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Les orages qui sévissent depuis le 19 juin ont causé par endroits des dégâts «catastrophiques» dans les exploitations agricoles de nombreuses régions, s’est alarmée le 22 juin la présidente de la FNSEA Christiane Lambert. «Chez moi dans le Saumurois, dans le Sud du Maine-et-Loire, de la grêle a complètement ravagé des vignes», a déclaré Mme Lambert à l’AFP. En Île-de-France et notamment en Seine-et-Marne, de fortes précipitations («80 mm le samedi soir et à nouveau 60 mm le dimanche») ont entraîné des coulées de boue dans les cultures céréalières, a-t-elle détaillé.

Elle a également fait état d’«énormes dégâts» en Bourgogne-Franche-Comté, avec parfois «des parcelles détruites à 100%» en Côte-d’Or; «idem dans le Doubs, avec des grêlons de 10 cm de diamètre». Même constat dans l’Yonne et la Saône-et-Loire, avec des dégâts sur les cultures céréalières et sur les vignes. Parmi les autres secteurs touchés de la France agricole: Allier, Ardèche, Gers, Aude, Lot-et-Garonne et Gironde. «Ce qui est impressionnant, c’est la violence des orages et le fait que ça touche les trois quarts de la France», a poursuivi la présidente de la FNSEA. Parmi les quelques rares régions épargnées, la Bretagne, Paca et la Corse, selon elle.

Didier Bouville

Les experts agricoles des États membres ont globalement salué, lors du comité spécial Agriculture le 21 juin, la dernière proposition de compromis préparée par la présidence portugaise du Conseil en vue du super trilogue prévu les 24 et 25 juin pour finaliser les négociations sur la Pac. Sur les éco-régimes, une part de 25% semble acquise avec un plancher qui devrait se situer autour de 20% pour les deux premières années (2023 et 2024). Le Portugal propose une part de 35% consacrée au mesures environnementales dans le second pilier avec un facteur de pondération de 60% pour les paiements en faveur des zones à handicap naturel.

Concernant les bonnes conditions agricoles et environnementales, le Conseil plaide pour la reconnaissance de la diversification des cultures comme pouvant être équivalente à la rotation; et 4% de surfaces non productives, pouvant être réduites à 3% si les cultures dérobées et les cultures fixatrices d’azote sont également incluses. Enfin, pour l’alignement sur le Green deal, les plans stratégiques nationaux seraient mis à jour périodiquement pour tenir compte des objectifs fixés. Si un accord sur la Pac est conclu à l’issue du trilogue le 25 juin, il sera présenté aux ministres de l’Agriculture de l’UE le 28 juin pour approbation. Dans le cas contraire, prévient la présidence portugaise, les ministres seront informés que les négociations se poursuivront sous la présidence slovène au second semestre.

Didier Bouville

La coopérative Arterris commercialise depuis mai de la viande de bœuf «haut de gamme» sous la marque Occitalia, annonce-t-elle dans un communiqué le 21 juin. Proposée dans les boucheries traditionnelles, GMS et magasins spécialisés, cette marque joue la carte locale, avec des races bovines (aubrac, blonde d’Aquitaine, gasconne, limousine) qui «possèdent un ancrage territorial fort». Cette nouvelle filière regroupe trois cents éleveurs adhérents d’Arterris pour une production de 1000 animaux par an, «nés et élevés en Occitanie», et «nourris à l’herbe, présente naturellement sur les exploitations pendant 24 mois minimum». Les bovins consomment aussi des graines de lin «tout au long de l’engraissement», ainsi que des graines de tournesol «pour contribuer à l’apport d’oméga 9 qui apportent du gras persillé et de couverture». Pour la suite, Arterris «envisage l’export de sa viande vers le Japon et la Chine», et prévoit de s’adresser «aux grands chefs, afin que le savoir-faire culinaire du Pays d’Oc soit valorisé sur de grandes tables».

