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La Chine envisage de puiser dans ses réserves nationales de porc pour stabiliser les prix de la viande et enrayer la spéculation, a indiqué le 5 juillet la puissante agence de planification économique (NDRC). Au menu d’innombrables plats, le porc, qui est la viande la plus consommée en Chine, a vu son prix bondir le mois dernier de plus de 30% sur un an, selon le ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales. La NDRC attribue cette flambée à une «réticence irrationnelle à vendre» de la part de certains producteurs, qui préfèrent attendre afin de maximiser leurs gains, dans un contexte de poussée inflationniste dans l’alimentaire au niveau mondial. Pour stabiliser les prix et éviter tout mécontentement populaire, le planificateur économique a ordonné mardi aux producteurs d’abattre les porcs «à un rythme régulier» et mis en garde contre toute «manipulation» de l’offre et de la demande. Le recours aux réserves nationales de porc est par ailleurs «à l’étude» pour mettre davantage de viande sur le marché et ainsi faire baisser les prix, a ajouté le planificateur.

Didier Bouville

Le gouvernement ne proposera pas d’autoriser les promotions à 50% sur les produits alimentaires, a appris une journaliste de l’AFP le 5 juillet auprès de Bercy, une décision prise après la forte opposition des représentants des agriculteurs à cette suggestion formulée par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire la veille. Après avoir reçu le 5 juillet la présidente de la FNSEA Christiane Lambert et Arnaud Gaillot, président des Jeunes agriculteurs (JA), le ministre «s’est engagé à ne pas mettre en œuvre cette proposition, qui n’était encore qu’une suggestion, à l’issue de la mission confiée à l’Inspection générale des finances (IGF)» sur la formation des prix alimentaires, explique-t-on au ministère de l’Économie. Une décision saluée par un communiqué de la FNSEA et des JA, qui y voient un message «capital» à l’endroit des agriculteurs et de la grande distribution.

Actuellement, les enseignes ne peuvent proposer des promotions qu’à hauteur de 34%, une règle censée protéger la rémunération des producteurs de denrées Le 4 juillet, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait annoncé la création d’une enquête de l’IGF pour vérifier la formation des prix des produits alimentaires en cette période d’inflation, notamment après que le président du comité stratégique des centres E. Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, avait jugé «suspectes» certaines hausses de prix demandées par les industriels. En parallèle, la France insoumise et le Rassemblement national avaient demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire.

Didier Bouville

Réagissant par un communiqué le 4 juillet à la présentation de la seconde version du projet français de plan stratégique national (PSN), la déclinaison nationale de la future Pac, Chambres d’agriculture France (ex-APCA) évoque «un équilibre préservé» et «salue le travail de concertation et d’analyse». Une position qui contraste avec la réaction de la FNSEA, «en désaccord» avec les arbitrages du ministre et regrettant un manque de «fermeté dans la méthode». Sur le dossier épineux de la coexistence de la bio et de la HVE, les chambres estiment par exemple que le ministre a réussi à «préserver un équilibre entre durabilité économique et environnementale». Concernant la bio, les chambres considèrent toutefois «que les aides ne compenseront pas les prix de marché», et que dans le contexte de reflux du marché bio, «il est important de promouvoir la consommation, comme d’imaginer un dispositif de régulation de l’offre pour maintenir les prix.» Les chambres rappellent enfin leur demande que les mesures assurantielles et la MAE de transition puissent voir leur financement renforcé en cours de programmation.

