National | Par Didier Bouville

Le machinisme agricole à l’épreuve de la décarbonation

La transition énergétique voulue par les pouvoirs publics pose de sérieuses difficultés et ne sera pas possible sans aide massive des pouvoirs publics, estiment les constructeurs de machines agricoles.

Comme la FNSEA, l’Association française des acteurs industriels de la filière des agroéquipements et de l’agroenvironnement (Axema) a accueilli comme une douche froide l’annonce du ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, de mettre un terme à l’exonération des taxes sur le GNR, il y a quelques semaines. L’abandon de cet avantage fiscal qui porte sur 1,4 milliard d’euros et qui devrait être inscrit dans le projet de loi de Finances pour 2024 sera progressivement supprimé d’ici 2030. De quoi alimenter l’inquiétude de la filière machinisme agricole.

Il est en effet difficile pour Axema de s’opposer à cette disposition gouvernementale qui va dans le sens de la diminution de l’empreinte carbone de l’agriculture. En revanche, l’association conteste le manque d’accompagnement des pouvoirs publics d’aider les agriculteurs à s’adapter à cette transition énergétique. « Des solutions de remplacement du GNR existent, mais elles coûtent très cher » observe Laurent de Buyer, le directeur d’Axema. Le carburant 100 % organique issu de la biomasse? Il est disponible en faible quantité et il n’est pas homologué. D’ailleurs il n’est pas recommandé par les constructeurs. L’huile végétale hydrogénée (HV0) ? Utilisable dans les moteurs ce carburant de synthèse est préempté par les avions et les camions. Le fuel, carburant de synthèse produit quant à lui par de l’électricité renouvelable et donc économe en GES n’est pas disponible en grande quantité et onéreux à produire. Quant à l’hydrogène produit à partir du gaz, il est très gourmand en énergie. Bref « il y a des plafonds de verre partout », déplore Laurent de Buyer. Et au-delà des obstacles techniques, les carburants de synthèse coûtent 2 à 2,5 fois plus que le GNR traditionnel.

En outre, cette transition va exiger des investissements massifs chez les agriculteurs. « Passer à l’électrique à l’hydrogène multiplie le coût des équipements par 2 à 2,5 », observe le directeur. Difficile donc pour les agriculteurs de réduire de deux millions de tonnes les émissions de GES dans le machinisme, l’objectif fixé par les pouvoirs publics dans ce domaine sur les 11 millions de tonnes produites. Pourront-ils le faire sans accompagnement conséquent des pouvoirs publics ? Bref, la transition énergétique dans le machinisme agricole est loin d’être un fleuve tranquille.

La rédaction

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