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La commission de l’Environnement du Parlement européen (Comenvi) a adopté le 24 mai sa position sur la révision de la directive européenne sur les émissions industrielles en élargissant son champ d’application au secteur de l’élevage mais dans des proportions inférieures à ce que proposait la Commission européenne. Les eurodéputés se sont prononcés pour un seuil d’entrée dans le dispositif de 300 unités de gros bovins (UGB) pour les élevages de bovins, 200 UGB pour ceux de porcs et de volailles et 250 UGB pour les exploitations mixtes. La Commission européenne proposait que ce seuil soit fixé à 150 UGB pour l’ensemble des élevages. La position de la Comenvi (responsable sur ce dossier) est moins conservatrice que celle voulue par la commission de l’Agriculture qui demande d’exclure totalement les exploitations bovines du champ d’application de la directive et de maintenir le statu quo pour les secteurs du porc et de la volaille. Le Parlement européen doit encore adopter sa position définitive en plénière (lors de la session du 10 au 14 juillet) puis des négociations pourront débuter avec les États membres. Ils se sont, eux, mis d’accord au mois de mars sur des seuils d’entrée dans le dispositif pour les élevages de bovins et les porcs fixés à 350 UGB, pour ceux de volaille à 280 UGB et pour les exploitations mixtes à 350 UGB.

Didier Bouville

Avec une chute de 3,3% sur un an, «la décapitalisation s’accélère dans le cheptel allaitant» au mois d’avril, alerte l’Idele (Institut de l’élevage) dans sa lettre Tendances publiée le 23 mai. Comme l’explique l’institut technique, «la très forte baisse des entrées de primipares (génisses, NDLR) dans les troupeaux est responsable de cette accélération, et non un afflux de vaches de réforme». Sur un an, les entrées de génisses ont ainsi reculé de 10% en mars et de 8% en février. Le cheptel laitier connaît le même phénomène, même si la décapitalisation y est relativement moins rapide que celle du cheptel allaitant (-2,4% en avril). En comptant tous les types d’animaux, le cheptel bovin a fondu de 10% en cinq ans. Au 1er avril, la France comptait 16,952 millions de têtes (dont 3,569 millions de vaches allaitantes et 3,376 millions de vaches laitières). La décapitalisation continue de provoquer une baisse des abattages, de l’ordre de 6% en un an sur les semaines 12 à 19 (du 20 mars au 8 mai). Le phénomène s’accentue, car «le faible nombre de génisses de renouvellement [incite] les éleveurs à retenir leurs vaches», remarque l’Idele. Sur l’ensemble de l’année 2022, la baisse des abattages avait atteint 4,7% par rapport à 2021.

Didier Bouville

Dans une lettre ouverte adressée le 23 mai à Elisabeth Borne, la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) exhorte la Première ministre à donner son «plan» pour la filière viande bovine, au lendemain de la présentation du plan du gouvernement pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la publication d’un rapport de la Cour des comptes concluant à la nécessité de réduire le cheptel bovin. «Nous voulons savoir ce que vous planifiez, vraiment, pour l’avenir de notre secteur», demandent les producteurs. Les recommandations de la Cour des comptes sont ressenties comme une «vraie blessure», déclare le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau à l’AFP. «On est particulièrement agacés du procès qui est fait à l’élevage français», affirme-t-il. Dans sa lettre, la FNB demande notamment à Mme Borne de clarifier sa position entre le soutien à la production animale et celui apporté aux alternatives végétales après des déclarations du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Le syndicat qualifie le tweet publié par ce dernier à l’issue d’une visite sur un site de production de similis de viande, le 17 mai, de «communication publicitaire» en faveur de la «fausse viande». À l’occasion de son congrès, en février, la FNB appelait déjà le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau à «préciser le modèle d’élevage» que le gouvernement veut promouvoir.

