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Réunis en assemblée générale le 3 juin, les industriels privés – au travers de leur porte-parole Robert Brzusczak, président de leur fédération, la Fnil – assurent que le prix du lait payé aux producteurs en 2021 sera supérieur au prix moyen 2020. Cette hausse serait la conséquence des négociations commerciales annuelles avec la grande distribution et d’une «situation des marchés qui s’améliore». Mais ces éléments de conjoncture mettent du temps à parvenir dans les cours de ferme. «Il y a toujours un décalage de deux ou trois mois sur le prix payé aux éleveurs», explique Robert Brzusczak.

Quelques jours plus tôt, les éleveurs laitiers alertaient sur la hausse de leurs charges et demandaient une hausse rapide des prix payés. «La hausse des coûts de production est très préoccupante», concède Jehan Moreau, directeur de la Fnil, alertant également sur la hausse des coûts de fabrication que subissent les transformateurs. «Il y a aussi une hausse des coûts industriels sur le transport, l’énergie et les emballages. Nous avons aussi quelques sueurs froides», illustre-t-il. Les industriels privés représentent 45% de la collecte de lait hexagonale. Le reste est collecté par les coopératives laitières.

Didier Bouville

A l’occasion d’une table ronde le 3 juin au Sénat sur le thème «Être agricultrice en 2021», Françoise Liébert, chargée de l’égalité femmes-hommes au ministère de l’Agriculture, a annoncé que la France se positionnait en faveur d’un accès à la dotation jeunes agriculteurs (DJA) au-delà de 40 ans. «Le ministère est tout à fait favorable (…) à ce que l’âge limite d’octroi de la DJA soit reporté au-delà de 40 ans, a déclaré la haut-fonctionnaire. D’autres pays de l’UE y sont également favorables. Des discussions sont en cours auprès de l’UE. Je n’ai aucune information sur leur probabilité d’aboutissement.»

La question d’un report de la limite d’âge d’octroi de la DJA a été évoquée lors de cette table ronde en ce qu’elle pourrait favoriser l’installation des femmes; 44% seulement d’entre elles s’installent avant 40 ans, contre 80% chez les hommes, a rappelé Françoise Liébert. Si la Coordination rurale accueille favorablement cette mesure, la FNSEA est apparue mitigée, observant que le montant des investissements est moins élevé à mesure que l’installation est tardive. La représentante des Jeunes agriculteurs, Manon Pisani, s’est dite favorable à «un dispositif qui serait parallèle et non pas la DJA qui faut réserver aux jeunes, car tout simplement les besoins ne sont pas les mêmes».

Didier Bouville

Les services de la DGPE (ministère de l’Agriculture) ont envoyé fin mai aux parties prenantes leurs propositions concernant les mesures agro-environnementales (MAEC) de la future Pac, dans le cadre de la déclinaison française, le Plan stratégique national (PSN). Il s’agit d’un catalogue de 24 MAEC, avec pour chacune jusqu’à trois déclinaisons possibles. En accord avec la grille d’évaluation de Bruxelles, ces mesures seront réparties en quatre catégories : eau, sol, climat/bien-être animal et biodiversité. Les MAEC localisées à la parcelle concerneraient principalement la dernière catégorie. En grandes cultures, les seuils retenus pour la MAEC Eau seraient renforcés: le niveau 2 serait obtenu en-dessous de 30% de l’IFT de référence, contre 50% précédemment.

Comme par le passé, les MAEC systèmes seront réservées aux zones définies par les programmes agro-environnementaux et climatiques (PAEC). En charge du dossier à la Confédération paysanne Jean-Marc Thomas dénonce le fait que les rémunérations n’aient pas encore été précisées, tout en déplorant le nombre de mesures proposées: «C’est une vraie usine à gaz.» La plateforme pour une Pac (ONG, Confédération paysanne, Fnab…) regrette notamment l’absence de «MAEC systèmes ouvertes à l’ensemble du territoire», rapporte sa coordinatrice Aurélie Catallo. Les organisations professionnelles agricoles doivent désormais se prononcer sur la copie ministérielle.

