Fil info

Très attendus par Londres, la Commission européenne vient finalement de soumettre, le 13 octobre, des ajustements techniques sur les contrôles sanitaires et phytosanitaires(SPS) mais aussi sur les procédures douanières afin de faciliter la mise en œuvre du protocole nord-irlandais. Concernant les questions SPS, Bruxelles propose une réduction d’environ 80% des contrôles officiels pour un large éventail de produits de détail (fruits et légumes, viandes, poissons) en provenance du Royaume-Uni et destinés à être consommés en Irlande du Nord. D’autre part, l’exécutif européen propose aussi des formalités douanières plus souples qui permettront de réduire de moitié la documentation actuellement nécessaire pour les marchandises circulant du Royaume-Uni vers l’Irlande du Nord. «Ces deux solutions sur mesure créeront ainsi une sorte de voie rapide pour la circulation des marchandises, tout en prévoyant un mécanisme de contrôle et d’application solide afin de protéger l’intégrité du marché unique» a indiqué lors d’une conférence de presse, le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic. Ces mesures s’ajoutent aux solutions proposées par l’UE le 30 juin, qui facilitent le mouvement des animaux vivants du Royaume-Uni vers l’Irlande du Nord. Sur la base des propositions européennes, les deux parties entameront au cours des prochaines semaines d’intenses discussions en vue de trouver une solution pérenne.

Eva DZ

En raison de la récente hausse des prix des engrais, conséquence directe de l’augmentation des prix du gaz sur le marché mondial, la délégation polonaise, soutenue notamment par la France le 11 octobre lors d’un Conseil Agriculture, a appelé la Commission européenne à prendre des mesures spécifiques pour stabiliser ou compenser temporairement les coûts élevés des engrais. En réponse, le commissaire à l’Agriculture Janusz Wojciechowski a indiqué que Bruxelles travaillait sur une «boîte à outils» visant à aider tous les États membres à identifier et à déployer des mesures pour faire face à la situation actuelle, mais aussi à de futurs nouveaux chocs.

Selon le commissaire, «la grande question est maintenant de savoir si cette augmentation du prix de l’énergie et de certains produits de base est une évolution brève et transitoire, ou s’il s’agit d’une évolution plus inquiétante laissant présager une inflation plus élevée». Par ailleurs, la Belgique et la Lituanie, soutenues par 17 autres États membres*, ont également appelé Bruxelles à activer des mesures exceptionnelles de soutien du marché de la viande porcine, confronté à une combinaison dangereuse d’une hausse des prix des intrants et d’une baisse des prix. À l’heure actuelle, la Commission estime que ces mesures ne sont pas justifiées et qu’au contraire elles «retarderaient l’ajustement nécessaire du marché et prolongeraient la crise».

Didier Bouville

Les chambres d’agriculture (APCA) ont annoncé, le 12 octobre le lancement d’un réseau de magasins «franchisés» sous l’enseigne Bienvenue à la Ferme, marque jusque-là positionnée sur la labellisation de magasins de vente à la ferme ou de producteurs, de marchés de producteurs ou encore de drives fermiers. Le projet est porté par la société Fermes and Co détenue par l’APCA, Normandie Seine Participation, Crédit Agricole Bretagne Participations, Banque Populaire Grand Ouest, Banque Populaire Val de France et la fondation Avril (9,3%).

Le concept: «rendre accessible les produits fermiers aux consommateurs avec un offre globale», explique M. Jean Marie Lenfant, président délégué Bienvenue à la ferme et président de Fermes and Co. Et pour les producteurs: «apporter des débouchés durables en s’appuyant sur la marque connue et reconnue Bienvenue à la ferme». Concrètement, le cahier des charges de ces nouveaux magasins «franchisés» s’articule autour de quatre axes: une offre variée et complète qui favorise les circuits courts, le respect de la saisonnalité des produits, la préférence pour la proximité et au moins la moitié de produits de producteurs du réseau Bienvenue à la ferme.

Didier Bouville

Présentant un plan d’investissement public quinquennal dans l’innovation intitulé «France 2030», le président de la République a annoncé, le 12 octobre, que 2 Md€ y seraient consacrés à l’agriculture et l’agroalimentaire dans les cinq ans, sur un total de 30 Md€ – dont «3 à 4» Md€ débloqués dès 2022. L’agriculture et l’agroalimentaire ont été désignées au travers du concept de «mieux manger», qui figure parmi les dix objectifs du plan aux cotés de la relance du nucléaire et de l’hydrogène vert ; il vise à atteindre «une alimentation saine, durable et traçable» d’ici 2030. Le ministre de l’Agriculture a précisé que cette enveloppe de 2 milliards d’euros sera associée, dans son fléchage, à 800 M€ issus du 4ème programme d’investissements d’avenir (PIA 4), qui s’étale également sur la période 2021-2025.