Didier Bouville

Lors de la dernière réunion du groupe de travail Installation et Transmission le 23 mai, des «mesures phares» ont émergé de la concertation sur le Pacte et la Loi d’orientation agricole (LOA), selon une synthèse des points de consensus remise aux participants. La proposition d’un guichet unique dans le parcours à l’installation fait l’unanimité. Il s’agit d’ouvrir aux exploitants et salariés des points d’accueil abordant aussi la transmission, la formation, et présentant la diversité des acteurs impliqués. Sur le volet Transmission, un consensus se dégage sur le besoin de développer les fonds de portage de foncier, d’avoir de nouveaux outils, notamment autour d’une transformation des GFA (groupements fonciers agricoles) selon le modèle des GFI (groupements forestiers d’investissement). Il est aussi question d’un diagnostic «transmissibilité» de l’exploitation. Sur la thématique Investissements, des évolutions fiscales sont réclamées au profit des cédants qui ont fait un effort dans les conditions de reprise (exonération des plus-values, etc.), mais aussi des repreneurs pour favoriser le remplacement ponctuel, les baux à long terme. Autre mesure phare: l’encouragement de dispositifs sociaux permettant d’améliorer la qualité de vie.

Didier Bouville

Dans un rapport publié le 22 mai, la Cour des comptes préconise de définir «une trajectoire d’évolution du cheptel» bovin français afin de «piloter sa nécessaire réduction», considérant que la baisse actuelle des troupeaux laitier et allaitant est trop «limitée» pour atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre de la France (réduction des émissions de méthane de 30% d’ici 2030). En ce qui concerne la filière allaitante, le rapport souligne que 28% des adultes consommeraient plus de viande rouge que les recommandations nutritionnelles (500 g par semaine), d’après l’Anses. La Cour en conclut qu’une «baisse raisonnable pourrait, de fait, facilement être absorbée par des comportements individuels plus vertueux». En plus d’une «réduction quantitative globale», le rapport préconise d’engager une réflexion sur l’adaptation de «la composition du cheptel et [des] systèmes de production aux besoins et aux attentes des consommateurs». Et ce en encourageant l’engraissement sur le territoire français. Elle rappelle, que la France, bien que premier producteur de bovins de l’UE, importe 20% de la viande qu’elle consomme, car son modèle est tourné vers l’export de jeunes bovins vifs. Enfin, la Cour donne des pistes pour renforcer la collaboration entre les filières lait et viande, via une «meilleure articulation» entre les deux filières et une «promotion de races mixtes».

Didier Bouville

Lors de la réunion du Conseil national de la transition écologique le 22 mai, la Première ministre Élisabeth Borne et son équipe du secrétariat de la Planification écologique ont pu présenter les grandes lignes d’un plan permettant de réduire les émissions françaises de gaz à effet de serre de 138 Mt d’ici 2030. Le gouvernement envisage en particulier de trouver environ 25 Mt à réduire dans le secteur agricole, soit 20% de l’effort national. Les principales économies seront à trouver grâce à de meilleures utilisations des engrais (-6 Mt), à la réduction tendancielle de l’élevage et à l’amélioration des pratiques (-5 Mt), ou encore grâce au développement des prairies (4 Mt), à égalité avec l’application du zéro artificialisation nette. Afin de «sécuriser» ces leviers, une réunion sera organisée avec les acteurs du monde agricole le 9 juin prochain. En parallèle, Matignon poursuivra le travail engagé avec les collectivités «sur la méthodologie de territorialisation» de ce cadre de planification écologique. Autant d’annonces qui ne représentent, pour Anne Bringaut, directrice des programmes du Réseau action climat, que «des amuse-bouches et un menu avec des projets de trajectoires». «Nous attendons toujours des mesures plus concrètes afin d’engager la transition écologique et juste nécessaire», souligne la militante.

Didier Bouville

La décarbonation de l’économie française «va appeler à un supplément d’investissement», confirme un rapport publié par l’économiste Jean Pisani-Ferry et l’inspectrice générale des finances Selma Mahfouz, estimant selon l’AFP les besoins à 66 milliards d’euros par an. Les prochaines années sont qualifiées par ce document de «décennie de toutes les difficultés» avec des besoins massifs pour financer les nouvelles mobilités, l’industrie verte ou l’isolation des bâtiments, ou encore pour compenser l’effondrement du puits de carbone forestier français. Pour financer les efforts, les experts proposent un impôt «exceptionnel et massif» sur les contribuables les plus riches, en plus de recourir à l’endettement. «Le gouvernement doit trancher sur la répartition des actions dans le temps, sur l’ampleur du soutien aux ménages et sur l’accompagnement de la transition en matière de marché du travail et de compétences: cela demande une planification sur trente ans», détaille Jean Pisani-Ferry dans une interview accordée à nos confrères du Monde (article payant). Saluant un rapport d’une «grande utilité», Matignon confirme que «le défi est très grand». «C’est pour cela que nous mettons en œuvre la planification écologique», rappelle-t-on dans l’entourage d’Élisabeth Borne.