Didier Bouville

Invité sur France Inter le 4 juillet, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire annonce des contrôles de la DGCCRF (Fraudes) «filière par filière (…) pour voir si, à un endroit ou à un autre de la chaîne de production, il y a des marges révoltantes qui seraient faites» sur les produits alimentaires. «Nous ne laisserons pas passer les profiteurs de la crise inflationniste», affirme-t-il, assurant qu’ils seront «sanctionnés». Le 1er juillet, la commission des Affaires économiques du Sénat a informé s’être lancée dans un bilan «des causes de l’inflation» dont les premiers résultats sont attendus pour le 20 juillet (voir Agrafil du 2 juillet). Une demande portée par Michel-Édouard Leclerc, puis reprise par plusieurs parlementaires de gauche. Toujours sur France Inter, Bruno Le Maire déclare qu’il lancera «dans les tout prochains jours» une mission de l’Inspection générale des finances (IGF) pour s’assurer que les distributeurs respectent le seuil minimal de revente à perte (SRP), fixé à 10% par la loi Egalim 1. «Je propose d’y associer des parlementaires et des représentants du monde agricole pour nous assurer que ces 10% au-dessus du seuil de revente à perte vont bien aux producteurs et ne se perdent pas ailleurs», a-t-il ajouté.

Didier Bouville

Dans le cadre de la mise en oeuvre de la loi de réforme de la gestion des risques climatiques, une ordonnance doit paraitre prochainement pour encadrer la création d’un pool d’assureurs fournisseurs de la future offre d’assurance multirisque climatique (MRC). Un projet d’ordonnance a été récemment soumis à la Commission d’orientation des assurances récolte (Codar) qui fait craindre à certains professionnels un retard dans le calendrier initialement prévu (lancement de la réforme attendu pour le 1er janvier 2023). En effet, selon ces professionnels, le texte présenté prévoit que le groupement, aussi appelé pool d’assureurs, serait élaboré par les assureurs eux-mêmes, dans le cadre d’une convention qu’il leur reviendrait d’écrire, et ce dans un délai de 18 mois. Certains professionnels craignent, au vu des travaux préparatoires, qu’aucun accord ne soit même conclu à cette échéance. Un Comité national de gestion des risques en agriculture (CNGRA) doit se tenir cette semaine, qui pourrait être l’occasion d’arbitrages du gouvernement sur ce dossier, qu’il s’agisse du pool d’assureurs ou des modalités de subvention, couverture, éligibilité au nouveau régime d’assurance climatique.

Didier Bouville

Parmi les arbitrages livrés par le ministre de l’agriculture pour la deuxième version de son PSN, figure le maintien du Paiement jeune agriculteurs comme une aide forfaitaire et appliquant le principe de la transparence GAEC, se félicitent les Jeunes agriculteurs. La Commission contestait la possibilité de cumuler ces deux critères, et pour y répondre le ministère avait proposé aux parties prenantes une option de distribution à l’hectare. Les Jeunes agriculteurs saluent également le maintien de l’interdiction de cumuler pensions de retraite et aides PAC à partir de 67 ans. Cette disposition s’appliquera «au plus tard en 2024», a précisé le cabinet du ministre, en raison des difficultés techniques à rassembler les informations provenant de l’ensemble des régimes de retraite existants. Les Jeunes agriculteurs sont en revanche moins favorables aux arbitrages sur la taille des haies et l’agriculture biologique. Ils préviennent que le développement de la bio «ne doit pas se faire sans un réel travail de structuration des filières et du marché, sans quoi, une conversion massive aura des conséquences terribles pour certains agriculteurs comme nous l’observons actuellement».

Eva DZ

Conformément aux souhaits de la FNSEA, la conditionnalité de rotation des cultures (BCAE 7) préserve la monoculture de maïs, avec trois voies d’éligibilité: soit justifier d’une rotation «d’une année sur l’autre» (deux ans) pour 60% des surfaces de cultures de plein champ; d’une rotation infra-annuelle (culture principale + couvert) pour les exploitations cultivant plus de 60% de maïs; ou d’une surface de légumineuses supérieure à 15% des terres arables. Au titre de la BCAE 8, le ministre a également étendue la période d’interdiction de taille des haies et des arbres en période de nidification. Actuellement en vigueur du 1er avril au 31 juillet, l’interdiction s’appliquerait du 16 mars au 15 août dans la prochaine PAC. Enfin le coefficient de pondération des haies utilisé dans la conditionnalité, l’éco-régime et la HVE sera le suivant: un mètre linéaire correspondra à 20 mètres carrés, contre 10 actuellement. Enfin les proratas en vigueur pour le calcul des surfaces pastorales seront également défendus par la France.

