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Dans un article publié fin mars dans Nature Sustainability, des chercheurs canadiens concluent grâce à l’analyse de 118 articles scientifiques issus de 51 pays que «la biodiversité cultivée et sauvage ainsi que les rendements en poids ou valeur à l’hectare diminuent avec la taille des exploitations». Toutefois, rapportés au temps de travail, «les résultats sur le rendement sont identiques», ce qui suggère que la meilleure productivité des plus petites exploitations serait liée à la forte disponibilité en main-d’œuvre familiale, expliquent les chercheurs. Quant à la relation entre la taille des exploitations et la biodiversité, elle s’expliquerait par les pratiques des producteurs, et la forte présence de bords de champs. Aucune relation statistiquement significative n’a en revanche été trouvée entre la taille des exploitations et «l’efficience des intrants, les gaz à effet de serre, ou les profits». Si les revenus des petites exploitations sont plus importants à l’hectare dans des pays comme l’Inde, ou l’Éthiopie, ils seraient en revanche plus faibles dans des pays développés comme les États-Unis, «ce qui suggère que les petits exploitants ont un meilleur accès aux marchés, intrants et technologie dans les pays où ils sont les plus représentatifs». Près de 85% des exploitations dans le monde font moins de deux hectares, mais elles cultivent seulement 14 % de la SAU mondiale.

Didier Bouville

Représentant un secteur trop «peu visible», la FC2A (commerce agricole et agroalimentaire) publie un livre blanc pour gagner en reconnaissance, a-t-elle annoncé le 19 mai à l’attention notamment des pouvoirs publics. «Ce sont des métiers sont trop cachés», a dit en conférence de presse le président Gérard Poyer. Le livre blanc vise à «lever le voile sur le commerce agricole et agroalimentaire». La FC2A, qui regroupe des activités en grains et agrofournitures, bétail et viandes, fruits et légumes, pomme de terre, œuf, revendique un chiffre d’affaires de 15 Mrd€ pour ses quelque 1 000 entreprises, un «lien direct» avec un agriculteur sur deux. Les commerçants en bestiaux pèsent 60% du marché national, ceux dans l’œuf 90%, les grains 30%, d’après la fédération. «Nous sommes indispensables au bon fonctionnement des filières agricoles», a considéré le vice-président Antoine Pissier. Celles-ci lui paraissent «aujourd’hui trop résumées : producteurs, transformateurs, distributeurs». Il s’agit d’y «intégrer le maillon essentiel du commerce», a-t-il déclaré. Et de s’adresser aux pouvoirs publics pour «relever ensemble» sept défis, dont le premier est de «faire reconnaître le rôle structurant des entreprises du commerce agricole et agroalimentaire».

Didier Bouville

Si le cabinet du ministre de l’Agriculture affirme que la date communiquée n’est pas définitivement arrêtée, plusieurs sources syndicales indiquent qu’un Conseil supérieur d’orientation de l’économie agricole (CSO) est prévu, ce vendredi 21 mai, au cours duquel il est attendu que Julien Denormandie dévoile ses arbitrages concernant la déclinaison française de la future Pac, également appelée Plan stratégique national (PSN). Initialement prévus mi-avril, cette réunion et l’arbitrage du ministre ont été finalement décalés, notamment en raison de la survenue d’un grave épisode de gel qui a mobilisé le déploiement de mesures d’urgence. Les services de la DGPE (ministère de l’Agriculture) conduisent depuis le début de l’année des consultations avec les organisations professionnelles et les parties prenantes, qui ont donné lieu à la publication de premiers scénarios, d’abord sur le premier pilier – qui ont donné lieu à des manifestations des réseaux de la FNSEA

