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La Commission européenne a confirmé, le 6 mars devant les eurodéputés de la commission de l’Environnement, que l’arrêt de la Cour de justice de l’UE rendu le 19 janvier, concernant l’interdiction pour les États membres d’accorder des dérogations à l’utilisation d’insecticides néonicotinoïdes, s’applique non seulement aux semences de betterave enrobées mais aussi à la pulvérisation, ainsi qu’à d’autres cultures comme le maïs ou le colza. «Nous avons demandé aux États membres qui avaient accordé des dérogations (avant la date de l’arrêt) de les retirer», a indiqué le directrice adjointe à la Santé Claire Bury. La Commission européenne a aussi chargé l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) de mettre à jour sa procédure de suivi des dérogations pour la rendre plus stricte. Des lignes directrices en la matière devraient être publiées «avant l’été» après consultation des États membres. Plusieurs eurodéputés ont critiqué l’attitude de certains États membres – la Slovaquie et la Belgique en particulier – qui feraient pression sur la Commission européenne pour que celle-ci choisisse l’interprétation la moins restrictive possible de l’arrêt.

Didier Bouville

En 2022, l’excédent brut d’exploitation (EBE) a évolué positivement pour tous les maillons de la chaîne alimentaire (agriculteurs, industriels, distributeurs) par rapport à 2019, montre un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) transmis à la presse le 6 mars. Le service du ministère de l’Économie précise toutefois que «ces résultats agrégés masquent des disparités infra-sectorielles et ne permettent pas de conclure quant à l’existence de marges en forte hausse sur certains produits». L’agriculture est le maillon qui voit son EBE le plus progresser sur l’année: +27% par rapport à 2019. Selon un premier rapport de novembre 2022, il était en hausse de 12% au premier semestre. Les industries alimentaires, qui au premier semestre avaient perdu 16 points d’EBE par rapport à 2019, voient leur EBE rebondir de 50% au second semestre, «effaçant ainsi les pertes par rapport à 2019». «Contrairement au premier semestre 2022, le secteur agroalimentaire ne contribue plus à absorber les hausses de prix au second semestre, note le rapport. Pour autant, le secteur n’a pas augmenté sa marge en 2022 et la hausse des prix s’explique à 85% par celle des intrants.» Enfin, l’EBE de la grande distribution progresse de 9% par rapport à 2019. «Son taux de marge serait 0,7 point au-dessus de son niveau d’avant-crise», ajoute l’IGF.

Didier Bouville

Alors que le dispositif de «trimestre anti-inflation» doit prendre fin en juin, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a déclaré, le 6 mars en conférence de presse, que le gouvernement demandera «aux industriels de renégocier leurs prix avec la grande distribution» à ce moment-là. «Nous rouvrirons les négociations commerciales avec les grands industriels. Nous n’allons pas attendre la fin 2023 pour que la baisse des prix de gros se répercute sur les prix des produits de détail», s’engage-t-il. Son cabinet précise à Agra Presse que la réouverture des contrats concernera bien «les grands industriels» et non toutes les entreprises de l’agroalimentaire. «Lorsque les prix augmentaient, les industriels nous ont demandé de pouvoir renégocier», rappelle le ministre en référence à la réouverture des négociations commerciales en 2022 après le déclenchement de la guerre en Ukraine. Et de souligner qu’«aujourd’hui, ces coûts sont en train de baisser». La réouverture des contrats est «importante pour les distributeurs et surtout pour les consommateurs», insiste-t-il. Ces nouvelles négociations prendraient le relai du dispositif «trimestre anti-inflation», annoncé le 6 mars, à travers lequel les distributeurs s’engagent à garantir «les prix les plus bas possible» sur un certain nombre de produits en prenant sur leurs marges.

Didier Bouville

Les organisations professionnelles vétérinaires et agricoles ont remis, le 22 février, un rapport au ministre de l’Agriculture pour «maintenir un maillage vétérinaire au service de l’élevage et de la santé publique», annoncent six organisations* dans un communiqué commun le 1er mars. Elles appellent, dans ce rapport, «à capitaliser sur les travaux réalisés dans le cadre de l’AMI (appel à manifestation d’intérêt) pour engager des actions concrètes» et «à mettre en place une surveillance active des tensions sur le maillage vétérinaire afin d’anticiper les difficultés sur l’ensemble du territoire». Un AMI avait été lancé début 2022 «avec le soutien du ministère de l’Agriculture» pour réaliser des travaux de diagnostic dans onze territoires pilotes. Ce rapport en présente la synthèse, «ainsi qu’un certain nombre de solutions existantes ou à créer qu’il conviendra d’adapter au cas par cas». Les signataires encouragent les acteurs de tous les territoires à mener leurs propres diagnostics. Par ailleurs, ils plaident en faveur de la création d’une «gouvernance» composée de trois structures: un «comité de pilotage national» réunissant tous les acteurs (éleveurs, vétérinaires, état, collectivités), un «réseau d’appui et de veille départemental» et des «cellules opérationnelles territoriales».

