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«J’espère que, lors de sa visite au Salon de l’Agriculture, le chef de l’État réitèrera son engagement à ne pas signer l’accord UE/Mercosur», a déclaré le nouveau président de la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) Patrick Bénézit le 21 février. Et l’éleveur cantalien de marteler: «Nous souhaitons avoir la garantie du chef de l’État qu’il n’y aura pas d’accord concernant la viande bovine avec le Brésil.» Lors du dernier congrès de la FNB, le 2 février à Metz, le ministre de l’Agriculture a lancé: «Emmanuel Macron a dit [en août 2019] qu’il ne signerait pas l’accord en l’état. Ça n’a pas changé», malgré la volonté affichée du nouveau président brésilien Lula de freiner la déforestation, «donc, en l’état, c’est non». Une déclaration insuffisante pour le nouveau président de la FNB, qui estime que «le ministre de l’Agriculture n’a pas répondu clairement», notamment sur la question du modèle d’élevage à privilégier. Le 31 janvier, le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans avait déclaré que l’UE espérait ratifier l’accord UE/Mercosur «avant le prochain sommet avec l’Amérique latine qui aura lieu les 17 et 18 juillet à Bruxelles». La filière bovine est parmi les plus concernées par l’accord UE/Mercosur, qui prévoit un quota d’importation de 99 000 tonnes de viande.

Didier Bouville

Dans un courrier envoyé hier au ministère de l’Agriculture à l’occasion de la réunion des acteurs de l’agriculture biologique, l’interprofession laitière (Cniel) estime que le ralentissement des cours bio et la hausse des déclassements face à la baisse de la demande ont entraîné une perte de 71 M€ pour les éleveurs, depuis le début de la crise. «Nous craignons que ces pertes s’aggravent si les cours des produits laitiers conventionnels retombent», alerte Yves Sauvaget, président de la commission bio du Cniel. Autre indicateur préoccupant: les ventes de produits laitiers bio auraient reculé entre de 9 à 19% sur les onze premiers mois de 2022 par rapport à 2019. Avec une production stable «les déclassements vont continuer à croître et pourraient alors atteindre 530 Ml en 2023», soit 43 % des volumes, prévient l’interprofession. « Les opérateurs ne pourront pas maintenir le prix du lait bio, risquant ainsi de mettre en péril la pérennité d‘un certain nombre d’exploitations », s’alarment les professionnels. Alors que Marc Fesneau prévoirait de renforcer l’application d’Egalim ou d’augmenter les moyens pour la promotion, le Cniel estime que ces mesures seront «nécessaires mais non suffisantes» dans le secteur laitier. «Certains producteurs risquent de mettre la clé sous la porte dès le premier semestre si on ne les aide pas», répète Yves Sauvaget, alors que les arrêts de certification ont atteint 3% en lait en 2022.

Didier Bouville

L’examen de la proposition de loi (PPL) sur le régime juridique des baux ruraux est attendu en «avril-mai» à l’Assemblée nationale, a indiqué le 22 février à Agra Presse son coauteur Jean Terlier (Renaissance, Tarn). «Ma proposition de loi sera portée par le groupe Renaissance» qui doit en faire l’annonce «vraisemblablement au Salon de l’agriculture», déclare-t-il. Cela repousse à «avril-mai» l’examen à l’Assemblée, initialement prévu dans une niche parlementaire en mars sous forme de PPL transpartisane. Le texte est en effet issu d’une mission d’information avec le LR Antoine Savignat, non réélu. Espérant lever des «incompréhensions», Jean Terlier prévoit de rencontrer les organisations agricoles. «Il ne s’agit pas de bousculer les équilibres du statut du fermage», selon lui. Un article de la PPL sur la sous-location est très critiqué par les sections des fermiers (SNFM) et des propriétaires (SNPR) de la FNSEA. «Cette disposition a un garde-fou, puisque le preneur n’est autorisé à consentir des sous-locations qu’avec l’accord du bailleur», répond le député. Jean Terlier explique vouloir régulariser une pratique existante mais illégale.