Didier Bouville

Le bilan humain des inondations qui frappent l’Emilie-Romagne, riche région agricole et touristique du nord de l’Italie, s’est encore aggravé le 19 mai, passant à 14 morts, sur fond de polémique autour de l’inaction des pouvoirs publics. «Nous reconstruirons tout. Mais la filière agroalimentaire et maraîchère a besoin d’être indemnisée à 100%. Nous avons eu la sécheresse, le gel, et maintenant ces inondations dramatiques», a rappelé le président de la région, Stefano Bonaccini. L’Italie connaît un mois de mai pluvieux et frais mais un véritable déluge s’est abattu ces derniers jours sur l’Emilie-Romagne: d’immenses superficies agricoles ont été noyées sous les eaux, ravageant champs de céréales, maraîchages, fourrage pour le bétail, des villages entiers ont été lavés par les crues boueuses, des ponts se sont effondrés et 400 routes se sont affaissées, des glissements de terrain ont creusé le relief. Les dégâts se compteraient en milliards d’euros, auxquels s’ajoutent deux milliards estimés après les inondations ayant déjà frappé la région au début du mois. «Cinq mille exploitations agricoles ont fini sous l’eau: des serres, des pépinières, des étables dont les bêtes sont noyées, des dizaines de milliers d’hectares inondés de vigne, de kiwis, de poires, de pommes, de légumes et de céréales», a détaillé la Coldiretti (syndicat agricole), le 18 mai.

Didier Bouville

La Première ministre Elisabeth Borne doit dévoiler le 22 mai son plan d’actions pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France, et demander «à tout le monde de faire sa part», des particuliers aux gros pollueurs. Matignon a indiqué le 20 mai que la cheffe du gouvernement allait présider lundi une réunion de travail du Conseil national de la transition écologique, une instance de dialogue réunissant ONG, syndicats, patronat, parlementaires… «L’objectif (…) sera de faire un point d’étape sur l’avancement de la planification écologique, dont la Première ministre est en charge». Plus précisément, selon une source à Matignon, Mme Borne présentera le «plan d’actions» du gouvernement pour réduire les émissions secteur par secteur (industrie, transport, bâtiments, agriculture, énergie, déchets). L’annonce interviendra une dizaine de jours après que, dans l’affaire dite de Grande Synthe, le Conseil d’État a demandé au gouvernement de «prendre toutes mesures supplémentaires utiles pour assurer la cohérence du rythme de diminution des émissions de gaz à effet de serre» avec la trajectoire fixée par décret dans la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Se basant sur des rapports des ONG et du Haut Conseil pour le Climat, le Conseil d’État souligne notamment pour le secteur agricole que «le plan stratégique national n’est pas suffisamment abondé et ne permettrait en l’état, au mieux, que d’atteindre la moitié des objectifs du secteur d’ici 2030».

Didier Bouville

Le ministre de l’Economie a inauguré le 17 mai la nouvelle usine de la société HappyVore (ex-Les Nouveaux fermiers), spécialisée dans les alternatives végétales à la viande. En choisissant cette société, déjà en conflit avec plusieurs filières, et en mettant en avant les atouts climatiques de ses produits sur les réseaux sociaux, Bruno Le Maire a provoqué des réactions agacées de la filière viande. En effet, sur Twitter, l’ancien ministre de l’Agriculture a déclaré que «Happyvore est l’exemple parfait de ce que nous voulons construire avec le projet de loi Industrie Verte : développer une activité économique tout protégeant la planète.» Puis il a ajouté: «Le saviez-vous ? 100g de protéines végétales génèrent de 60 à 90 % de gaz à effet de serre en moins que 100g de protéines animales.» Dans une réponse sur Twitter, le président d’Interbev, Jean-François Guihard accuse le ministre de «dénigrer nos filières animales» et met notamment en avant ses «500 000 emplois» ainsi que son«maillage territorial essentiel à notre pays !» En 2022, plusieurs interprofessions des filières viande, dont Interbev, s’étaient déjà plaints des Nouveaux Fermiers auprès du Premier ministre. Elles dénonçaient «une stratégie visant à profiter de l’image culinaire de la viande – en usurpant le terme « fermier » pourtant protégé juridiquement, ainsi que tous les « codes » de la viande – pour finalement dénigrer les produits des filières françaises d’élevage.»

Didier Bouville