Julien Denormandie a détaillé les quatre volets de ce nouveau plan: 1 Md€ (dont 400 M€ du PIA 4) seront consacrés à la «troisième révolution agricole», en particulier aux technologies du numérique, de la robotique et de la génétique – mais le ministère a également évoqué la question du méthane en élevage. 850 M€ (dont 450 M€ du PIA) vont être dédiés «au renforcement des chaines de valeur locales au service de la santé nutritionnelle» – et d’évoquer des travaux sur les «ferments ou le microbiote». 500 M€ seront dédiés à des investissements en fonds propres – et non en subventions ou avances – dans des exploitations agricoles pour favoriser l’installation (ex. projet de portage de foncier), ou dans des entreprises innovantes. Enfin 500 M€ seront consacrés à la filière bois.

Didier Bouville

Dans un communiqué du 8 octobre, le Sommet de l’élevage affirme avoir accueilli 93 000 visiteurs, soit quasiment son niveau de 2019, avant la pandémie de Covid-19 (96 000 visiteurs). Le salon s’est tenu à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme) du 5 au 8 octobre, avec deux nouveautés de taille: un quatrième jour d’ouverture et un nouveau hall d’exposition. Un «double pari (…) gagné», se félicite le président du Sommet de l’élevage, Jacques Chazalet, cité dans la communiqué. Malgré les restrictions de déplacement liées à la pandémie, le Sommet a reçu «2400 visiteurs étrangers provenant d’une soixantaine de pays». Sur le plan politique, l’édition 2021 a été marquée par la visite du ministre de l’Agriculture le 5 octobre, ainsi que celles de six candidats à l’élection présidentielle. Le prochain Sommet de l’élevage se tiendra du 4 au 7 octobre 2022 et «accueillera le concours national de la race charolaise».

Didier Bouville

«Les femmes et les hommes de l’AOP roquefort demandent haut et fort que le roquefort soit exempté du Nutriscore», clame un communiqué du 11 octobre. Alors que des discussions européennes sont en cours pour envisager de rendre obligatoire un affichage nutritionnel de type Nutriscore sur les produits préemballés, «la filière roquefort estime que l’étiquetage Nutriscore n’est pas adapté à son AOP» qui, avec l’algorithme actuel, serait noté E, soit la note la plus basse.

Pour porter haut son message, le Roquefort «appelle l’ensemble des appellations d’origine protégée de France ainsi que tous les citoyens amoureux de nos terroirs et spécifiquement de nos fromages à se joindre à cet appel». Au Cnaol (fédération des AOP laitières), «nous partageons l’ambition d’exemption des appellations», indique Sébastion Breton, délégué général du Cnaol, interrogé par Agra Presse. De nombreuses actions ont été portées au niveau des pouvoirs publics et parlementaires, mais le Cnaol ne souhaite pas porter le débat sur la place publique, comme le fait le roquefort. «Le sujet peut vite attirer des amalgames», justifie Sébastien Breton.

Didier Bouville

Les ménages agricoles (comprenant au moins un individu exerçant le métier d’agriculteur) ont un niveau de vie médian de 22 000 euros par unité de consommation, soit un montant «comparable à celui de l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activités», constate l’Insee dans une note parue le 11 octobre. Ces chiffres de 2018 masquent de fortes disparités: les écarts de revenus entre ménages agricoles sont plus importants que dans l’ensemble de la population, avec un ratio de 4,7 entre les 10% les plus aisés et les 10% les moins aisés (contre 3,3 pour l’ensemble des ménages à revenus d’activités). Et les ménages agricoles sont «plus souvent touchés par la pauvreté monétaire», avec 18% de leurs membres vivant sous le seuil de pauvreté en 2018 (13 000 euros par an pour une personne seule).

