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Budget stable et abandon des plans stratégiques nationaux dans la future Pac : ce sont les lignes rouges que le Sénat a tracées dans une résolution votée le 7 mai à l’unanimité (341 voix). «Aucune réforme de la Pac ne serait satisfaisante sans une préservation a minima d’un budget stable en euros constants», martèle ce texte proposé par le groupe de suivi sur la réforme de la Pac. D’après les sénateurs, la proposition de la Commission raboterait le budget de la Pac de 15 % «en euros constants entre 2021 et 2027», «à contre-courant des évolutions observées dans les autres grandes puissances». Le Brexit expliquerait «à peine la moitié» de cette coupe budgétaire, dénonce le texte déposé par Daniel Grémillet, Pascale Gruny, Claude Haut et Franck Montaugé. Le Sénat redoute que le nouveau mode de mise en œuvre (élaboration de plans stratégiques par les États membres) aboutisse «à une déconstruction progressive» de la Pac. Une mesure qui créerait «des distorsions de concurrence supplémentaires» et pénaliserait l’agriculture française.

Didier Bouville

Un doublement des importations chinoises de viande porcine en 2019 est «probable», estime Elisa Husson, chargée du suivi des marchés à l’Ifip. En 2018, l’Empire du milieu avait importé 1.56 Mteq de viande de porc. «La chute du cheptel reproducteur s’accélère, explique l’Ifip. Tout le territoire chinois est touché» par la peste porcine africaine (PPA). Selon les sources, l’effondrement de la production pourrait atteindre 10 à 30%. Optimiste, le ministère de l’agriculture américain (USDA) évoque une chute de 10% dans un rapport publié le 9 avril. La Chine, qui consomme et produit habituellement un peu plus du marché mondial du porc, passerait symboliquement en dessous de la barre des 50% de la production mondiale, à 48,5 Mteq. Un impact sur les prix à la consommation en France sera «incontournable», explique Guillaume Roué, le président d’Inaporc. Le 6 mai, le responsable professionnel, accompagné de Paul Auffray (président de la FNP), a rencontré Didier Guillaume pour évoquer la situation économique et sanitaire de la filière porcine.

Didier Bouville

Emmanuel Macron a annoncé, le 6 mai, une série de mesures pour la biodiversité, après avoir reçu à l’Élysée plusieurs experts de l’Onu venus lui présenter le rapport de l’Ipbes, rendu public le jour même. Le président de la République a notamment appelé à «aller plus loin» dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, grâce à des «actions à l’école» dans les «territoires» et à destination des «restaurateurs et des distributeurs». Sur la protection des sols, le président de la République affirme avoir demandé «un bilan pour se fixer des objectifs de lutte contre l’artificialisation», et souhaite une «réhabilitation des 20 à 25% de sols agricoles dégradés par l’utilisation passée de phytosanitaires». Il a enfin réaffirmé sa volonté de «réduire de 50%» l’utilisation des phytos «d’ici 2025», et de «sortir du glyphosate sur trois ans». La FNSEA a réagi à cette allocution dans un communiqué le 7 mai, en demandant que la France ne soit pas «stigmatisée et cataloguée parmi les mauvais élèves de la planète». Or, regrette le syndicat, c’est «le sentiment des agriculteurs à l’issue de l’allocution du Président de la République.» Le syndicat met en avant la première place de la France au classement mondial du système agroalimentaire le plus «durable», réalisé par le réseau scientifique InterAcademy Partnership, et publié par le magazine The Economist.

Didier Bouville

Les pays du G7 ont adopté, le 6 mai, à l’occasion d’un sommet organisé à Metz, une «charte pour la biodiversité», pour s’engager à «lutter contre l’érosion de la biodiversité au travers d’actions concrètes», a annoncé le ministère français de la transition écologique dans un communiqué. Par ce texte, les États affirment leur volonté «d’appuyer l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020». Les signataires se «félicitent» également du rapport publié, le jour même, par l’IPBES, mettant en évidence une chute «sans précédent» de la biodiversité partout sur la planète. Le ministre de la transition écologique, François de Rugy, a salué une «réponse concrète et rapide» de la communauté internationale à ce rapport, avant le sommet de Kunming, en Chine, qui doit aboutir, en décembre 2020, à un nouvel accord mondial sur la biodiversité.

Didier Bouville

Le «changement d’usage des sols», principalement lié à «l’expansion de l’agriculture», qui «se fait au détriment des milieux naturels», est le «principal facteur» de chute de biodiversité dans le monde, selon les conclusions, présentées le 6 mai, du «Giec de la biodiversité», l’Ipbes, qui se réunissait à Paris durant toute la semaine dernière. Selon ce rapport, sur lequel ont travaillé près de 150 experts internationaux pendant trois ans, près «d’un million d’espèces animales et végétales» sont menacées de disparition dans «les prochaines décennies». Un «résumé pour décideurs», issu d’un compromis politique, a été adopté par les 132 pays membre de la plateforme. Il servira de base de travail pour les négociations du sommet de Kunming, en Chine, qui aura lieu en décembre 2020.

