Fil info

Avec 68% des niveaux des nappes sous les normales mensuelles en avril (75% en mars 2023), la situation demeure «peu satisfaisante» dans une grande partie du pays, a indiqué le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) dans un communiqué de presse du 17 mai. «La situation en début de printemps est plus déficitaire que l’année dernière», où seulement 58 % des nappes étaient sous les normales en avril, souligne-t-il. «Durant l’automne et l’hiver, les pluies ont été peu efficaces pour la recharge des nappes», souligne le BRGM. «En mars et en avril 2023, le cumul des précipitations a été excédentaire sur une grande partie du territoire», ajoute-t-il avant de préciser que l’effet bénéfique sur les tendances est «hétérogène», selon le cumul et la réactivité de la nappe. Ainsi, la situation s’est «améliorée considérablement sur les nappes du Massif armoricain, du littoral de la Manche et du Grand-Est. «Ailleurs, les pluies ont eu peu d’effet sur les tendances et l’état des nappes» souligne le BRGM, qui précise que dans le sud de la France, les pluies infiltrées en profondeur «ont été insuffisantes voire inexistantes». En l’absence de précipitations suffisantes, la vidange devrait se généraliser à l’ensemble des nappes courant mai.

Eva DZ

En France, la part de personnes déclarant ne pas pouvoir manger à leur faim est passée de 12 à 16% en cinq mois entre juillet et novembre 2022, révèle une enquête du Crédoc (centre de recherche rattaché au ministère de l’économie). Ce pourcentage avait augmenté de 3% entre 2016 et 2022, passant de 9 à 12%. Autre signe de la hausse de la précarité alimentaire : 45% des Français déclarent avoir assez à manger, mais ne pas avoir accès à tous les aliments qu’ils souhaiteraient en terme de qualité. Leur nombre est en hausse de 3% par rapport à 2016. L’inflation est le premier facteur avancé pour expliquer cette hausse de la précarité alimentaire : les trois quarts des personnes interrogées expliquent en effet que leur situation est liée à un manque d’argent. D’autres facteurs peuvent également entrer en jeu comme des difficultés à se déplacer pour aller faire ses courses, accentuées par la hausse des prix des transports en commun ou de l’essence. Les jeunes adultes (moins de 40 ans) sont ceux qui ont le plus de mal à se nourrir en quantité suffisante. Un jeune adulte sur quatre ne mange pas à sa faim. Les femmes sont plus exposées que les hommes (18% contre 14% pour les hommes).

Eva DZ

En déplacement le 17 mai, Marc Fesneau a annoncé un nouveau plan d’aide au secteur bio «équivalent à 200 M€ de soutien sous diverses formes» selon son entourage. Le ministre accordera 60 M€ supplémentaires d’aides d’urgence, en complément des 10 M€ annoncés au salon de l’agriculture. Alors que la première enveloppe est distribuée selon des critères hétérogènes en fonction des départements, cette nouvelle aide devrait faire cette fois l’objet de critères «définis en centrale». En complément, l’État s’engage à «faire respecter les seuils prévus par Egalim dans ses établissements», pour un montant additionnel de commande bio évalué à 120 M€ annuels. Pour encourager la demande, la Rue de Varenne versera par ailleurs 500 000 € à l’Agence bio pour la campagne Bioréflexe, en plus d’une autre campagne financée par France 2030 à hauteur de 3 M€. «C’est une bonne nouvelle que le gouvernement ait mesuré la détresse des producteurs bio», réagit Henri Bies-Peré, vice-président de la FNSEA, rappelant que les interprofessions avaient chiffré les besoins entre 100 et 150 M€. Le président de la Fnab Philippe Camburet salue de même la «réponse» ministérielle, tout en estimant que les enveloppes «ne compenseront pas les pertes dues au plan stratégique national».

