Aveyron | Par eva dz
Émilie Solignac préside la section des Fermiers FDSEA et René Debons, la section des Bailleurs FDSEA. Ils réagissent à la publication de l’indice des fermages, une fois de plus à la hausse, applicable au 1er octobre (+5,23%).
Comment réagissez-vous à la publication de l’indice des fermages ?
E. Solignac : «Nous sommes encore sur une hausse ! En 3 ans, l’indice a augmenté de 14,4%. Pour les fermiers, c’est plus que conséquent et c’est d’autant plus difficile dans le contexte économique (inflation, aléas climatiques et sanitaires…). Cette hausse est difficilement entendable au vu de nos coûts de production.
R. Debons : Certes l’indice des fermages augmente une nouvelle fois cette année mais après plusieurs années sans bouger ! Nous comprenons que cette hausse est forte pour les fermiers mais plutôt que d’imposer des paliers très marqués, il faudrait passer ces augmentations régulièrement. Pour autant, le fermage reste peu élevé par rapport au prix du foncier.
Existe-t-il des leviers pour faire évoluer le calcul de cet indice fermage ?
E. Solignac : Nous ne souhaitons pas remettre en question le calcul mais nous demandons plus de transparence pour comprendre ce qui justifie ces hausses successives. L’indice des fermages est national, basé sur 40% du PIB de l’année précédente et à 60% du revenu brut des exploitations, lissé sur les 5 dernières années. Or il nous est difficile d’avoir des éléments concrets sur la fixation du PIB et des réponses du ministère de l’agriculture sur cette question.
R. Debons : Pour les propriétaires, ce mode de calcul de l’indice des fermages est mystérieux. Il devrait davantage prendre en compte le prix des productions (lait, viande, cultures…). Si les exploitants étaient mieux rémunérés, le coût du fermage ne serait pas un souci.
Quelles sont vos propositions ?
E. Solignac : Il faut trouver des solutions pour limiter les hausses du fermage. Nous y travaillons en Aveyron, en lien avec la section des Bailleurs. C’est une chance de pouvoir avancer ensemble sur la question car notre objectif est que le fermage soit supportable pour les fermiers et rémunérateur pour les propriétaires. Au sein du conseil d’administration de la section nationale des Fermiers où je siège au titre de l’Occitanie, nous travaillons pour trouver une solution qui soit juste pour tout le monde. C’est un travail sur le long terme, soumis à un passage législatif. Nous avions demandé un gel de l’indice du fermage pour 2024 mais faute d’un gouvernement en place, la décision n’a pas été prise !
R. Debons : Nous sommes dans un état d’esprit de discussion avec les fermiers pour trouver les solutions qui permettent à chacun de trouver son compte. Il faut avancer dans le respect mutuel des uns et des autres, parce qu’une relation de fermage s’inscrit dans le temps. Et il est de l’intérêt de tous qu’elle soit pérenne.
Et vos conseils ?
E. Solignac : Il ne faut pas hésiter à se parler ! Il ne faut pas avoir honte de parler de ses difficultés avec son bailleur. Il n’est pas tenu d’appliquer la hausse, il peut la reporter, la lisser dans le temps… Cela peut éviter des situations dramatiques. Mais si on explique les choses, on peut trouver des solutions ensemble».
Recueillis par Eva DZ