Didier Bouville

Lactalis, qui collecte le quart du lait français, prévoit de rémunérer davantage les producteurs de lait en 2021 vu la remontée des cours mondiaux, a dit son président, Emmanuel Besnier, le 18 mai. «Nous sommes assez confiants sur une hausse du prix du lait en 2021», a déclaré lors d’une conférence de presse M. Besnierl. «Pour 2021, normalement, le prix du lait en France devrait être en hausse significative, il sera tiré par les marchés internationaux» des matières premières que sont le beurre et la poudre de lait, revenus à des «niveaux d’avant Covid», a-t-il ajouté. En 2020, Lactalis avait payé le lait de vache 369 euros les mille litres en moyenne en 2020 (toutes qualités confondues, lait biologique compris), contre 370 euros en 2019. Lactalis n’a pas communiqué d’estimation chiffrée pour 2021. Par rapport aux autres grands industriels du lait français – Sodiaal, Agrial et Savencia – «on est l’entreprise qui valorise le mieux le lait en France», a affirmé mardi M. Besnier. «On est les mieux-disants et on a réussi cette année à stabiliser nos prix», a-t-il insisté. Évoquant les négociations commerciales 2021, les discussions ont été «difficiles» et «ne permettront pas forcément de justifier» une revalorisation supplémentaire du prix du lait, a rapporté M. Besnier.

Eva DZ

À l’occasion de la semaine de l’Agriculture française, l’association Pour une agriculture du vivant a présenté son indice de régénération, «le premier outil open-source de mesure du score agroécologique d’un système de production, développé à destination des agriculteurs, techniciens, acteurs des filières», comme l’explique un communiqué du 7 mai. Sur la base de la nature du sol, des pratiques agronomiques, du pourcentage d’infrastructures agroécologiques, des utilisations de pesticides, et des formations suivies par les producteurs, le logiciel open source calcule un score sur 100. «La transition se mesure enfin de manière simple mais non simpliste», estime Anne Trombini, directrice de l’association. Pour l’heure, seules les grandes cultures et l’arboriculture peuvent calculer leur indice. Après une expérimentation sur 105 fermes, Pour une agriculture du vivant espère déployer l’outil sur 20000 exploitations en trois ans. Le projet a bénéficié de l’appui des chercheurs du conseil scientifique de l’association, dont Jean-Pierre Sarthou (Inrae), Pascal Boivin (Hepia, Genève), et Alain Peeters (UCL Louvain).

Eva DZ

L’Argentine – quatrième exportateur mondial de boeuf à hauteur de 3,37 Mrd$ en 2020 – a suspendu pour trente jours ses exportations de viande bovine dans l’espoir de contenir la flambée des prix sur son marché intérieur, a annoncé le gouvernement le 17 mai. «En conséquence de l’augmentation soutenue du prix de la viande bovine sur le marché intérieur, le gouvernement a décidé de mettre en oeuvre un ensemble de mesures visant à réguler le secteur», a indiqué le président de centre-gauche, Alberto Fernandez, dans un communiqué. La suspension des exportations a été prise dans l’attente d’un «ensemble de mesures visant à mettre de l’ordre dans le fonctionnement du secteur, restreindre les pratiques spéculatives et éviter l’évasion fiscale», a encore indiqué la présidence. Le 16 mai, sur la chaîne C5N, M. Fernandez s’est dit «préoccupé» par la hausse des prix des produits alimentaires (+65,3% entre avril 2020 et 2021, selon l’Institut de promotion de la viande bovine argentine). En réaction, l’organe qui regroupe les représentants de l’agriculture et de l’élevage argentins a annoncé dans un communiqué «l’arrêt de la commercialisation de toutes les catégories de bétail du jeudi 20 mai à minuit jusqu’au vendredi 28 mai à minuit inclus». D’après Daniel Peregrina, président de la Société rurale argentine (grands producteurs), les «dommages» provoqués par la suspension des exportations vont «diminuer l’offre de viande, ce qui finira par faire monter les prix comme cela s’est déjà vu dans le passé.»

Eva DZ

Lors d’un conseil d’administration de Danone le 17 mai, Antoine de Saint-Affrique a été nommé directeur général du groupe agroalimentaire, annonce un communiqué le même jour. Il prendra ses fonctions «à compter du 15 septembre 2021», date à laquelle il succèdera à «la direction générale par interim menée conjointement par Véronique Penchienati-Bosetta et Shane Grant». Diplômé de l’Essec, Antoine de Saint-Affrique est directeur général du chocolatier suisses Barry Callebaut depuis octobre 2015; il était auparavant président d’Unilever Foods depuis septembre 2011. Sa nomination vient clore une crise de gouvernance de plusieurs mois qui avait abouti, sous la pression de fonds activistes, au remplacement de l’ancien p.-d.g. Emmanuel Faber par Gilles Schnepp à la présidence du conseil d’administration le 15 mars. Cité dans le communiqué, M. Schnepp souligne que M. de Saint-Affrique «aura toute la latitude qui est celle d’un directeur général pour apprécier et orienter la stratégie de Danone pour le futur». De son côté, le futur directeur s’est dit «impatient d’écrire (…) le prochain chapitre de notre croissance et du développement de sa Mission d’entreprise».