Les écarts s’expliquent en grande partie par l’orientation technico-économique: le niveau de vie des ménages agricoles est en moyenne 1,9 fois supérieur dans les territoires viticoles que ceux d’élevage bovin. Plus souvent propriétaires de leur habitation, ils sont en revanche moins exposés aux difficultés de logements et aux «restrictions de consommation courante» (p.ex. repas complet, température de chauffage, vacances, vie sociale…). En moyenne, l’activité agricole ne représente qu’un tiers de leurs revenus; la première source de revenu provient des salaires, le plus souvent ceux du conjoint. La troisième source de revenu provient des revenus du patrimoine, essentiellement des fermages.

 

Didier Bouville

Dans le cadre de la concertation autour de la déclinaison française de la future Pac, le plan stratégique nationale (PSN), le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a choisi cet été deux conditions pour définir l’agriculteur actif, rapporte son cabinet le 7 octobre: «être en âge inférieur ou égal à 67 ans» (âge légal de départ à la retraite à taux plein) et «être adhérent à une assurance contre les accidents du travail (Atexa)», ce qui «démontre une participation effective à la vie de l’exploitation». La définition de l’actif déterminera le droit de bénéficier ou non des aides Pac à partir de 2023.

Ce dossier fait actuellement l’objet de discussions avec les Régions, et pourrait être arbitré dans le cadre d’un Conseil Etat-Régions, qui pourrait se tenir «d’ici fin octobre», sous réserve que d’autres sujets, comme le transfert des personnels gérant les aides Pac, soient également «mûrs» pour un arbitrage, indique-t-on chez Régions de France. Pour l’heure, les Régions font état de leur inquiétude concernant l’application de cette définition aux territoires d’outre-mer, où des adaptations sont selon elles nécessaires compte tenu de leur démographie particulière. Or à ce jour, l’association n’est pas «clairement rassurée que des adaptations seront possibles».

 

Didier Bouville

Alors que l’anesthésie locale concentrait jusque-là l’attention, l’immunocastration et l’anesthésie générale sont désormais étudiées pour répondre à l’interdiction de la castration à vif des porcelets en 2022. «Le conseil d’administration d’Inaporc (interprofession porcine, NDLR) a demandé à rouvrir le dossier de l’anesthésie générale», indique son président Thierry Meyer à Agra Presse le 7 octobre, confirmant une information de l’Association pour le bien-être porcin. Une décision réclamée par les filières du sud, précise-t-il, qui ont besoin de porcs castrés pour la fabrication de charcuterie sèche.

Pratiquée dans un caisson à l’aide d’un gaz (isoflurane), cette solution été «mise de côté» dans un premier temps, faute d’autorisation de mise sur le marché pour l’isoflurane, et parce qu’elle nécessite la présence d’un vétérinaire. «Si le dossier va au bout, ce ne sera qu’à moyen ou long terme», nuance Thierry Meyer. Quant à l’immunocastration (vaccin), les charcutiers industriels de la Fict et des ONG welfaristes sont «en train de travailler d’arrache pied pour utiliser cette solution à l’avenir», d’après Bernard Vallat, président de la Fict. «On mise beaucoup d’espoir dans ce procédé, qui n’entraîne pas de mutilation et qui pourrait satisfaire certains marchés», a-t-il affirmé en conférence de presse le 7 octobre.

 

Didier Bouville

L’Autorité de la concurrence annonce dans un communiqué le 8 octobre autoriser le rachat de Yoplait (hors Amérique du Nord) par Sodiaal sans conditions. Après étude du dossier, l’Autorité a écarté «tout risque d’atteinte à la concurrence» du fait «d’un chevauchement d’activité limité sur certains marchés de la transformation et de la commercialisation de produits laitiers» ainsi que de la présence de «concurrents puissants» tel que Lactalis ou Laïta. Cette concurrence permet également, selon l’Autorité, d’exclure «tout risque d’effets congloméraux» qui auraient pu survenir si ce rachat avait permis à la «nouvelle entité d’étendre ou de renforcer sa présence sur des marchés différents de ceux sur lesquels elle exerce mais dont la connexité peut lui permettre d’accroître son pouvoir de marché», (ventes liées par exemple).

Enfin, de possibles «effets verticaux» permettant à la nouvelle «entité d’évincer les concurrents ou de les pénaliser par une augmentation des coûts» sont également exclus. L’autorité a en effet «écarté l’éventualité d’une éviction des concurrents de Yoplait qui s’approvisionnent aujourd’hui auprès de Sodiaal en lait de vache, notamment compte tenu du fait que ces relations d’approvisionnement sont encadrées par des contrats de longue durée».

Didier Bouville