National | Par La rédaction

Gaz verts : répondre à l’appel à produire


En 2050, 100 % de la consommation française de gaz devra provenir de gaz renouvelables, majoritairement issus de biomasse. Pour y parvenir, la méthanisation sera complétée dès les années 2030 par la pyrogazéification du bois, par la gazéification hydrothermale des boues et de la vase des fleuves et des estuaires, et par la méthanation, qui combine hydrogène et CO2 pour produire du méthane. Telle est la feuille de route présentée par France Gaz fin janvier.


« La production de gaz verts peut être multipliée par cinq entre aujourd’hui et 2030, pour représenter la totalité de la consommation française de gaz », a indiqué dans une conférence de presse le 28 janvier Frédéric Martin, président de France Gaz, association qui regroupe tous les acteurs gaziers (gaz naturel, gaz renouvelables, gaz en bouteilles, hydrogène). Cette feuille de route de France Gaz, en phase avec la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie) et de la SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone), nécessite que soient mobilisées « non pas une biomasse mais des biomasses », a précisé Frédéric Martin, tant l’augmentation de la production de gaz est un impératif pour des raisons stratégiques. « Le prix du gaz naturel en Europe est 5 fois plus élevé qu’aux États-Unis. L’Europe est en train de subir un déclassement compétitif majeur ». Face aux gros projets de production de GNL (Gaz Naturel Liquéfié) aux États-Unis et au Qatar, l’Europe doit accélérer le déploiement de sa production.

Lever les freins à la méthanisation

Premier étage de la fusée, la méthanisation, qui représente 5 % de la consommation de gaz à fin 2024 devra atteindre 20 % en 2030. Mais pour cela il faut « lever les freins ». Première mesure formulée par France Gaz : donner aux producteurs de biométhane une visibilité pour les CPB (Certificats de Production de Biométhane) après 2028. Les CPB, qui sont une obligation d’achat des fournisseurs de gaz du réseau auprès des méthaniseurs, démarreront en 2026 pour s’arrêter fin 2028. France Gaz demande qu’un système similaire ou en tout cas aussi incitatif prenne le relais après 2028. Un autre levier à mettre en œuvre est l’essor du bioGNV (Gaz Naturel pour Véhicules), car « on nous demande de multiplier la production de biométhane mais le biométhane pour la mobilité ne décolle pas » a fait remarquer le président de France Gaz, déplorant un « manque de reconnaissance du gaz vert dans la mobilité ». Il plaide pour la mise en place d’une taxe incitant les distributeurs à augmenter la part de carburants bas carbone dans leurs ventes, l’Iricc (Incitation à la Réduction de l’Intensité Carbone dans les Carburants) et souhaite une mesure d’exonération de taxe carbone des clients de biométhane comme celle que la Suède a adoptée après validation par Bruxelles.

Nouvelles sources de biométhane à partir de 2030

À partir de 2030, d’autres étages de la fusée seront mis sur la rampe de lancement : la pyrogazéification du bois tout d’abord. Ce procédé consiste à chauffer de la matière ligneuse à plus de 1 000 degrés en présence d’une faible quantité d’oxygène, ce qui entraîne une décomposition des matériaux en gaz, en liquides et en résidus type charbon. La feuille de route prévoit ainsi une production de 6 TWH de gaz de pyrolyse. Ensuite la gazéification hydrothermale des boues d’épuration et de la vase des fleuves, des fossés et des estuaires, mériterait qu’un démonstrateur lui soit consacré, a estimé Joël Tanguy, fondateur de la société d’innovation Nevezus, devant l’importance de ce gisement de biomasse. La feuille de route attribue à la gazéification hydrothermale une production de 2 TWH en 2030. Enfin la méthanation, procédé qui obtient du méthane de synthèse à partir de CO2 capté et d’hydrogène issu d’une électrolyse de l’eau est créditée d’une production de 3 TWH en 2030.

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