Eva DZ

L’examen de la proposition de loi «pour un choc de compétitivité de la ferme France» en plénière au Sénat a commencé, le 16 mai en milieu d’après-midi, en présence du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Le représentant du gouvernement juge que le débat ouvert par les sénateurs est «utile» en amont du travail sur le projet de loi d’orientation agricole (PLOA). Le texte du gouvernement «aura vocation à élargir encore le spectre des sujets dont nous auront à débattre aujourd’hui», a-t-il déclaré en séance. Interrogé au micro de RMC le matin même, Marc Fesneau a cependant exprimé son «désaccord avec le Sénat» au sujet de l’Anses. L’article 13 donne la possibilité au ministre de l’Agriculture de suspendre temporairement une décision de l’agence lorsqu’elle n’est pas synchronisée avec les autres états membres de l’Union européenne et qu’il n’existe pas d’alternative efficiente. Le locataire de la rue de Varenne estime que «remettre en cause l’Anses dans ses fondements» serait «une erreur». Il rappelle la volonté du gouvernement de «réduction de l’usage des produits phytosanitaires». Une motion de rejet préalable, déposée par les sénateurs écologistes et soutenue par le groupe socialiste, a été rejetée à l’ouverture des débats au Sénat.

Didier Bouville

Dans un rapport paru le 12 mai sur la «dépendance des industries agroalimentaires à l’égard des biens et services étrangers», le CGAAER (ministère de l’Agriculture) dépeint une «grande puissance agroalimentaire» qui souffre toutefois de «fragilités intrinsèques» («manque de compétitivité et innovation») et de «vulnérabilités externes» (dépendances de l’amont et de l’aval aux intrants et aux énergies, ou liées à la géographie). Pour y remédier, la mesure la plus marquante est une incitation fiscale à la constitution de stocks d’intrants et produits intermédiaires stratégiques, afin de se prémunir de chocs comme ceux connus durant les confinements liés au Covid-19. Par ailleurs, les auteurs proposent de constituer davantage de connaissances, filière par filière. Ils proposent d’améliorer l’appareil statistique et d’établir avec les professionnels une «revue de l’ensemble des filières», d’ici fin 2025. Étudiant par exemple le cas de la volaille de chair dans leur rapport, les auteurs établissent une «analyse rassurante» malgré l’importance des importations, car celles-ci proviennent essentiellement d’Europe. Toutefois, ils mettent en garde sur la tendance de la filière française à creuser ce déficit, qui expose à un risque de «dépendance majeure à échéance de dix ans».

Didier Bouville

«En 2023, les surfaces de maïs grain sont au plus bas depuis plus de 30 ans, celles de tournesol au plus haut depuis 25 ans», prévoit le service de statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) dans une note de conjoncture parue le 16 mai. Les surfaces de maïs grain – y compris semences – sont estimées à 1,3 Mha, soit environ 100 000 ha de moins qu’en 2022 et 200 000 ha de moins que la moyenne 2018-2022. «Pour la première fois depuis trente ans, la sole de maïs serait donc en deçà de 1,4 Mha», souligne le ministère. Hormis en Bretagne, où les surfaces seraient en légère hausse de 4 %, la baisse est générale. Elle est particulièrement marquée en Pays de la Loire (-17 %) et en Occitanie (-11%). Les semis ne sont néanmoins pas terminés: au 1er mai 2023, 59% des semis étaient réalisés, contre 81 % en 2022, selon le rapport Céré’Obs. Au contraire, les surfaces de tournesol progresseraient de 0,8% et atteindraient 0,9 Mha. «Un record depuis la fin des années 1990», selon le ministère, qui précise que les semis de tournesol sont en cours et estimés à 868 milliers d’ha. A l’exception du Sud-Ouest, où les surfaces diminueraient légèrement, toutes les régions voient leurs surfaces de tournesol augmenter (+3 % en région Centre et dans le Grand-Est, +7 % dans les Pays de la Loire).

Didier Bouville

Dans trois des cinq enseignes de la grande distribution participant au «trimestre anti-inflation», les prix ont «légèrement augmenté» entre le 23 mars et le 10 mai sur un «large échantillon de produits» concernés par le dispositif, d’après une étude publiée par l’UFC-Que choisir le 15 mai. Il s’agit d’Intermarché, Casino et Système U, avec des hausses moyennes entre 1 et 1,5%. Chez Carrefour, les prix sont stables. Chez Auchan, ils sont en très légère baisse (-0,3%), mais l’enseigne est celle «qui avait auparavant accusé la plus forte hausse», rappelle l’association de défense des consommateurs. La ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire a déclaré, le 10 mai sur RTL, qu’«en moyenne, depuis sept semaines, les prix des produits du trimestre anti-inflation [avaient] baissé de 13%», en s’appuyant sur une enquête de la DGCCRF. «Malheureusement, cette déclaration est fausse», affirme l’UFC. Interviewé sur BFM TV le 15 mai, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire conteste à son tour les conclusions de l’UFC et dénonce «une méthodologie malhonnête». «Cette opération a commencé le 15 mars, il faut donc comparer les prix avant le 15 mars et les prix après le 15 mars», estime-t-il. Le gouvernement souhaite que l’initiative, qui doit s’achever au 15 juin, soit prolongée. Système U a déjà annoncé qu’il poursuivrait le dispositif jusqu’à la fin de l’année.