*Chambres d’agriculture France, FNSEA, GDS France, Ordre national des vétérinaires, SNGTV (groupements techniques vétérinaires) et SNVEL (syndicat des vétérinaires libéraux)

Didier Bouville

Deux jours après la fin de négociations tendues entre la grande distribution et ses fournisseurs de l’agroalimentaire, presque «100%» des contrats en jeu ont été signés, a annoncé le 3 mars à l’AFP la principale organisation patronale des industriels, l’Ania. Il y a encore «des blocages avec certains distributeurs et quelques dossiers vont aller en médiation», rapporte l’Ania. Toutefois, «la plupart des entreprises ont signé ou vont le faire entre aujourd’hui et demain», estime la principale organisation du secteur. Dans le cas où une enseigne et un fournisseur échouent à s’accorder sur les conditions de vente d’un produit, le médiateur des relations commerciales agricoles, Thierry Dahan, peut entrer en jeu. Avant même la clôture des négociations, ce dernier avait reçu 70 demandes de médiation, «dont plus de la moitié dans les quinze derniers jours», a-t-il indiqué vendredi à l’AFP, précisant que ce niveau était similaire à 2022. Sur ces 70 dossiers, une dizaine de médiations – concernant majoritairement des poids lourds de l’agroalimentaire – ont échoué, un nombre important, selon lui. Les industriels défendus par l’Ania et les distributeurs rassemblés dans la FCD s’accordent à dire que la hausse des prix payés par les supermarchés à leurs fournisseurs est de l’ordre de 10%. «On ne va pas répercuter comme un mur l’ensemble» de ces hausses, a déclaré le 3 mars au matin sur France Info Michel-Edouard Leclerc.

Didier Bouville

Pressées d’agir pour freiner l’envolée des prix, les enseignes de la grande distribution ont multiplié, le 5 mars, les annonces de modération de prix, rendant superflu le projet de «panier anti-inflation» unique envisagé par le gouvernement. Mi-janvier, Bercy avait dit travailler à l’élaboration d’un panier qui devait comporter dans un premier temps une vingtaine de produits de première nécessité, puis une cinquantaine. «Nous avons rencontré (le ministre de l’Economie) Bruno Le Maire avant-hier, et il nous l’a confirmé, il n’y aura pas de panier anti-inflation», a déclaré samedi sur France Info la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert. «C’est compliqué parce que les grands distributeurs ne sont pas forcément d’accord sur le panier», a reconnu de son côté le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau sur RMC. Sans attendre de projet gouvernemental, Système U avait été dès début février la première enseigne à lancer son propre panier de «150 produits à prix coûtants» pour «une durée indéterminée». Ce weekend, Carrefour, Intermarché et Monoprix lui ont emboîté le pas. Carrefour a annoncé au JDD qu’il allait lancer mi-mars son propre «panier anti-inflation» composé de 200 produits vendus en moyenne deux euros et «à prix bloqués» jusqu’à mi-juin. Intermarché a de son côté annoncé dimanche le lancement d’une campagne sur «500 produits anti-inflation». Monoprix, enseigne du groupe Casino, a communiqué dans la même journée sur le maintien jusqu’à fin juin de son dispositif «Monopetitsprix» concernant 300 produits à des prix bloqués, auxquels viendront s’ajouter 87 produits supplémentaires à «prix contrôlés».

Didier Bouville

Selon le baromètre réalisé par l’Obsoco pour l’Agence bio et dévoilé le 1er mars, 57% des consommateurs déclarent ne pas acheter de bio en raison de doutes sur l’application du cahier des charges. «La méfiance est nourrie par le manque d’informations», analyse Laure Verdeau, directrice de l’Agence bio, soulignant que la moitié des consommateurs estiment ne pas avoir assez de connaissances sur le bio. HVE, zéro résidus de pesticides: «l’image a été brouillée par d’autres allégations», regrette de son côté Loïc Guines, président de l’agence. Pour la campagne de promotion qu’elle lancera en 2023, l’agence prévoit de valoriser l’aspect «local» du bio, en plus des atouts environnementaux. «Près de 85% des produits bio consommés en France sont français», rappelle Laure Verdeau. Au-delà des 750 000 € promis par le ministre de l’Agriculture début décembre, rien ne garantit cependant que l’agence aura un budget aussi conséquent que les 1,2 M€ mobilisés en 2022. Ministère de l’agriculture, de la Transition écologique ou de la Santé, agences de l’eau, interprofessions: «Nous devons nous mettre autour de la table pour sécuriser quatre à cinq millions d’euros par an de manière durable», défend Loïc Guines.