Eva DZ

Le groupe coopératif Advitam prépare la commercialisation «d’ici la fin de l’année» de deux robots de semis et désherbage des constructeurs français Naïo Technologies et danois Farmdroïd, a-t-il annoncé le 17 mai. «D’ici la fin de l’année, les robots Naïo et Farmdroïd devraient être commercialisés à travers les concessions d’Advitam Agroéquipement (Casa Service Machine et Verhaeghe), selon un communiqué. La coopérative Unéal et le négoce Ternoveo assureront, quant à eux, leur rôle de support et d’accompagnement terrain auprès des agriculteurs.» Cette offre permet de «concilier nos savoir-faire en agronomie, en agriculture de précision et en machinisme», souligne Frédéric Hazan, directeur général d’Advitam Agroéquipement. Des expérimentations sont prévues avant le lancement. Cela concerne deux outils: un robot de désherbage mécanique Naïo, conçu pour le maraichage et actuellement testé en betteraves et haricots verts; un robot Farmdroïd de semis et désherbage dans le rang et en inter-rang, destiné aux grandes cultures bio ou HVE et qui est expérimenté en betteraves sucrières, chicorées, oignons. La phase d’expérimentation, jusqu’à l’automne, vise à «évaluer leur pertinence, leur rentabilité, leur fiabilité, leur sécurité et leur bonne prise en main».

Eva DZ

FranceAgriMer a annoncé le 17 mai une baisse de l’excédent commercial agricole et agroalimentaire à quelque 6 Mrd€ en 2020, surtout imputable aux vins et spiritueux. «La balance est restée excédentaire en 2020 mais en baisse de 21% par rapport à 2019, essentiellement à cause des vins et spiritueux», a indiqué le chef de service Philippe Paquotte, lors d’une visio-conférence. Cette dégradation est liée à une chute des exportations agricoles et agroalimentaires de 3% en valeur, concentrée sur les deux mois de confinement (-15%) en avril et mai. Concernant les vins et spiritueux, touchés par les fermetures de cafés, restaurants et absences de salons internationaux à la suite de la Covid-19, «les produits les plus valorisés ont été les plus touchés» par la chute de consommation mondiale, d’après lui. «Et la France, particulièrement positionnée sur le haut de gamme, a été le pays le plus affecté avec un recul de 1 Mrd€ de ses exportations» en 2020, quand l’Italie a subi une baisse de 146 M€, l’Espagne de 63 M€. Les performances françaises en vins et spiritueux ont été fragilisées, outre le contexte sanitaire, par les sanctions américaines (surtaxe Trump) occasionnant une perte à l’export de 280 M€ vers les Etats-Unis.

Eva DZ

La Commission européenne a présenté le 12 mai son plan d’action visant à atteindre en 2050 «une pollution zéro pour l’air, l’eau et le sol», qui était prévu dans le cadre du Green deal. Un plan qui repose principalement sur des initiatives déjà lancées ou en cours de préparation. La Commission fixe quand même un certain nombre d’objectifs parmi lesquels?: réduire de 25% les écosystèmes de l’UE où la pollution menace la biodiversité, réduire de plus de 55% les décès prématurés causés par la pollution atmosphérique, faire en sorte que, d’ici à 2030, 75% des sols soient sains notamment en réduisant de 50% les pertes de nutriments et l’utilisation de pesticides chimiques. La Commission indique notamment qu’elle souhaite introduire des exigences plus strictes pour lutter contre la pollution de l’air à la source, notamment dans le secteur de l’agriculture qui va devoir faire des efforts sur les émission d’ammoniac. Pour les sols, la Commission doit présenter une stratégie avant la fin de l’année qui doit notamment permettre de réduire l’artificialisation et de l’érosion.

Eva DZ