Didier Bouville

Dans un contexte de risque de surplus printanier, Biolait, premier collecteur de lait bio, annonce, dans un communiqué de presse du 6 mai, réorienter le versement de ses aides à la conversion en production laitière bio. L’objectif est de pouvoir valoriser davantage de viande bovine dans le circuit bio en manque de disponibilités, ainsi que de prémunir les éleveurs face aux risques de déstockage des fourrages. Jusque-là, toutes les conversions étaient soutenues à hauteur de 30 €/1000 litres. À partir du 1er mai, seules les conversions dites simultanées bénéficient de cette prime sur la totalité de la conversion. Ces conversions, d’une durée de deux ans concernent l’ensemble des productions de la ferme (terres et animaux) en même temps. Elles permettent une commercialisation plus rapide de la viande dans la filière bio et la possibilité de nourrir les animaux avec les aliments produits sur la ferme avant la conversion. A contrario, dans le cas de conversions non simultanées (conversion des terres pendant un an, puis des animaux durant six mois), Biolait ne versera l’aide que pour une durée maximale de six mois.

Didier Bouville

Philippe Mauguin, p.-d.g. de l’Inra, et Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, viennent d’inaugurer sur le site Inra de Lusignan des équipements de recherche caprine pour un élevage sans hormones et en conditions de climats extrêmes. Ferticap, bâtiment de recherche, comprend des installations d’élevage, des laboratoires d’analyse et de cryoconservation, dont l’axe de travail est le développement de méthodes alternatives à l’usage d’hormones pour la synchronisation des chaleurs. Siclex, simulateur de climats extrêmes, est un abri mobile ressemblant à une serre montée sur rails. Il intercepte la pluie au-dessus d’une parcelle pour simuler une sécheresse, un dispositif de chauffage de la végétation crée des conditions de chaleur, et à terme un système d’enrichissement de l’air en CO2 complétera le dispositif. Des mesures automatisées permettent d’évaluer l’impact de ces climats extrêmes sur les espèces prairiales. Il s’agira d’identifier des caractères d’intérêt écologique et agronomique des populations d’espèces fourragères.

Didier Bouville

Le réseau d’agriculteurs Bienvenue à la ferme a annoncé le 3 mai dans un communiqué avoir inauguré « le premier magasin à prendre la bannière Bienvenue à la ferme » à Lantic, dans les Côtes-d’Armor. Celui-ci devrait être le premier d’un « réseau de magasins indépendants sous enseigne Bienvenue à la ferme » destinés à « développer les circuits courts ». Un second magasin devrait ouvrir dans l’Eure en juin avant d’autres « tout au long de l’année 2019 ». Ces magasins doivent permettre aux consommateurs d’accéder « à des produits frais et 100 % de saison » et devraient « privilégier de manières systématiques » les produits locaux. Les magasins s’engagent notamment à « 100 % de fruits et légumes de saisons », « 80 % de produits frais en circuits courts » et avoir « à minima 50 % de références » issues des producteurs adhérents. Le réseau de magasin devrait proposer « environ 800 références » et fonctionnera « sans centrale d’achat ». Bienvenue à la ferme, réseau de 8000 agriculteurs lancé par l’Assemblée permanente des chambres d’agricultures (APCA) en 1988, indique avec cette démarche vouloir « faciliter » l’accès aux « produits fermiers » et « permettre aux agriculteurs de mieux capter la valeur ajoutée de leurs produits ».

Didier Bouville

Dans une note, Agreste conjoncture indique qu’au 20 avril 2019, la production cumulée des prairies permanentes dépassait de 53 % la pousse de référence (1982-2009) à la même période, l’indicateur de rendement des prairies permanentes ISOP s’établit à 153. Cette pousse atteint ainsi plus de 29 % de la pousse annuelle de référence contre 20 % à la même date en moyenne sur cette période. Les régions septentrionales, notamment Grand-Est et Hauts de France sont les mieux loties, avec respectivement un indicateur à 179 et à 169. 43 % de la pousse annuelle de référence est déjà atteinte dans les Pays de la Loire (contre 30 % à la même période de référence). L’excédent de production concerne 88 % des régions fourragères. Ce début de campagne semble donc particulièrement favorable dans 47 % des régions fourragères du territoire pour lesquelles l’indicateur ISOP est supérieur à 15.

Didier Bouville

Le président de l’AGPB (producteurs de blé) Eric Thirouin, auditionné le 2 mai par la mission parlementaire « Stratégie de sortie du glyphosate », a demandé un accompagnement de l’Etat pour mettre fin à l’usage de cet herbicide. «On veut bien aller de l’avant si les contraintes économiques sont compensées», a-t-il déclaré. D’après ses chiffres, l’interdiction du glyphosate représente un surcoût de 50 à 160 €/ha équivalant au revenu agricole, qui se situe entre 5000 et 10000 € (en moyenne par actif familial depuis 2013). L’AGPB réclame «un accompagnement financier des actions qui sont conduites par les agriculteurs» : aide à l’investissement, crédit d’impôt, soutien à la recherche appliquée, expérimentations.

Didier Bouville