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Les opérateurs peuvent déposer leur demande en ligne pour bénéficier de l’aide européenne au stockage privé, annonce FranceAgriMer dans un communiqué le 14 mai. «Cette mesure ouverte le 7 mai 2020 a pour objectif d’inciter les filières à reporter la mise sur le marché de leurs produits», rappelle l’organisme public, chargé de gérer cette aide en France. Les produits concernés: viandes bovines fraîches et réfrigérées (animaux de plus de 8 mois), viandes ovines caprines (animaux de moins de 12 mois), beurre, poudre de lait écrémé et fromages. La demande d’aide peut être effectuée jusqu’à épuisement des budgets (ou à défaut au 30 juin), selon la règle du «premier arrivé, premier servi». Pour les produits laitiers, elle est à réaliser directement sur le site, mais elle nécessite l’envoi d’un courriel pour les viandes. Le site internet de FranceAgriMer précise les produits éligibles, le montant de l’aide (dépendant de la durée de stockage) et la procédure d’instruction. Lors d’une audition le 13 mai, le ministre de l’Agriculture a estimé que ces aides, qui totalisent 76 millions d’euros, sont «loin du compte». Comme réclamé par les professionnels, Didier Guillaume a demandé l’élargissement de l’aide au stockage privé à la viande de veau et aux volailles.

Didier Bouville

Dans un communiqué le 14 mai, les filières des produits alimentaires sous signe de qualité (Siqo) appellent à «renforcer la présence des produits Label rouge, AOP et IGP dans les rayons des magasins, mais également en drive». La Fédélis, qui rassemble ces Siqo, souhaite ainsi voir ses produits «figurer clairement et plus largement sur les sites de vente en ligne». Par ailleurs, ces filières «attendent avec impatience» la reprise de la restauration, en espérant que «ce secteur privilégiera l’approvisionnement en produits sous signes officiels de qualité et d’origine». Un bon moyen, selon la Fédélis, de «répondre à la demande de produits régionaux et de soutenir ces filières qui ont souffert de la crise.» La fédération, qui regroupe 700 produits pour 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, rappelle que les Siqo ont été «fortement touchés» par la crise sanitaire (fermeture des restaurants, d’une grande partie des marchés et des rayons à la coupe). Certains, comme les œufs Label rouge, ont dû «répondre à des hausses vertigineuses de la demande». D’autres, au contraire, ont cherché à «contenir une chute de consommation annoncée».

Didier Bouville

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, vient de publier dans la collection Tracts de crise (Éditions Gallimard) un court essai de 12 pages intitulé « Vouloir une économie pour la France ». Il commence à tirer les premiers enseignements de la crise du Covid-19 en soulignant que « la production fait la force d’une nation. Nous avons su garantir notre sécuritéì d’approvisionnement alimentaire, parce que nous avons conservéì une agriculture indépendante, une industrie agro-alimentaire performante, des commerces alimentaires et un réseau de distribution solides ». Constatant que « nous ne pouvons plus nous affranchir des règles du vivant », il milite pour une économie décarbonée et pour une économie souveraine, juste, durable et protégée notamment parce que « nous vivons dans une cohabitation muette avec le monde animal et végétal (…). Nous avons voulu domestiquer la planète. Nous devons apprendre aÌ la respecter ». Pour lui, cette crise aura eu une « vertu : elle nous offre une chance unique de redéfinir notre propre modèle économique, national et européen. » Cet essai est téléchargeable gratuitement à l’adresse suivante : https://tracts.gallimard.fr/fr/products/tracts-de-crise-n-65-vouloir