Didier Bouville

À l’occasion d’une conférence de presse le 22 février, le ministre de l’Agriculture a déploré un manque de «coordination» entre l’Anses, l’Inrae et les instituts techniques dans le cadre de l’évaluation des produits phytosanitaires. «On ne peut pas avoir d’un côté l’Anses qui décide et l’Inrae qui recherche, sans coordination, il faut que tout le monde s’aligne», a déclaré Marc Fesneau, pointant également des décalages entre les échelons national et européen. Et d’évoquer plus particulièrement le cas de S-métolachlore, dont l’Anses a récemment annoncé qu’il mettra fin à la plupart des usages, alors que l’Efsa doit finaliser prochainement la réévaluation de la molécule: «L’Anses a été saisie en 2021, l’Efsa doit aboutir en avril-mai, il n’y a absolument aucune coordination». Le ministre affirme avoir réuni récemment l’Anses, l’Inrae et les instituts techniques au sujet des produits disponibles en cerise, face l’interdiction du phosmet: «Il y a une solution alternative appelée « insectes stériles », dont le dossier a été déposé il y a déjà trois ans», regrette Marc Fesneau. Le ministre a notamment fait part de son inquiétude pour le prosulfocarbe (herbicide, grandes cultures). La veille, la FNSEA plaide pour que le gouvernement reviennent sur la décision de Stéphane Le Foll en 2015, de transférer la compétence d’évaluation des mises sur le marché de pesticides à l’Anses.

Didier Bouville

À l’occasion d’une conférence de presse le 21 février, la présidente de la FNSEA est revenue sur la récente annonce de l’Anses d’engager une procédure de retrait des principaux usages des produits phytopharmaceutiques» contenant du S-métolachlore. C’est un des sujets que Christiane Lambert souhaite évoquer avec Emmanuel Macron, qu’elle doit rencontrer le 22 février, puis le 25 lors de l’inauguration du Salon de l’agriculture. «Nous voulons avoir une discussion sur le rôle de l’Anses», a-t-elle prévenu. La FNSEA souhaite revenir sur la décision prise en 2015 par l’ex-ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll de transférer à l’Anses la compétence de la délivrance, de la modification et du retrait des autorisations de mise sur le marché (AMM) des pesticides; elle était auparavant du ressort de la DGAL (ministère de l’Agriculture). La FNSEA plaide pour que cette compétence relève d’une «décision politique», et s’inquiète notamment d’une interdiction qui ne concernerait que la France et pas ses concurrents européens. Elle souligne que le S-métolachlore est en cours d’instruction au niveau européen dans le cadre de la procédure de renouvellement d’approbation. «Si l’Anses sort une étude, en l’absence d’étude de l’Efsa, il est hors de question que cela s’applique en France avant le reste de l’Union européenne», plaide Christiane Lambert.

Didier Bouville

La proposition de la Commission européenne visant à élargir le champ d’application de la directive sur les émissions industrielles au secteur de l’élevage (avec un seuil de 150 UGB), est «construite sur des données de 2016 et pourrait en réalité toucher en Europe plus du triple des exploitations porcines et près du quadruple des exploitations avicoles que ce qui a été indiqué aux Etats membres», dénoncent la Fédération nationale porcine (FNP) et la Confédération française de l’aviculture (CFA) dans un communiqué du 20 février. Selon Bruxelles, 13% des exploitations de l’UE seraient visées par la proposition mais une récente présentation de la direction générale de l’Environnement de la Commission européenne, au sein d’un groupe de travail du Conseil, a montré que ces chiffres datent de 2016 alors que la Commission dispose de données de 2020 qui contredisent les pourcentages avancés. Selon, les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) les pourcentages passent, pour la volaille de 15 à 58% des exploitations et pour le porc de 18 à 61%. «En France, l’estimation de la proportion d’élevages touchés passerait en volaille de 18 à 72% et en porc de 7 à 93%!»,ajoutent FNP et CFA en se basant sur des estimations des instituts techniques français. Des affirmations que le commissaire européen à l’Environnement, Virginijus Sinkevicius réfute. Sur Twitter, il a répété le 21 février que la proposition de la Commission «ne couvrira pas plus d’exploitations. En fait, elle couvrira même 50000 exploitations de moins que prévu!». Ce texte est actuellement en discussion au sein du Conseil de l’UE et du Parlement européen, qui l’un comme l’autre réfléchissent à des moyens de préserver les exploitations (bovines principalement) familiales et bio.

Didier Bouville

Le nombre d’agriculteurs ayant souscrit à une assurance récolte chez l’assureur Pacifica (Crédit agricole Assurances) a augmenté de 32% en 2023 par rapport à l’an passé, a annoncé le groupe en conférence de presse le 21 février. «Nous avons des premiers résultats qui sont extrêmement encourageants et qui vont dans le sens d’une meilleure assurance de la ferme France», s’est réjoui le directeur général de Crédit Agricole Assurances Philippe Dumont. Selon les chiffres arrêtés au 11 février, le nombre d’assurés a augmenté de 35% en grandes cultures, de 16% en viticulture, de 54% en arboriculture et de 68% en prairies. Ceci, alors que les exploitants ont jusqu’au 28 février inclus pour souscrire à un contrat en arboriculture et en viticulture, et jusqu’au 31 mars pour les prairies et les céréales de printemps. En outre, Pacifica a annoncé une baisse des cotisations (primes d’assurance récolte) grâce à la prise en charge par l’État des pertes catastrophiques dans le cadre de la réforme entrée en vigueur le 1er janvier. «À iso garanties (franchise, capital assuré, espèce et localisation géographique similaires, NDLR), on est sur une baisse en grande cultures et en viticulture de l’ordre de 10 à 15%, et en arboriculture et en prairies de l’ordre de 30 à 45%», a indiqué le directeur du marché de l’agriculture de Pacifica Jean-Michel Geeraert. Pour autant, nombre d’assurés ont vu leur cotisation augmenter car ils ont décidé d’améliorer leur couverture assurantielle au vu de l’augmentation des cours des matières premières et de la hausse des coûts de production, a-t-il précisé.

