National | Par Didier Bouville
Le marché mondial du bio serait en passe d’atteindre les 100 Mrd€, a annoncé Michel Reynaud, vice-président d’Ecocert, le 18 juin, lors du colloque international de l’Agence bio: «Nous sommes en train de passer la barre des 100 milliards». En 2017, l’Ifoam (fédération internationale du bio) estimait le marché à 90 Mrd€.
A titre de comparaison, le marché alimentaire mondial était estimé à 5000 Mrd$ (McKinsey, 2015). En bio, 40Mrd€ étaient consommés aux Etats-Unis et 37Mrd€ en UE. «Mais à la différence des États-Unis, l’UE connait aussi une forte évolution de la production, note Michel Reynaud, parce qu’il existe des aides publiques à la conversion, ce qui n’existe pas aux Etats-Unis, où l’on trouve seulement des programmes privés pour la commercialisation de produits en conversion.»
On compterait selon lui 400 000 agriculteurs bio en UE, contre «quelques milliers aux États-Unis». Il note également depuis cinq ans l’apparition sur le marché mondial d’une demande chinoise, à prendre avec précaution, estime-t-il, car les données proviendraient du gouvernement chinois.
Serres chauffées en bio : «Je ne suis pas favorable» (Didier Guillaume)
«Je ne suis pas favorable au chauffage des serres parce qu’il faut respecter le rythme biologique», a déclaré le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, lors d’un colloque international organisé par l’Agence bio le 18 juin. Le ministre s’inscrit dans une controverse portant sur le développement du chauffage des serres en production de tomates bio, et l’évolution éventuelle des réglementations française et européenne.
«L’éducation à l’alimentation, l’éducation au bien manger est absolument indispensable», a ajouté Didier Guillaume, tout en mettant en garde contre les pays qui n’appliqueraient pas ces principes et l’arrivée en France «de tomates néerlandaises en janvier, en février, en décembre». Un comité national de l’agriculture biologique (Cnab) pourrait se pencher sur la question le 11 juillet.
Didier Guillaume a précisé qu’il n’était par ailleurs pas opposé aux serres elles-mêmes: «Je pense que dans certaines régions, si nous voulons garder une certaine autonomie alimentaire – je vous ai dit que le mieux était l’ennemi du bien – alors je pense que les serres peuvent avoir un grand rôle».
Le marché français de la banane tiré par le bio
Stable depuis plusieurs années, le marché français de la banane a connu «un très fort développement ces deux dernières années», passant de 560000 en 2016 à 643000 tonnes d’approvisionnement en 2018, a indiqué Gauthier Fischel, président de l’Association interprofessionnelle de la Banane (AIB) qui rassemble producteurs, importateurs ou distributeurs, lors d’une conférence de presse le 18 juin.
Une augmentation drainée par «les produits à forte valeur ajoutée», notamment le bio. Avec un peu plus de 100000 tonnes l’année dernière et 15% du marché «la banane bio a explosé», constate Gauthier Fischel, mettant également en avant les autres segmentations mises en place par la filière (banane française, bio équitable…).
Malgré cela «les temps sont durs», juge-t-il, notamment sur le marché européen où les «trop pleins de la production d’Amérique Latine» entraînent «une dévaluation des produits». En France, les bananes de Guadeloupe et Martinique amorcent leur retour après que 80% de la production a été détruite par l’ouragan Maria en 2017. Si elles ont représenté 19% de parts de marché l’année dernière (contre 30 % en temps normal), celle-ci augmente au 1er trimestre 2019, a indiqué l’AIB.
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