Aveyron | Par eva dz
L’INRAe d’Orléans a mis en place un suivi de la qualité des sols dans toutes les régions de France. Une équipe de chercheurs était en Aveyron cet automne pour suivre les mesures relevées en 2007. Un suivi sur un temps long décrypté par Claude Jolivet qui coordonne ce projet.
L’INRAe d’Orléans coordonne un projet de suivi de la qualité des sols sur l’ensemble du territoire national en vue d’améliorer la connaissance des sols. «Ce dispositif est en place depuis 2000. Un réseau de 2200 points de suivi est en place sur toute la France métropolitaine ainsi qu’en Outre-Mer», explique Claude Jolivet, chercheur à l’INRAe d’Orléans en charge de la coordination de ce programme de suivi.
Une image de tous les sols
«Tous les 10-12 ans, nous réalisons des prélèvements de sols sur les points de suivi, que nous analysons. Nous mesurons les propriétés des sols : fertilité des sols, teneur en carbone, en azote, Ph, contaminants (dépôts atmosphériques ou de zones industrielles…), présence ou absence de molécules organiques, de pesticides…», poursuit-il. «L’objectif de ce programme est de recueillir des données sur tous ces éléments dans le sol, d’étudier leur évolution dans le temps, de mesurer l’impact des activités humaines sur cette évolution…». Claude Jolivet évoque aussi un suivi de la biodiversité (présence et densité de vers de terre, d’insectes…). «Nous réalisons ces prélèvements dans des sols agricoles, forestiers, dans des vignes, sur des placettes géo-référencées et régulièrement réparties, selon une maille carrée de 16 km de côté. L’idée c’est d’avoir une image de l’ensemble des sols, et pas seulement des terres agricoles», appuie le chercheur.
L’équipe de l’INRAe d’Orléans a attaqué sa deuxième campagne d’échantillonnage cet automne. «Nous sommes une douzaine de chercheurs missionnés sur cette mission en France. Répartis dans des équipes de 4-5 personnes, par région, nous passons une journée sur chaque parcelle, pour réaliser les prélèvements et établir une description des sols», explique Claude Jolivet. «Nous nous appuyons aussi sur nos échanges, ce jour-là, avec les propriétaires et gestionnaires des parcelles que nous analysons. Nous discutons de leurs pratiques, de leur gestion agricole, forestière, afin de mieux comprendre le contexte». D’ailleurs un pédologue est souvent présent dans l’équipe de chercheurs pour réaliser un diagnostic de sol avec le propriétaire.
Journée sur le Lévézou
En Aveyron, cet automne, où l’équipe de chercheurs était déjà venue en 2007, cinq spécialistes étaient présents sur le Lévézou, dont 4 chercheurs australiens d’un institut de recherche qui mène le même dispositif de suivi dans leur pays. «En Occitanie, nous travaillons avec le CNRS de Toulouse, sur les aspects géochimie et environnement», précise Claude Jolivet, heureux de pouvoir aussi partager cette mission avec des collègues australiens. «Nous irons chez eux en fin d’année afin d’améliorer ensemble nos outils respectifs».
Une fois les analyses réalisés, les résultats agronomiques et les données travaillées alimentent une base de données sur les sols en France. Ils sont comparés aux précédents échantillons. Ils nous permettent de mesurer les évolutions comme celle du niveau de stockage du carbone dans le sol par exemple. «Ces résultats sont envoyés aux propriétaires ainsi qu’aux Chambres d’agriculture qui ainsi, peuvent orienter leurs conseils aux agriculteurs, pour adapter les pratiques agricoles et forestières en fonction de l’évolution des sols», appuie le chercheur.
Une base de données publiques
Ce programme de suivi a été commandé par l’Etat. Il permet de bénéficier de données sur les sols et ainsi d’adapter les politiques publiques d’accompagnement. Il permet également d’orienter les conseils des instituts techniques et du monde de la recherche académique. Ces données sont totalement anonymes mais elles sont publiques. Elles peuvent être consultées en ligne, sur le site internet du groupement d’intérêt scientifique des sols, financé par les ministères de l’agriculture et de la transition écologique, l’Ademe, l’OFB, l’INRAe, l’Institut de recherche pour le développement – IRD, l’Institut national de l’information géographique et forestière – IGN. Tous ces organismes mettent en commun leurs moyens humains et financiers pour produire un outil de diffusion de ces données.
Ce programme regroupe aujourd’hui plus de 15 millions de résultats d’analyses. Leur répartition spatiale est relativement homogène dans les principales régions agricoles françaises. Ils apportent une vision spatiale et temporelle de la répartition et de l’évolution d’un certain nombre de paramètres des horizons de surface des sols agricoles de France.
En Aveyron, l’équipe de chercheurs reviendra dans 6 mois pour réaliser l’étude sur la biodiversité. Elle sera de retour dans 15 ans pour un nouveau suivi de la qualité des sols.
Eva DZ