aliments composés travaillent avec les instituts de recherche sur l’amélioration de la performance nutritionnelle des aliments. Il s’agit ici d’agir sur la fermentation entérique qui, pour les ruminants, représente environ plus de la moitié (56 %) de l’impact carbone sur un élevage. En réduisant cette fermentation entérique, «on peut considérablement réduire les rejets de méthane des bovins par exemple», précise Philippe Manry, vice-président du SNIA. Le syndicat s’est d’ailleurs engagé à s’approvisionner à 100 % en soja non déforesté au 1er janvier 2025. «Nous serons déjà à 50 % d’ici la fin de l’année 2023 et à 75 % à la fin 2024», a assuré Ludovic Michel. Le SNIA a aussi mis en place une filière de collecte et recyclage des emballages de produits de nutrition animale, appelée Valoralim. «185 metteurs en marché se sont déjà engagés et nous ambitionnons de collecter les 10 000 tonnes de déchets, ce qui correspond à économiser 7 000 tonnes équivalent CO2/an», a précisé Ludovic Michel.

Enrayer la décapitalisation

En attendant d’intégrer tous les paramètres pour consolider cet objectif de décarbonation, les fabricants de nutrition animale entendent, parallèlement, préserver l’élevage français, qui constitue leur premier débouché. Le secteur reprend quelques couleurs mais reste encore fragile. «La production d’aliments composés a baissé de -4,7 % entre la campagne 2021-2022 et celle de 2022-2023», a observé François Cholat. La faute en partie à la grippe aviaire qui a plombé les chiffres tant en agriculture conventionnelle qu’en agriculture biologique. La production totale (tous secteurs confondus) peine à atteindre les 20 millions de tonnes (Mt). Elle n’a été que de 19,06 Mt entre juillet 2022 et juin 2023. A titre de comparaison, elle était de 20,8 Mt en 2019. Sur le premier semestre 2023, le volume produit baisse de -1,8 % par rapport au premier semestre 2022. Les industriels privés ont dû composer avec la forte instabilité des cours de matières premières, conséquence directe de la guerre en Ukraine, avec la hausse des coûts induits (transports, plastiques…), etc. Tant et si bien que la rentabilité des entreprises reste délicate : «Nous atteignons 1,9 % de rentabilité annuelle quand les autres industries agroalimentaires (IAA) sont à 7,6 %», a indiqué le président du SNIA. Conséquence directe : la capacité d’investissement est fragilisée : 1 % pour les fabricants d’aliments composés contre 5 % pour les autres IAA. Les industriels privés entendent bien peser pour enrayer la décapitalisation qui touche les fermes françaises. Entre 2004 et 2022, notre pays est passé de 6,2 Mt équivalent carcasse produites à 5 Mt. Or la consommation n’a pas baissé et ce sont les importations qui ont compensé. Or ces dernières ont accru les GES. «En produisant français, nous pourrions préserver notre souveraineté alimentaire, endiguer la décapitalisation et réduire les GES», a conclu Philippe Manry.

Christophe Soulard (© Actuagri)

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