Didier Bouville

Face aux sénateurs de la commission des affaires économiques le 2 juin, Alexandre Bompard, p.-d.g de Carrefour, s’est dit favorable à ce qu’une «transparence sur les prix» soit imposée de l’agriculteur au distributeur afin de savoir «ce qui revient aux différents acteurs». «Nous avons un besoin absolu de compréhension de la transparence de la marge», a-t-il assure. Selon le patron de l’enseigne de grande distribution, «la question centrale, c’est comment on impose (…) la transparence ».

«Parce que quand j’augmente de 10% le prix du lait, quand j’augmente le prix de la viande bovine et que j’appelle nos agriculteurs et que je leur dis ‘Qu’est-ce qui s’est passé ?’ qu’ils ne me disent ‘Rien’ et qu’ils sont furieux et ont l’impression de s’être fait avoir», a-t-il déploré. Ajoutant: «je me dis, sans mettre en cause l’industrie agroalimentaire parce qu’il y en a d’autres qui interviennent, comme les transporteurs (…) je me dis que l’argent est passé entre les deux». Il a également évoqué la nécessité de tiers de confiance «qui disent Carrefour a payé ça, et l’agriculteur a touché ça». L’Assemblée nationale débutera l’examen de la proposition de loi du député Grégory Besson-Moreau visant à protéger la rémunération des agriculteurs à compter du 15 juin.

Didier Bouville

L’avis de l’Anses sur les «risques associés à la consommation de nitrites et nitrates» via l’alimentation devrait sortir «à la rentrée 2021, en septembre», indique l’agence de sécurité sanitaire à Agra Presse le 2 juin. «La saisine prévoyait de sortir l’avis en juillet. Mais comme c’est un sujet très attendu, nous avons convenu de le sortir après les vacances pour une communication large», explique l’Anses. Les nitrites et nitrates sont des conservateurs présents notamment dans la charcuterie et suspectés de favoriser le cancer colorectal.

L’avis de l’Anses (qui avait été saisie en juin 2020) portera sur l’ensemble de l’alimentation : charcuterie, légumes, eau, etc. Auditionné en novembre par la mission parlementaire d’information sur les sels nitrités, le ministre de l’Agriculture avait évoqué une publication en avril 2021. Cette mission avait débouché fin janvier sur une proposition de loi visant à interdire les charcuteries contenant des sels nitrités d’ici 2023. Un texte qui sera examiné après la publication du rapport de l’Anses.

Didier Bouville

Le syndicat Jeunes agriculteurs prendra position prochainement sur le projet école d’agriculture gratuite de Xavier Niel et d’Audrey Bourolleau, a indiqué le président des JA, Samuel Vandaele, dans une conférence de presse le 2 juin. S’exprimant à l’issue du congrès des JA où il a rappelé l’importance de «n’écarter aucune piste pour renouveler les générations», il a insisté sur la nécessité d’une formation certifiante et appelé à la vigilance sur la capacité d’une telle formation à déboucher sur des installations.

Une rencontre entre les dirigeants des JA, Xavier Niel et Audrey Bourolleau est prévue prochainement, après laquelle le conseil d’administration de JA se positionnera sur ce projet. Samuel Vandaele a rappelé la position prise au congrès des JA l’an dernier en faveur de la possibilité de s’installer tardivement, à la suite d’une reconversion professionnelle ou d’une expérience dans un pays étranger, toujours dans l’objectif d’accueillir le plus grand nombre possible de candidats à l’installation.

Didier Bouville

Lidea, né en septembre du rapprochement entre les semenciers Euralis et Caussade, change de DG, selon un communiqué le 1er juin. «Après deux années consacrées à la conception et à la mise en route de ce nouveau projet, Pierre Flye Sainte Marie quittera ses fonctions de directeur général dans les semaines à venir. A compter du 1er juillet 2021, Philippe Saux assurera la fonction de directeur général d’Euralis et de Lidea», annoncent les deux entreprises. Olivier Paul, directeur de la performance économique du groupe Euralis, animera le comité exécutif de Lidea en qualité de directeur général adjoint.