Didier Bouville

Un rapport, publié le 11 mai par le CGAAER (ministère de l’Agriculture), avance deux orientations prioritaires pour développer les solutions de portage: créer un fonds public «générant un effet levier pour la mobilisation de financements privés par des foncières», et constituer un fonds de garantie «pour fluidifier la mise en œuvre des financements bancaires utilisés tant pour financer les opérations de portage de plus court terme que pour compléter les fonds propres de foncières». Les opérateurs de portage sont confrontés d’une part à la couverture du risque des premières opérations et d’autre part au besoin de fonds institutionnels pour accompagner leur développement et faire levier pour la collecte de fonds privés, expliquent les auteurs. «La mobilisation d’une partie de l’enveloppe de 400 M€ «Entrepreneurs du vivant», annoncée par Emmanuel Macron en septembre 2022, permettrait de constituer un fonds confié à la Banque des territoires (…) pour accompagner les levées de fonds propres des acteurs de portage du foncier agricole», selon le rapport. Cela permettrait aussi d’abonder «un fonds de garantie, dont la gestion pourrait être confiée à BPI France». Lors du lancement le 3 mars de son fonds de portage, la FNSafer avait annoncé qu’un financement public «va nous rejoindre rapidement».

Didier Bouville

Après les 10 millions d’euros (M€) promis au Salon de l’agriculture fin février, le ministre de l’Agriculture devrait annoncer un volet d’aide complémentaire à l’agriculture biologique lors d’un déplacement dans l’Oise le 17 mai. Interrogé par nos confrères de France Inter le 14 mai, Marc Fesneau a précisé que cette nouvelle enveloppe «dépassera les 100 M€ en prenant en compte la commande publique». Face aux déclassements en conventionnel, les pertes pour 2022 avaient été estimées au total à 150 M€ par les interprofessions du lait, des fruits et légumes, et du porc. Des chiffres qui avaient conduit le président de la FNSEA Arnaud Rousseau à exiger, lors d’une interview accordée à France Info mi-avril, de «sortir 50 à 100 M€ rapidement». Pour l’heure, rappelle le président de la Fnab (agriculteurs bio) Philippe Camburet, les régions se sont vu affecter entre 500 000 € et 2 M€ chacune sur les 10 M€ déjà annoncés. Mais «des réunions ont montré que ces budgets n’étaient pas à la hauteur, et que les règles de répartition laissent de côté trop d’agriculteurs». Pour la Fnab, le nouveau plan devra donc viser «les fermes les plus à risque de déconversion, et les plus fragiles indépendamment des filières et des tailles». Dans le cadre du plan de sobriété sur l’eau, présenté fin mars, le gouvernement avait déjà annoncé 50 M€ supplémentaires dans les captages prioritaires pour «la valorisation» des MAEC et aides bio.

La rédcation

Didier Bouville

«Certains distributeurs relancent la guerre des prix les plus bas», dénonce la FNSEA qui plaide dans un communiqué du 11 mai pour que l’agriculture française ne soit pas «la grande sacrifiée de la lutte contre l’inflation». Le syndicat demande aux pouvoirs publics de faire «respecter les lois Egalim», expliquant que les coûts de production «ne baissent pas» et que «pour certaines productions, leur couverture n’est même pas atteinte». Il évoque des «tensions depuis quelques semaines» sur les prix d’achat à la production, faisant référence aux productions d’élevage. La construction du prix «en marche avant», grand principe des lois Egalim, doit rester «une priorité politique», insiste la FNSEA. «L’expérience démontre que ce ne sont pas les distributeurs qui prendront en charge les baisses de prix qu’ils brandissent en étendard du pouvoir d’achat: c’est inexorablement le producteur qui est sacrifié». Le syndicat majoritaire estime que «tout relâchement par rapport à l’esprit de la loi est une porte ouverte à des importations inacceptables», alors que le gouvernement pousse les distributeurs et les industriels à renégocier leurs contrats pour faire baisser les prix à la consommation.

Didier Bouville