National | Par Didier Bouville

La loi sur la restauration de la nature adoptée de justesse

Le Parlement européen a donné son feu vert, le 12 juillet, au règlement sur la restauration de la nature, une brique essentielle du Pacte vert européen.

Premier texte de la Stratégie Biodiversité 2030 de la Commission européenne, le règlement sur la restauration de la nature a été adopté à une courte majorité par les députés européens, le 12 juillet à Strasbourg. Le vote a été acquis par 336 voix pour, essentiellement celles de la gauche et des écologistes et 300 voix contre, celles de la droite (le Parti populaire européen) et de l’extrême droite et 13 abstentions. L’amendement de rejet de la proposition qui avait été soumis aux députés peu de temps auparavant avait été repoussé également de justesse à 324 voix contre 312 voix et 12 abstentions. Cette proposition de la Commission européenne sur laquelle se sont prononcés les députés européens vise à imposer aux États membres de restaurer les forêts, les zones humides et autres milieux marins et terrestres endommagés par les activités humaines et notamment par l’agriculture. 30 % des terres et des mers dégradées devront retrouver leur état d’origine d’ici 2030. Ce règlement impose la mise en œuvre d’actions concrètes pour la sauvegarde de l’environnement et constitue un pilier essentiel du Green Deal.

L’opposition du parti populaire européen

En commentant les résultats du vote, le rapporteur du texte César Luena (Espagne, S&D, sociaux-démocrates) s’est félicité de l’issue du scrutin. Ainsi considère-t-il qu’il s’agit d’une grande victoire sociale, de la communauté scientifique, de la jeunesse, des ONG, des entreprises qui se sont impliquées dans cette proposition. Ce n’était pas l’avis de tous les députés. Certes la protection de la nature et des écosystèmes fait l’unanimité, mais les voies et moyens pour y parvenir différent. Anne Sander, rapporteure au titre de la Commission agricole et membre du Parti populaire européen (PPE), l’a rappelé lors de l’examen du texte. Mais cette option ne doit pas signifier la mort de toute production artisanale, industrielle, forestière ou agricole. La députée considère qu’avec le contexte actuel, la proposition de la Commission ne prend pas en compte la réalité du monde en proposant de geler 10 % des terres agricoles. La députée considère que cela n’aidera pas l’environnement, au contraire, car le reste du monde continuera à avoir faim et à consommer et il y a un risque d’importation depuis des pays qui ne respectent pas nos critères.

Et celle du Copa

Sur France Inter, le 12 juillet, Christiane Lambert, la présidente du Comité européen des organisations agricoles, qui avait appelé ses adhérents à manifester devant le Parlement européen, le 11 juillet, regrette que la voix des paysans qui sont au plus près de la nature n’ait pas été écoutée. « Oui, nous sommes favorables à la restauration de la nature. Mais cela va trop vite », appelant « à une pause réglementaire », a-t-elle déclaré. Et d’expliquer qu’en gelant 10 % des surfaces agricoles, l’Europe s’achemine vers une baisse de sa production agricole, alors que le changement climatique, la situation géopolitique avec la guerre en Ukraine, la famine qui repart dans le monde, nécessiteraient au contraire une relance de la production agricole. Sans parler des obligations imposées aux agriculteurs, des couches réglementaires supplémentaires qui ne le sont pas ailleurs dans le monde qui vont freiner la production agricole européenne et encourager les importations. Paradoxalement, « cela amènera à importer ce que nous ne voulons pas en France », a-t-elle déploré.

La rédaction

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