National | Par Didier Bouville
« L’Irlande présente une hausse de 18,5% de sa collecte pour la campagne 2015/2016 », a annoncé Christophe Perrot, chargé de mission à l’Institut de l’élevage, le 14 juin lors d’un colloque intitulé: « Crise laitière: un modèle laitier a repenser pour les producteurs ! ».
Il a donné en comparaison les évolutions d’autres pays européens « pour cette première campagne sans quota »: +11,9% pour les Pays-Bas, +5,6% pour le Danemark, +5,1% pour la Pologne et +1,3% pour la France. Cette dernière est le pays dont la collecte a le plus faiblement augmenté en Europe.
« L’Irlande est probablement l’un des pays les plus concurrentiels au monde en terme de production laitière », a-t-il considéré.
Selon lui, les éleveurs irlandais entreront vraiment en crise en 2016. « En 2015, les exploitations irlandaises ont compensé la baisse du prix du lait de 20% avec une hausse de production de près de 20% », continue-t-il.
Il a souhaité rappeler les avantages comparatifs de la France pour la production de lait : prix bas du foncier, savoir-faire reconnu, densité animal modéré, potentiel fourrager, surface agricole utile abondante, tout en évoquant « les défis » à relever comme la gestion de la volatilité.
Crise laitière: « certains membres de la Commission européenne reconnaissent qu’ils se sont trompés » (A. Trouvé)
Certains membres de la Commission européenne « reconnaissent qu’ils ont totalement sous-estimé la capacité de production » des pays en voie de développement et « la réaction des producteurs européens face à la chute des prix » (accroissement des volumes), s’est exclamée Aurélie Trouvé, économiste et maître de conférence à AgroParisTech au sujet de la crise laitière européenne.
Lors d’un colloque organisé par la Confédération paysanne, elle est intervenue le 14 juin pour présenter les résultats de l' »étude sur les mesures contre les déséquilibres de marché: quelles perspectives pour l’après quota dans le secteur laitier européen », disponible sur le site du ministère de l’agriculture depuis le 10 juin.
« Si on rajoute d’autres défaillances de marché » comme la présence de millions de consommateurs et de milliers de producteurs face à quelques transformateurs et distributeurs, « dans un cadre de dérégulation publique », la gravité de la crise est indéniable.
« Cela montre que l’on n’est pas dans un marché classique! », souligne-t-elle. Pour elle et selon les résultats de l’étude, la crise actuelle est « une crise structurelle » et non conjoncturelle.
« Si Phil Hogan reconnait qu’il s’agit d’une crise structurelle alors il devra reconnaitre qu’il n’y a pas de système de gestion de crise! », note-t-elle.
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