Didier Bouville

En visite au Carreau des producteurs sur le marché de Rungis, le 14 mai, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Didier Guillaume s’est déclaré « fier des agriculteurs, des producteurs ». Venu «les remercier» pour le travail accompli, il a affirmé que « durant le confinement, la chaîne alimentaire française a tenu grâce aux agriculteurs qui ont tenu bon ». Il s’est ensuite rendu sur le marché de Crécy-la-Chapelle (Seine-et-Marne) et a demandé aux Français « de faire un geste de patriotisme français : achetons français, mangeons français ». En effet, sur les marchés couverts et de plein air, ce ne sont pas moins de 30 % des fruits et légumes frais qui sont écoulés. Aujourd’hui de nombreuses filières (horticulture, bière, viticulture, cidriculture, pommes de terre, etc.) connaissent des problèmes de surproduction liés à d’impossibles débouchés : fermeture de restaurants, brasseries, bars, restaurants hors domicile…

Didier Bouville

La concertation citoyenne « Le Jour d’après », organisée par 66 députés, a rendu son rapport le 13 mai. Les parlementaires indiquent notamment que l’avenir, suite au Covid-19, soit « plus juste, plus solidaire, plus respectueux de l’environnement, plus démocratique ». Ce rapport s’articule autour du slogan : « Santé, Sobriété, Solidarité et Souveraineté ». La question agricole y est évoquée à demi-mots, quand les députés évoquent la nécessaire transition écologique et énergétique, notamment par de « nouveaux modes de consommation, par une transformation profonde de notre modèle agricole, pour qu’il devienne plus respectueux de l’environnement et qu’il rapproche le producteur du consommateur ». Le rapport des 66 parlementaires évoque aussi la souveraineté alimentaire : « Nous proposons de développer massivement l’agriculture locale en circuits-courts », écrivent-ils. Concluant sur trente propositions, les députés signataires entendent « mettre fin à l’artificialisation des terres » et à « soutenir massivement le développement de projets alimentaires territoriaux, pour une agriculture locale, de qualité et en circuit court ». La plateforme a reçu 8.700 contributions en un mois et organisé 23 ateliers en ligne.

Didier Bouville

Dans un communiqué paru le 11 mai, le groupe Agromousquetaires annonce que son abatteur SVA Jean Rozé va «augmenter progressivement ses prix d’achats aux éleveurs de races à viande», pour atteindre «avant le 1er juillet prochain un prix minimum de 4 €/kg payé à l’éleveur», à condition qu’ils soient destinés aux rayons boucherie des enseignes de son réseau, Intermarché et Netto. Ce dispositif «permettra une augmentation de 0,40 €/kg par rapport aux cours du marché des races à viande constatés à ce jour».

De leur côté, Netto et Intermarché vont engager des discussions similaires avec leurs fournisseurs pour viser le même objectif. Le groupe ajoute que ce «prix minimum constitue une première étape pour viser l’indice des coûts de production souhaité par la Fédération nationale bovine (FNB)». Enfin, Agromousquetaires plaide pour «que l’ensemble des maillons de la chaîne s’engagent dans une démarche de transparence sur la composition des produits transformés ainsi qu’à un reversement intégral de la valeur créée par la hausse de tarif aux éleveurs de races à viande».

Didier Bouville

Lors du Conseil des ministres de l’Agriculture de l’UE le 13 mai, le ministre français Didier Guillaume a «annoncé au nom du gouvernement que la France était opposée à l’utilisation de la réserve de crise». C’est ce qu’il a rapporté lors de son audition, le même jour, devant les députés de la commission des Affaires européennes. Les fonds de cette réserve sont «directement pris sur le premier pilier», a fait valoir le ministre. «Or, nous dépensons totalement le premier pilier, cela veut donc dire faire baisser les aides directes aux agriculteurs pour leur redonner des aides. Ça n’a pas de sens.» Paris s’est dit favorable à une réserve de crise dotée d’un «budget à part», «indépendant des paiements directs».

Par ailleurs, Didier Guillaume a estimé que les mesures d’intervention sur les marchés adoptées par Bruxelles le 4 mai sont «loin du compte». Lors du Conseil des ministres européens, le locataire de la Rue de Varenne a demandé à «aller plus loin» en actionnant les aides au stockage privé pour le veau, les volailles et la pomme de terre de transformation. Il a également plaidé pour des mesures de soutien aux filières viticole (face au Covid-19 et à la taxe Trump), brassicole et cidricole, ainsi qu’un «mécanisme spécifique pour l’horticulture».