Didier Bouville

La Section nationale des propriétaires ruraux de la FNSEA (SNPR) demande que les acquisitions de parts sociales familiales foncières n’entrent pas dans le champ du contrôle de l’agrandissement, alors que la version actuelle de la proposition de loi (PPL) Sempastous prévoit le contrôle dans certains cas. En effet, la PPL pour le contrôle de l’accaparement des terres agricoles, telle qu’issue du vote de l’Assemblée, prévoit que les acquisitions de parts sociales familiales foncières ne seront pas contrôlées, sauf si l’acquéreur n’est pas exploitant. «C’est un non-sens économique. Les propriétaires sont des apporteurs de capitaux essentiels à l’installation de fermiers. Ils risquent de diriger leurs investissements ailleurs que dans l’agriculture», a alerté Patrice Joseph, président de la SNPR, le 21 juin, à quelques jours du congrès de l’organisation, le 2 juillet à Chartres. La SNPR demande au Sénat d’exclure du contrôle les acquisitions de toutes les parts sociales familiales, y compris celles des non-exploitants.

Didier Bouville

«Alors que plus d’un quart de l’ensemble des dépenses agricoles de l’UE de la période 2014-2020 – soit plus de 100 milliards d’euros – ont été allouées à la lutte contre le changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole n’ont pas baissé depuis 2010», constate la Cour des comptes de l’UE dans un rapport du 21 juin. Elle regrette que la Pac finance des mesures au «faible potentiel d’atténuation du changement climatique», voire même certaines qui «contribuent davantage au maintien des émissions qu’à leur réduction».

La Cour vise particulièrement les émissions du secteur de l’élevage qui, «si l’on tient compte des émissions générées par la production des aliments pour animaux (importations comprises)», continuent d’augmenter. Pourtant, souligne le rapport, «la Pac ne prévoit pas de limitation du cheptel, ni d’incitation à le réduire». La Cour recommande donc à la Commission de demander aux États membres de fixer des objectifs chiffrés de réduction des émissions dans leurs futurs plans stratégiques et de suivre annuellement avec des indicateurs l’effet des mesures d’atténuation financées.

Didier Bouville

Christiane Lambert, en sa qualité de présidente du Copa-Cogeca (organisations et coopératives agricoles de l’UE), a mis en garde, le 18 juin à l’occasion d’une conférence de presse, les négociateurs des institutions européennes qui s’apprêtent à finaliser les discussions sur la future Pac, leur demandant de s’en tenir à «des objectifs environnementaux réalistes et réalisables». Les trois institutions de l’UE espèrent conclure un accord lors du super trilogue des 24 et 25 juin, qui devra ensuite être avalisé par les ministres de l’Agriculture des Vingt-sept les 28 et 29 juin à Luxembourg.

Christiane Lambert prévient que «la Pac n’est pas qu’un outil de verdissement», et que pour pouvoir mener les transitions demandées, il faut «de la stabilité, de la visibilité et des soutiens». Elle s’inquiète également des exigences qui pourraient être fixées concernant la rotation obligatoire des cultures à la parcelle et le pourcentage minimal de surfaces non productives. La présidente du Copa-Cogeca a également regretté le récent vote du Parlement européen qui appelle à interdire l’élevage d’animaux en cage à partir de 2027, alors que, rappelle-t-elle, «nous manquons encore de solutions techniques» et que «les consommateurs ne sont pas prêts à payer plus chers».

Didier Bouville

Le Sénat a adopté le 18 juin l’amendement déposé par le gouvernement en vue d’un financement extra-budgétaire de la filière biométhane, dans le cadre du projet de loi Climat. Cet amendement vise à mettre en place une nouvelle source de financement du développement de l’injection de biométhane, à côté du mécanisme actuel de subventions. L’Etat imposerait de nouveaux objectifs à la filière sans en indemniser les surcoûts. Lors de la discussion à l’hémicycle, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a expliqué les grandes lignes de ce projet de dispositif additionnel, qui tend à imposer aux fournisseurs de gaz naturel une obligation de restitution à l’État de certificats de production de biogaz: «Les fournisseurs (de gaz, comme Engie ou GRDF, NDLR) pourront s’acquitter de cette obligation nouvelle, soit en produisant directement du biogaz, soit en acquérant des certificats auprès de producteurs qui ne bénéficient pas d’un soutien par tarifs d’achat». Rappelons que les producteurs qui ne bénéficient pas d’un soutien par tarifs d’achat sont des installations de grande taille.