Didier Bouville

 Environ 54% des agriculteurs se disent pessimistes quant à l’avenir contre 40% l’an passé à la même période, selon un sondage Ipsos-Agri Avis réalisé entre le 30 mars et le 19 avril. L’étude a été réalisée sur internet, sur la base du volontariat, auprès de 223 agriculteurs. Cette baisse de moral est particulièrement prégnante chez les jeunes (60% des moins de 45 ans se disent pessimistes) et chez les exploitants en grandes cultures (62% se disent pessimistes).

Les principales raisons exprimées pour expliquer ce moral en berne sont: les perspectives économiques et la situation financière (évoqué par 55% des agriculteurs), le poids de l’administration et des normes réglementaires (50%) et la mauvaise image de l’agriculture à travers les médias notamment (35%). A l’inverse, 13% des agriculteurs se disent optimistes. Une foi en l’avenir motivée principalement par un changement de pratiques (bio, agriculture de conservation) ou une réorientation du modèle économique (nouvelles opportunités, circuits courts…).

Didier Bouville

A l’occasion d’un point presse sur les aides à l’agriculture biologique le 1er juin, le ministère de l’Agriculture a indiqué que l’étude d’évaluation de la HVE (niveau 3 de la certification environnementale des exploitations) qui sera lancée au printemps sous le pilotage du ministère de la Transition écologique «devrait aboutir en début d’année prochaine, en vue d’avoir un référentiel de certification environnementale rénové pour la mise en place des éco-régimes en 2023». «Toutes les pistes sont sur la table que ce soit la suppression de la voie B, l’interdiction des CMR, la comparaison des IFT aux références régionales…», promet la Rue de Varenne.

Ces concertations pourraient également aboutir à la création de la certification environnementale intermédiaire de niveau «2+» avait annoncé Julien Denormandie le 21 janvier. Le ministère a confirmé que la HVE et l’Agriculture biologique seront associées aux mêmes montants d’écorégime, même si les montants en question, ainsi que «les critères d’accès et la manière de valoriser les infrastructures agroécologiques (IAE) restent à définir». Après avoir claqué la porte du dernier Conseil supérieur d’orientation (CSO) présidé par le ministre de l’Agriculture, Philippe Camburet, président de la Fnab indique que son organisation «n’est pas dans la rupture» avec le ministère et se tient prête à le rencontrer.

Didier Bouville

«Dans le milieu agricole, c’est une hécatombe», résume Benoit Fontaine, ingénieur de recherche au Muséum d’histoire naturelle (MNHN) et l’un des coordinateurs du programme de suivi temporel des oiseaux communs (Stoc). Les données de ce programme de science participative, détaille-t-il, montrent une diminution de l’abondance relative des 24 espèces suivies en milieu agricole de près de 30% depuis 1990. Sur l’ensemble des 123 espèces suivies au total en France, près de 43 auraient vu leurs effectifs diminuer. «Le déclin des espèces communes est la preuve d’un appauvrissement général dans notre environnement», complète Caroline Moussy, coordinatrice du Stoc pour la LPO, soulignant que les oiseaux ont été choisis comme indicateur de biodiversité au niveau européen aux côtés des surfaces d’habitat protégé.

«Certaines pratiques agricoles ont conduit à éradiquer des populations entières, et nous ne pouvons plus prendre ce risque», estime Bruno David, président du MNHN, citant les néonicotinoïdes, le glyphosate et les organophosphorés parmi les principales menaces. Alors que d’autres programmes similaires ont été lancés ailleurs en Europe, la situation serait «identique» chez nos voisins, reconnaissent les experts. Face à ces chiffres, pour Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, «les perspectives françaises ne sont pas satisfaisantes» concernant la prise en compte de la biodiversité dans le PSN.

Didier Bouville