Eva DZ

Trois mois après que Bruxelles a envoyé ses observations sur la première version du plan stratégique national (PSN), la déclinaison française de la future PAC, le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a présenté, le 1er juillet aux parties prenantes, les principaux arbitrages relatifs à la seconde version. Dans les éco-régimes, la bio bénéficierait finalement d’un niveau spécifique permettant une différence fixe de +30 €/ha par rapport aux autres certifications comme la HVE (Haute valeur environnementale). Cette nouvelle dotation devrait faire baisser «marginalement» les montants des éco-régimes de base et de niveau supérieur, a expliqué le cabinet du ministre. Par ailleurs, la France défendra la possibilité, contestée par Bruxelles, qu’un agriculteur puisse cumuler des aides fléchées vers la bio au titre du premier (écorégimes) et du second pilier (aide à la conversion). La conditionnalité de couverture des sols (BCAE 6) sera appliquée hors des zones vulnérables Nitrates, où elle suivra le principe suivant : une couverture automnale de six semaines sur une période de trois mois, du 1er septembre au 30 novembre.

Eva DZ

D’après la dernière note de conjoncture d’Agreste, en date du 29 juin, la production cumulée des prairies permanentes depuis le début de l’année est inférieure de 19% à la normale, au 20 juin. «La sécheresse persistante impacte fortement la pousse d’herbe. La situation s’est dégradée en juin sur l’ensemble du territoire», commente le service de statistique et de prospective du ministère de l’Agriculture. En cumul sur les trois derniers mois, la pousse est excédentaire dans seulement 2% des régions fourragères: il s’agit des prairies du Jura et du Massif Central. La région Paca reste la plus touchée par la sécheresse, avec un déficit qui atteint 60%. En Occitanie, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Centre-Val de Loire, la pousse d’herbe est de 25% inférieure la normale. La Normandie et l’Île-de-France sont les régions les moins affectées (-6%), ainsi que certaines zones de montagne.

Didier Bouville

Après quatre ans de négociations commerciales, l’UE et la Nouvelle-Zélande ont annoncé le 30 juin la conclusion un accord de libre-échange. «Le chapitre agricole a été le plus difficile à négocier, mais nous avons tout de même réussi à trouver un équilibre délicat», a déclaré à cette occasion le commissaire au Commerce Valdis Dombrovskis. Dans ce nouveau cadre, les exportations agroalimentaires de l’UE (dont la viande de porc, le vin et le fromages) ne seront plus soumises à aucun droit de douane. L’accord protègera en Nouvelle-Zélande 163 indications géographiques européennes (feta, comté, parmesan, queso manchego…), ainsi que toutes les appellations viticoles de l’UE. En contrepartie, l’UE autorisera l’importation d’un contingent tarifaire de 10 000 t de viande bovine à 7,5% introduit progressivement sur sept ans. Concernant la viande ovine, l’UE offrira 38 000 t équivalent-carcasse supplémentaires à taux zéro, qui s’ajouteront aux 126 000 t de contingent actuel. Pour les produits laitiers, l’UE ouvrira sur sept ans: un contingent tarifaire de 15 000 t de poudres de lait avec un droit de 20%, un nouveau contingent tarifaire de 15 000 t (en parallèle du contingent actuel de 47 177 t) pour le beurre avec un droit de 38% (qui sera progressivement réduit à 5%), et un contingent de 25 000 t de fromage en franchise de droits. De nouveaux contingents tarifaires seront également accordés pour le lactosérum à haute teneur en protéines (3500 t échelonnées sur sept ans à droit nul), le maïs doux (800 t à droit nul) et l’éthanol (4000 t à droit nul).

Didier Bouville