Didier Bouville

Le commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski, a prévenu les ministres de l’UE, le 13 mai à l’occasion d’une réunion par visioconférence, qu’il se montrerait très vigilant sur le respect du marché unique alors que de nombreux États membres ont lancé des appels en faveur de la consommation de produits agroalimentaires locaux. «Ces appels ont été lancés alors qu’aucun problème d’approvisionnement durable, aucune pénurie alimentaire ni aucune augmentation durable des prix des denrées alimentaires n’ont été observés en Europe depuis le début de la crise actuelle», a souligné le commissaire.

Par ailleurs, plusieurs ministres (France, Pologne, Italie, République tchèque, Pays-Bas…) ont demandé des mesures supplémentaires, à celles déjà mise en place depuis début mai, notamment pour les secteurs de la viticulture, du veau, de la volaille ou de l’horticulture. Mais Janusz Wojciechowski a rappelé que les fonds manquaient pour lancer des dispositifs complémentaires et qu’il était quasiment trop tard – et de toute façon pas préférable – pour recourir à la réserve de crise agricole de 478 Mio €. Il a indiqué que «les premiers signes montrent déjà que le marché se redresse en partie. La chute des prix de certains produits laitiers et bovins a été stoppée».

Didier Bouville

Alors que les règles transitoires pour la Pac en 2021 (et probablement 2022) sont en cours d’examen à l’échelon européen, Régions de France demande que soit conduit en France un «vrai débat politique sur la totalité de la programmation, y compris la période de transition», rapporte l’association auprès d’Agra Presse le 11 mai. Depuis mars, les régions sont consultées une à une par le ministère de l’Agriculture sur le budget Feader (2nd pilier de la Pac) de l’année 2021. Et selon Régions de France, le gouvernement prendrait, «sous couvert de discussions techniques», des décisions politiques. Malgré la baisse attendue du budget de la Pac, l’Etat prévoirait, «sans concertation avec les professionnels et les régions», de maintenir les niveaux des aides surfaciques, ICHN, MAEC et Bio, «à leur niveau actuel», au détriment des aides à l’investissement et à l’installation. Or, l’ICHN est géré par l’Etat, et représente environ la moitié des crédits du Feader. Si bien que les Régions verraient leurs crédits Feader baisser «de 60-70 à 80%» en 2021, selon les cas. Les Régions craignent également que les arbitrages du gouvernement sur la période de transition n’aient des conséquences sur l’ensemble de la programmation: «L’élection présidentielle est en 2022, et à partir de 2023, il n’y aura plus de budget. C’est une politique de terre brûlée», résume-t-on.

Didier Bouville

«Les baisses de cours s’enchaînent au marché du porc breton (MPB, NDLR) pour la troisième semaine consécutive avec une nouvelle perte de 1,4 cent à 1,376 euro», constate le MPB à l’issue de sa cotation du lundi 12 mai. Une chute qui place le prix moyen payé aux éleveurs (+17 centimes par rapport à la cotation) à 1,546 euro le kilo. Un niveau proche du prix de revient moyen en élevage (environ 1,52 euro le kilo en mars). «L’absence de la consommation hors foyer reste un frein au développement du commerce que la reprise des exportations vers la Chine ne parvient pas vraiment à compenser», résument les analystes du MPB dans une note de conjoncture. La chute en France «suit une tendance européenne fortement baissière», sachant que «la baisse des cours a été plus forte partout ailleurs en Europe». De son côté, dans son baromètre d’avril, l’Ifip (Institut du porc) note que le prix de l’aliment «s’est renchéri de 2 euros/t» au mois de mars, notamment à cause du «pic de demande» au début du confinement. «La hausse du prix de l’aliment combinée à la baisse des prix perçus impacte la marge des éleveurs (-5% en un mois)», constate l’institut. D’après l’Ifip, la marge sur coût alimentaire et reproduction des naisseurs-engraisseurs atteint 1638 euros par truie et par an. Un niveau qui reste le plus haut depuis 2017.

Didier Bouville