Didier Bouville

Alors que les industriels attendaient beaucoup des négociations commerciales annuelles, l’Ania et la Coopération agricole, les principales organisations d’industries alimentaires, estiment que les hausses obtenues auprès de la grande distribution se situent environ cinq points en dessous des demandes tarifaires des fournisseurs. «C’est le retour de la guerre des prix», déplore le président de la Coopération agricole, Dominique Chargé. Les augmentations de tarifs demandées par les coopératives étaient de 13% en moyenne, l’écart avec les hausses obtenues sera autour de 4-5pts, selon les premières estimations. «Chaque année, on croit que ce sont les négociations les plus difficiles. Cette année, on est arrivés à un point de non-retour», relève la directrice juridique de l’Ania (industries alimentaires), Marie Buisson. Les adhérents de l’Ania demandaient entre 13 et 15% de hausse de tarifs. «Il y aura un écart d’au moins cinq points» à l’arrivée, évalue-t-elle. «Le bilan est hélas toujours le même», souligne le président de l’Adepale (produits élaborés), Jérôme Foucault. Il estime que les hausses couvrent «au mieux» les deux tiers des besoins exprimés par les industriels. La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) annonçait, le 28 février, environ 10% de hausses tarifaires.

Didier Bouville

Dans un entretien exclusif accordé à Agra Presse, le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, dévoile les grandes lignes de son plan dédié à l’agroalimentaire, une industrie pour laquelle il «craint une année noire». Le plan contient deux volets : le premier vise à soulager les trésoreries, le second à accélérer la «consolidation» du secteur, jugé trop atomisé. Alors que les négociations commerciales se terminaient le 1er mars sur fond d’inflation alimentaire exceptionnelle, le ministre annonce des «reports de charges, fiscales et sociales» pour le secteur. Elles seront dévoilée, ce 3 mars, lors d’un Comité stratégique de filière. En soutien à la modernisation, notamment la «décarbonation» et la robotisation, le plan France 2030 va être davantage ouvert aux entreprises agroalimentaires. Enfin, un fonds public/privé de 500 millions d’euros va être lancé prochainement pour aider les entreprises «qui veulent se rapprocher, développer des projets communs ou se diversifier». Objectif: «aider la filière à se consolider et à grandir». En effet, malgré l’existence de grands champions, «nous avons trop de petites entreprises», estime Roland Lescure. Enfin, Bercy va mettre en place, avec Business France, un «programme qui aiderait les entreprises qui le souhaitent à exporter». À ce sujet, le gouvernement travaille sur un plan Export (tous secteurs confondus) qui devrait être présenté en mars prochain.

Didier Bouville

Marc Fesneau a annoncé le 1er mars un dispositif France 2030 «Équipements pour la troisième révolution agricole» doté de 400 M€, dont 100 M€ dédiés à la filière fruits et légumes. Il vise à soutenir les investissements des agriculteurs sur «l’adaptation au changement climatique et la transition agroécologique». Ce guichet ouvrira le 6 mars sur le site de FranceAgriMer, avec une liste de 23 équipements pour le changement climatique, la baisse de consommation en eau et énergie. Puis, fin avril ou début mai, la liste doit être complétée par d’autre thèmes: substitution des intrants chimiques, réduction des GES et polluants atmosphériques, préservation de la biodiversité, gestion des déchets, économie circulaire, amélioration du bien-être animal, des conditions de travail, réduction de la pénibilité. Le dispositif concerne l’achat d’équipements agricoles « dont on estime qu’ils sont l’objet d’une innovation », dans des domaines tels que la « modernisation des serres, les systèmes d’irrigation, la robotique, la rénovation d’un certain nombre de structures », a précisé le ministre. Par exemple, un enjambeur électrique pour la vigne, permettant de travailler le sol ou épandre des engrais sans endommager les pieds ou encore, des robots cueilleurs ou désherbeurs dans les vergers.

Didier Bouville