National | Par Didier Bouville

France-Allemagne : fortes divergences au-delà de l’entente de façade

La nouvelle ministre de l’Agriculture allemande, Julia Klöckner a rencontré Stéphane Travert, le 25 juin à Paris. Contrairement à ses prédécesseurs qui se dépêchaient de rendre visite à leur homologue français à leur arrivée, elle a attendu 100 jours pour venir à Paris. Un signe que « l’entente » franco-allemande n’est pas aussi parfaite que les communiqués officiels le laissent entendre.

Selon de nombreux observateurs outre-Rhin, il y a entre la France et l’Allemagne beaucoup plus de divergences que d’ententes en matière de politique agricole. La question la plus délicate est celle du financement de la PAC. L’Allemagne ne fait pas partie de l’alliance initiée par Stéphane Travert contre la diminution prévue du budget agricole à cause du Brexit.

Au dernier Conseil des ministres de l’agriculture, l’initiative française a été soutenue par la Finlande, la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne, la Croatie, Chypre, la Hongrie, la Lituanie, le Luxembourg, la Pologne, la Roumanie, et la Slovaquie. Mais pas par l’Allemagne : la ministre n’a pris aucun engagement en ce sens. Ce groupe de pays refuse la réduction du budget agricole et demande une augmentation de ce budget, pour la période 2021 à 2027.

Autre point chaud, le glyphosate. La France veut un calendrier précis de sortie complète en trois ans de l’utilisation de cet herbicide, ce que le chef de l’Etat a confirmé après le vote retentissant dans l’UE. Il est prêt à mettre des sommes importantes dans l’accompagnement scientifique de cette sortie. Un plan, en ce sens, vient d‘être présenté par Stéphane Travert et Nicolas Hulot. Pour le moment Julia Klöckner s’en tient à la décision prise par son prédécesseur et l’Union européenne, à savoir une reconduction de l’autorisation de l’herbicide pour cinq ans avec une option de prolongation.

Enfin, concernant le bien-être animal, les deux ministres ne sont pas sur la même longueur d’ondes non plus. Stéphane Travert veut faire appliquer les mesures dans les élevages, le cas échéant avec des sanctions contre les éleveurs et il ne serait pas hostile à la surveillance vidéo dans les bâtiments d’élevage. Julia Klöckner préfère des engagements d’autocontrôle et rejette totalement la surveillance vidéo.

 éleveurs+PAC+travert

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