National | Par Didier Bouville
La Fédération Nationale Bovine (FNB) a présenté récemment ses actualités et son congrès qui se tiendra à Mende (48) les 5 et 6 février prochains. L’organisation s’inquiète d’une décapitalisation grandissante du cheptel français de bovins allaitants en raison notamment de revenus insuffisants pour les éleveurs.
« En 2019, les revenus des éleveurs ont encore diminué, le cheptel a fortement régressé. La situation est très inquiétante, nous craignons une décapitalisation de grande ampleur, notamment en raison d’un manque d’attractivité de la filière ». C’est sur cette note pessimiste que Bruno Dufayet, président de la FNB, a introduit la conférence de la FNB la semaine dernière.
En effet, d’après l’Institut de l’élevage, le cheptel de bovin allaitant devrait diminuer de 4 % en 2019, il est déjà passé de 4,6 millions de têtes, en juin 2016, à 3,125 millions de têtes en juin 2018. Cette importante décapitalisation est, pour Bruno Dufayet, la conséquence du revenu trop faible des éleveurs, en 2018 il était de moins de 1 000 euros par mois.
Pour pointer cette problématique qui remet en cause l’avenir de la filière, comme elle a impacté la filière ovine dans les années 1980, la FNB a décidé d’en faire le thème central de son congrès, qui se déroulera à Mende les 5 et 6 février prochains. Les professionnels estiment qu’il est nécessaire de redonner de la valeur aux producteurs notamment pour que le métier d’éleveur continue d’être attractif.
En 2018, 1 200 exploitations ont cessé leur production sans trouver de repreneurs. Ces arrêts sont principalement imputables à des départs à la retraite, sans transmission. Ces départs devraient d’ailleurs fortement augmenter dans les prochaines années.
Capter de la valeur sur tous les marchés
La FNB interpellera donc le ministre de l’Agriculture lors de sa venue, pour lui demander de les accompagner dans la construction d’une stratégie nationale et à l’export, qui redonne des perspectives à la filière afin d’attirer de jeunes agriculteurs et de redonner des revenus aux agriculteurs.
La FNB espère que la loi EGalim, avec l’inversion de la construction des prix, de l’encadrement des promotions… permettra déjà, cette année, d’améliorer la répartition de la valeur. Elle ne masque cependant pas ses inquiétudes, notamment en raison de la difficulté de l’interprofession à définir les indicateurs de coûts de production en raison, notamment, de blocage de la grande distribution.
Depuis novembre dernier, le médiateur des relations commerciales a été saisi pour accompagner la filière. L’organisation précise, tout de même, que cette situation aurait pu être évitée en permettant à l’observatoire des prix et des marges d’intervenir pour définir ces indicateurs en cas de non-accord au sein de l’interprofession, comme le texte de loi le proposait en première lecture dans les deux assemblées.
La FNB est aussi en attente de l’ordonnance relative aux prix abusivement bas. Elle espère que contrôles et sanctions seront de mise dès sa promulgation. Patrick Bénézit, vice-président de la FNB, remarque que des enseignes de distribution, ont déjà, au regard de l’ordonnance relative à l’encadrement des promotions, des pratiques illégales. Il appelle donc l’état à renforcer les contrôles et à prendre des sanctions exemplaires.
Enfin, la FNB souhaite que la filière bovine puisse se saisir des marchés à l’export, récemment ouverts, comme la Chine, afin de capter de la valeur. Elle regrette le blocage de certains gros opérateurs.
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