National | Par La rédaction

Congrès FNSEA : le point d’étape de Fesneau entre applaudissements et huées

Lors du congrès de la FNSEA le 28 mars à Dunkerque, Marc Fesneau s’est employé à rassurer un auditoire quelque peu remonté, mais attentif, sur la mise en œuvre des 67 mesures promises par le gouvernement après le mouvement de colère de ce début d’année.

Marc Fesneau ministre de l’agriculture lors de son intervention au congrès FNSEA, entre applaudissements et huées.

En particulier, le ministre de l’agriculture a affirmé que la mesure de défiscalisation du cheptel bovin sera appliquée «telle qu’elle avait été négociée, quels que soient les vents contraires de tel ou tel côté de la Seine» (en référence au ministère de l’économie). «15 000 euros de plafond, fiscal et social, ça et rien que ça, on va l’appliquer», a-t-il lancé.

Au sujet du TO-DE (exonération des charges patronales sur les salariés saisonniers), qui doit être pérennisé, le ministre a indiqué que «le rehaussement du seuil de dégressivité de 1,2 à 1,25 [Smic] sera effectif dès le 1er mai». Enfin, M. Fesneau a affirmé sa volonté d’ouvrir le dossier de la gouvernance des agences de l’eau : «Nous avons besoin de pouvoir travailler avec les agences de l’eau en bonne intelligence, a-t-il fait valoir. On ne peut pas être soumis à des décisions qui par trop seraient politiques». «Il faut du stockage de l’eau», a-t-appuyé, insistant sur sa volonté de faire appliquer les décisions prises dans ce sens. Un discours qui a été salué par presque autant d’applaudissements que de huées.

Retraites : mise en œuvre des 25 meilleurs années en 2026

Sur le dossier des retraites et la prise en compte des 25 meilleures années, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a indiqué que l’exécutif respectera «l’esprit et la lettre» de la loi Dive du 13 février 2023, qui instaure le calcul des retraites agricoles à partir des 25 meilleures années de revenus à partir de 2026. Le locataire de la Rue de Varenne avance donc de deux ans son objectif d’instaurer une «convergence» vers un calcul sur la base du revenu et non plus de points ; il était jusqu’ici annoncé que cette convergence, à laquelle tenait le ministre, avait effet collatéral une application de la réforme en 2028, au grand dam de la FNSEA.

Devant les sénateurs le 19 mars, le locataire de la Rue de Varenne avait mis en avant un «problème technique» de manque d’archives à la MSA, selon M. Fesneau. Cette perspective avait provoqué la rupture des négociations avec la FNSEA. «L’intendance doit suivre. Ce n’est pas une affaire technique qui doit nous empêcher, a appuyé le ministre le 28 mars. Le Premier ministre me l’a confirmé, le Président de la République me l’a confirmé».

Marc Fesneau lâche du lest sur la compensation environnementale

Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, a tenté de rassurer les congressistes de la FNSEA sur ses intentions, assurant connaître «les lourdeurs et les difficultés, les lenteurs et parfois même, disons-le, les réticences qu’il peut y avoir à faire vraiment bouger les choses. Je sais le sentiment que vous avez que le ‘dire’ ne produit pas le ‘faire’», a-t-il dit. Déclinant les avancées de ses services sur certaines urgences (GNR, maladie hémorragique épizootique-MHE, inondations…), il a promis que le réseau des fermes de référence pour l’assurance récolte sera «opérationnel en 2025».

Sur le projet de loi d’orientation agricole, il a précisé que l’agriculture serait reconnue d’intérêt général majeur, que le régime de la haie y était intégré, de même qu’un volet sur l’accélération des contentieux sur l’eau et les bâtiments d’élevage ou la question «des sanctions pour les atteintes à l’environnement». Une chose est certaine : la FNSEA n’entend «ni marcher sur la tête ni se laisser marcher sur les pieds», a prévenu Arnaud Rousseau.

«Le Président de la République semble hésiter à prendre rendez-vous, celui qu’il nous avait promis au Salon de l’agriculture, en estimant que la situation n’était pas mûre. Nous sommes mûrs pour lui porter notre vision stratégique de l’agriculture», a lancé Arnaud Rousseau. C’est d’une manière posée mais ferme qu’il a égratigné les temporisations de l’exécutif. «Qu’il a été long le temps de réaction du Gouvernement face aux alertes des agriculteurs français. Une année à vous répéter l’importance de la compétitivité, l’enjeu crucial du renouvellement des générations et la nécessité de consolider le lien avec la société… En vain», a-t-il martelé.

«Reprendre l’administration en main»

Le président de la FNSEA a demandé au ministre, Marc Fesneau, de «reprendre son administration en main» car «il n’est pas admissible qu’il se passe un mois entre une décision ministérielle et la diffusion de l’instruction aux échelons administratifs territoriaux». C’est aussi cette absence de réaction et réponse qui a favorisé l’émergence des mouvements syndicaux de l’automne et de l’hiver.

Le président des Jeunes agriculteurs (JA), Arnaud Gaillot a évoqué quelques minutes avant : «Ce ne serait pas responsable de dire que rien n’avance (…) Personne ne croyait il y a encore quelques mois qu’on arrive à faire bouger les lignes aussi rapidement au niveau européen». C’est le cas en France pour les dossiers gasoil non routier, proposition de loi troubles du voisinage, l’avenir de l’élevage, l’accès aux moyens de production «Mais trop d’incertitudes demeurent encore», a-t-il déclaré.

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En ouverture de la séance publique le 27 mars, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a insisté pour que le gouvernement tienne ses promesses et avance sur les 62 demandes du syndicalisme agricole pour tourner la page de la crise qui dure depuis quelques mois. Au congrès de la FNSEA cette semaine à Dunkerque, les départements ont exprimé leur ras le bol et leurs attentes suite aux annonces du gouvernement. «Arrêtez d’emmerder les agriculteurs», a lancé de la tribune, Patrick Valois, vice-président «Ruralité» du Conseil départemental du Nord, en paraphrasant Georges Pompidou. Celui-ci aurait vilipendé en 1966 un de ses jeunes collaborateurs de Matignon, qui venait lui présenter un parapheur rempli de décrets : «Arrêtez d’emmerder les Français». Ce jeune collaborateur…