Didier Bouville

Alors que doit paraître «dans les prochains jours» un Plan d’action climat du ministère de l’Agriculture, qui sera sa déclinaison de la seconde Stratégie nationale bas carbone (SNBC-2), et du second Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-2), le cabinet de Julien Denormandie a fait savoir à Agra presse que son Plan climat n’inclura pas «d’objectif» ou de «stratégie» de réduction des cheptels. Le ministre réagit à la parution dans nos colonnes des trajectoires de cheptel utilisées en 2018 au sein du ministère de l’Agriculture dans le cadre des travaux préparatoires à l’élaboration de cette SNBC-2.

Si l’on reconnait au cabinet que la réduction des cheptels fait partie des scénarios tendantiels et qu’elle participerait, de fait, à l’atteinte des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, l’objectif du ministre est plutôt celui d’un maintien des cheptels dans le cadre de son objectif de «souveraineté alimentaire», assure-t-on. Dans cette hypothèse de maintien, les mesures identifiées seraient alors «plus fortement sollicitées» que dans un scénario de baisse, pour atteindre tout de même l’objectif de baisse de 19% de réduction des émissions fixé au secteur agricole français. «Notre objectif est de concilier la préservation d’une agriculture forte au service de la souveraineté alimentaire avec les transitions vers une réduction des gaz à effet de serre», explique le cabinet. Le Plan d’action climat avait été commandé par Matignon fin 2020 au ministère de l’Agriculture.

Didier Bouville

Dans un communiqué du 17 juin, la fédération des entreprises d’abattage/découpe Culture Viande annonce avoir signé la charte d’engagement Duralim «pour la promotion et l’amélioration de la durabilité de l’alimentation des animaux d’élevage». «Les entreprises françaises des viandes peuvent dès aujourd’hui revendiquer auprès de leurs fournisseurs et clients leur engagement dans Duralim», précise l’organisation, dont les adhérents réalisent 71% des abattages nationaux de bovins et porcs. Comme l’indique Culture Viande, «sur l’ensemble du cycle du vie des viandes, l’alimentation animale porte l’impact le plus fort sur le critère de durabilité». «Il est de notre responsabilité de nous assurer que les pratiques bien en amont de notre activité soient traçables», explique son président Gilles Gauthier, cité dans le communiqué. Lancée en 2016, la plateforme Duralim regroupe plus de 75 signataires. Elle doit présenter début juillet un nouvel outil contre la déforestation importée.

Eva DZ

«Nous avons besoin de 125 millions dans le cadre de la nouvelle Pac», assure Michèle Boudoin, présidente de la FNO (éleveurs ovins, FNSEA), lors d’une conférence de presse le 17 juin. Le syndicat déplore les récents arbitrages du gouvernement sur le Plan stratégique national (PSN) déclinant au niveau français la prochaine Politique agricole commune. «Nous ne pouvons pas perdre 3 millions d’euros par an. Il nous faut au minimum ce que les éleveurs ovins touchent aujourd’hui pour atteindre la souveraineté alimentaire et être en accord avec le plan de filière», alerte l’éleveuse. La FNO souhaite en effet «une aide ovine couplée forte». «Toutes les brebis méritent la même aide ovine», plaide Michèle Boudoin, ajoutant à l’aide couplée un «top-up» pour les signes de qualité, la productivité – c’est-à-dire «plus d’agneau par an et par brebis» -, les jeunes installés ou encore la prévision de mise sur le marché.

Eva DZ