National | Par Actuagri
Selon une projection réalisée par le «think-tank» Farm Europe, plus de 50 % des agriculteurs français percevant plus de 5 000€ par an seraient touchés par la réduction des aides proposée par la Commission.

Les taux de dégressivité et de plafonnement de l’aide au revenu de base proposés dans le cadre du projet de réforme du budget de PAC «toucheront plus durement les agriculteurs qui constituent actuellement l’épine dorsale de la production européenne», selon une analyse publiée par le «think-tank» Farm Europe. Plus de la moitié de la surface agricole utilisée de l’UE serait affectée par la réduction des aides, et cette proportion atteindrait les deux tiers en excluant les plus petites exploitations (recevant moins de 5 000 € d’aides), qui sont principalement concernées par les aides forfaitaires ou qui se situent au seuil de ces aides. Un tiers des agriculteurs de plus de 12 hectares verraient leurs subventions réduites par la dégressivité au niveau de l’UE, selon Farm Europe.
Ce constat ne suffit cependant pas à prendre la pleine mesure des conséquences de la formule choisie par la Commission européenne, estiment les experts. «Dans des pays comme la France et la République tchèque, qui ont des structures très différentes, c’est le modèle agricole même du pays qui serait remis en cause», assure Farm Europe. En France, plus de 50 % des agriculteurs percevant plus de 5 000 € par an seraient touchés par une réduction des aides, «ce qui représente 73 % de la surface agricole totale en France». En République tchèque, ce chiffre s’élèverait à 85 % du secteur productif concerné.
Un souci d’économie plus que de vision
A différentes échelles, tous les Etats membres seraient sévèrement touchés par cette proposition «qui semble davantage dictée par un souci d’économie que par une réelle volonté d’équité ou une vision d’avenir pour le secteur», estime l’association d’acteurs économiques. Alors que l’exécutif européen a exprimé l’ambition de recentrer la politique sur ceux qui produisent, sa proposition de cibler «ceux qui en ont le plus besoin» irait à l’inverse, selon Farm Europe. «Une telle formule augmenterait encore la pression économique sur les exploitations agricoles, qui représentent actuellement la majeure partie de la production de l’UE», détaillent les experts. «Il ne fait aucun doute que cette approche accélérerait le processus de restructuration agricole à travers l’Europe, en encourageant l’expansion et en rendant particulièrement difficile l’installation de jeunes agriculteurs dans des exploitations familiales traditionnelles». Elle pourrait également encourager les agriculteurs de l’UE à concentrer leurs efforts sur la réduction des coûts plutôt que sur l’optimisation de la production, ce qui compromettrait sérieusement l’objectif de souveraineté agricole.
Le 16 juillet, la Commission européenne a présenté une double proposition de réduction significative du budget de la politique agricole commune, accompagnée d’une redistribution radicale des aides, combinant un régime de soutien dégressif au-delà de 20 000 € et un plafond de 100 000 €.
Source Actuagri