Didier Bouville

«Nous avons atteint depuis trois ou quatre ans l’équilibre dans la filière entre cédants et candidats à l’installation en ovin viande», se félicite Patrick Soury, président de la section ovine d’Interbev. Selon les chiffres de l’Idele, cet équilibre se traduirait par le départ de 500 éleveurs possédant plus de 50 brebis chaque année, pour 500 installations. «Nous marquons cependant le pas en termes de nombre de bêtes, puisque les jeunes s’installent avec des cheptels réduits», note Patrick Soury, alors le cheptel ovin serait en recul de 3% en 2021 par rapport à la moyenne 2016-2020 (chiffres FranceAgriMer). À l’heure où le gouvernement planche sur une loi et un plan dédiés à l’installation, la filière ovine «a subi la problématique de la transmission bien avant les autres», rappelle Patrick Soury. C’est d’ailleurs pour répondre à ces enjeux qu’Interbev avait créé les Ovinpiades, qui fêteront leur dix-huitième édition lors du prochain Salon de l’agriculture. Côté économique aussi, «les cours n’ont jamais été aussi hauts», poursuit Patrick Soury, signalant toutefois la hausse concomitante des coûts de production. Surveillant de près les risques d’installations «éphémères» en ovin, Patrick Soury estime que l’accès au foncier sera la clé pour sécuriser les transmissions dans l’ensemble du secteur, tout comme «la garantie d’un vrai niveau de revenu».

Didier Bouville

«La décapitalisation du cheptel français est notre premier sujet d’inquiétude», estime le président de Culture Viande Gilles Gauthier, cité dans un communiqué le 20 février. La fédération de l’abattage-découpe rappelle que la France a perdu 10% de son cheptel bovin depuis 2016 (soit 837 000 vaches allaitantes et laitières en moins). La situation est également inquiétante en porc, avec une offre en sortie d’élevages qui a «déjà baissé de 6%» sur un an début 2023, propulsant le cours au Marché du porc breton à «un niveau historique» (2,196 €/kg à la séance du 20 février). Conséquence de ce déficit d’animaux: «Des difficultés d’approvisionnement qui ne nous permettent plus d’optimiser notre appareil de production», déplore M. Gauthier. Dans le même temps, «nos coûts industriels flambent» en raison notamment de la guerre en Ukraine (+324% de hausse prévue en 2023 pour la facture énergétique des «grands abattoirs»). Alors que les négociations annuelles avec les distributeurs s’achèveront fin février, «faute de pouvoir faire passer les hausses de tarifs indispensables, nos entreprises qui maillent notre territoire vont disparaître», prévient le président de Culture Viande. «Déjà plusieurs d’entre elles se déclarent en cessation de paiement.»

Didier Bouville

Avant d’être lancée, comme prévu par la loi Egalim 2 de 2021, l’expérimentation du Rémunérascore (affichage de la rémunération des agriculteurs) sur les produits alimentaires devait faire l’objet d’un rapport de cadrage du CGAAER (ministère de l’Agriculture), qui a été rendu en novembre et vient d’être publié ce 20 février. Les auteurs préconisent une expérimentation large et de cinq ans, au moins. Si le texte de loi évoquait la viande bovine, les produits laitiers et le bio comme champ possible d’expérimentation, le CGAAER propose que le décret fixe un périmètre couvrant «l’ensemble des produits alimentaires et des circuits de commercialisation». Mais de préciser que la restauration collective «semble devoir être exclue», compte tenu d’une plus faible diversité de choix de consommation. Quand à la durée, le maximum de cinq ans fixé par la loi «n’est nullement excessif»; les auteurs n’excluent pas d’ailleurs «qu’une prolongation de l’expérimentation se révèle nécessaire». Enfin, pour le CGAAER, l’expérimentation doit permettre de fixer des règles de calcul harmonisées du Rémunérascore (notamment en produits transformés) et les modalités d’affichage, mais aussi d’estimer les coûts de ce dispositif. Pour piloter l’expérimentation, deux équivalents temps plein et 200 000 euros par an devraient être nécessaires au ministère.

Didier Bouville