Europe | Par Actuagri

La viande bovine en Allemagne, un sous-produit de l’élevage laitier

L’an passé, l’Allemagne a produit 1,01 million de tonnes équivalent carcasses (Mtéc) de viande bovine essentiellement issue de son troupeau laitier. Le pays est déficitaire en viande. La production de jeunes bovins (JB) n’est pas rentable. 

L’Institut de l’élevage (Idele) a récemment publié un dossier très instructif dédié à la production de viande bovine en Allemagne. En 2024, le pays en produisait 1,01 Mtéc dont 463 000 téc issues de jeunes bovins, 322 000 téc de vaches de réforme et 177 000 téc de génisses. Et ses concitoyens consomment deux fois moins de viande bovine que les Français. Pour autant, l’Allemagne est importatrice nette. L’an passé, elle en a exporté 323 000 téc alors qu’elle en a importé 422 000 téc d’UE à 85 % (de Pologne, des Pays-Bas et d’Autriche essentiellement) et d’Argentine à 9 %. Aussi, 40 % de la viande bovine consommée par les Allemands est de la viande importée (26-28 % en France).

Disponibilité à l’export

Dix ans plutôt, l’Allemagne était exportatrice nette (50 000 téc environ). Depuis, la décapitalisation bovine observée en UE n’a pas épargné le pays avec toutes ses conséquences qui en ont découlé : baisse du nombre de naissances, de vaches réformées et de jeunes bovins disponibles à l’engraissement. 45 % de la viande bovine consommée en Allemagne est de la vache de réforme et les bêtes de race Holstein sont de loin la première source de viande. Pour produire des veaux, l’Allemagne dénombre actuellement 4,2 millions de vaches laitières (3,6 millions têtes) et vaches allaitantes (620 000). Mais leurs effectifs ne baissent pas uniformément, modifiant la composition raciale du cheptel bovin : – 12 % pour les Holstein depuis 2019, -7 % pour les Fleckvieh et -18 % pour les Brunes. Cette évolution différentielle impacte fortement la production de viande de vache de réforme et la disponibilité des veaux pour l’export et pour l’engraissement. 

Comparés à 2019, plus de 300 000 veaux naissent ainsi en moins chaque année, générant des pénuries dans toutes les filières. On dénombrait 867 000 jeunes bovins (JB) d’un à deux ans, essentiellement des Fleckvieh (ou Simmental). Mais on compte aussi quelques dizaines de milliers de JB croisés (lait x viande) et de races à viande (Limousin, Charolais). Les veaux Holstein ont des destinées diverses. La très grande majorité des animaux sont dédiés à l’élevage de veaux de boucherie en Allemagne et surtout aux Pays-Bas après y avoir été exportés (603 000 têtes en 2024). Mais compte tenu de la pénurie d’animaux, davantage de veaux Hoslstein sont conservés pour produire du JB. La production allemande annuelle de veaux de boucherie a diminué de 45 000 têtes comparée à 2017.

Pas rentable

En Allemagne, l’élevage de JB se fait en deux temps. Des éleveurs se chargent du sevrage de veaux de huit jours et d’autres de l’engraissement au-delà du 8ème mois. L’Idele identifie quatre systèmes d’engraissement de JB, selon les races d’animaux élevés et la dimension des ateliers. En Bavière, les ateliers comprennent 120 animaux alors qu’à l’est du pays, en Poméranie, les entreprises agricoles sont structurées pour en élever 4 700 en moyenne. Mais tous ces systèmes ont des coûts de production trop élevés pour être rentables à moins de rogner sur la rémunération du travail et des facteurs de productions. La conjoncture du marché de la viande est pourtant très favorable. Leurs concurrents italiens et français ne sont pas rentables non plus. Cependant la France ne s’en sort pas si mal. Les ateliers d’engraissement de 200 bêtes suivis par l’Idele font largement mieux que les systèmes allemands de 120 bêtes ou de 300 bêtes. En 2024, la perte de 17 € par animal vendu dans l’Hexagone est minime comparée à celle des élevages allemands  (jusqu’à 228 € par bête dans les ateliers de 120 animaux et 48€/ bêtes dans ceux de 300). Toujours en 2024, seuls les ateliers outre-Rhin de 4 700 bêtes et de 525 bêtes font mieux que les Français avec un manque à gagner de -7 € à -17 €/bête, selon l’Idele. Quant à l’Italie et l’Autriche, les pertes sont similaires aux ateliers allemands de 120 bêtes. Cette année, la rentabilité dépendra essentiellement des prix auxquels les broutards sont comptabilisés. 

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