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L’ancien président d’Euralis de 2000 à 2021, Christian Pèes, est décédé samedi 30 octobre à l’âge de 64 ans des suites d’une longue maladie, a-t-on appris dans un communiqué du groupe coopératif agricole, spécialisé dans la semence et l’agroalimentaire. Céréalier, installé à Athos-Aspis (Pyrénées-Atlantiques), il a quitté la présidence de la coopérative du Sud-Ouest en mars dernier. Son mandat avait marqué un «virage stratégique» pour Euralis qui, sous sa présidence, s’est développée sur le marché international pour devenir l’un des géants européens de la semence. «Christian a su anticiper les mutations de l’agriculture et de l’alimentation. Il avait un temps d’avance. Il était soucieux de son territoire et du maintien d’une agriculture familiale résolument tournée vers l’avenir», déclare son successeur Christophe Congues dans le communiqué.

Ancien président de Coop de France Métiers du grain et membre du bureau de Coop de France, Christian Pèes a présidé la Cogeca (représentation des coopératives de l’Union européenne) de 2012 à 2015. Il est également l’un des membres fondateurs du cercle de réflexion Agriculture Stratégie (ex-Momagri). Défenseur d’une régulation mondiale des marchés agricoles, il avait développé sa vision de l’agriculture dans son livre «L’arme alimentaire», paru en 2006.

 

Didier Bouville

«Le Sénat doit se montrer à la hauteur de l’enjeu du renouvellement des générations», indique le syndicat Jeunes Agriculteurs (JA) dans un communiqué le 2 novembre, à propos du débat sur la régulation du marché sociétaire, qui commencera le 3 novembre dans l’Hémicycle. «La commission des Affaires économiques du Sénat a bouleversé l’équilibre global [de la proposition de loi Sempastous] en diminuant son champ d’action, notamment par des exemptions», regrette «vivement» JA.

Le syndicat demande aux sénateurs de «redonner à ce nouvel outil toute son efficacité pour le renouvellement des générations». Ce qui passerait, selon lui, par «la fixation d’un seuil de déclenchement efficace, de 1 à 3 fois la SAUMR» (Surface agricole utile moyenne régionale), et non un maximum de 4 fois, comme proposé par le Sénat. S’il est décidé par le préfet, un seuil si élevé ne concernerait «que peu d’agrandissements». Le texte en discussion «doit permettre de maintenir des exploitations à taille humaine, mais également de favoriser l’installation des jeunes en luttant contre la concentration excessive des exploitations», appuie le communiqué de Jeunes Agriculteurs.

Didier Bouville

Le crédit d’impôt destiné aux agriculteurs qui n’utilisent plus d’herbicide à base de glyphosate, disposition rattachée à la loi de finances pour 2021, entre en vigueur en France, selon un décret publié le samedi 30 novembre au Journal officiel. Ce texte concerne les entreprises agricoles – à l’exception des pépinières, terres arables hors surfaces en jachère ou sous serres – qui «n’utilisent pas de produits phytopharmaceutiques contenant la substance active du glyphosate au cours des années 2021 et 2022».

Présentée fin 2020 sous forme d’amendement au projet de loi de finances pour 2021, cette mesure octroie un crédit d’impôt d’un montant forfaitaire de 2.500 euros pour les exploitations agricoles qui renoncent à utiliser du glyphosate en 2021. Elle s’applique non seulement au secteur des grandes cultures, mais également à l’arboriculture et la viticulture, ainsi qu’aux exploitations d’élevage présentes de manière significative dans au moins une de ces productions végétales, selon le ministère de l’Agriculture. La Commission européenne avait donné en mai son feu vert à la France pour la mise en place de ce crédit d’impôts.

Didier Bouville

Parmi les trois décrets parus les 30 et 31 octobre, deux concernent directement les producteurs: le premier instaure une entrée en vigueur anticipée de la contractualisation pluriannuelle obligatoire pour quatre filières (précisées ci-dessous) et un deuxième met en place une expérimentation du tunnel de prix pour la filière bovine. L’établissement d’un contrat pluriannuel entre l’agriculteur et son premier acheteur sera obligatoire dès le 1er janvier 2022 pour la filière bovine (jeunes bovins, génisses et vaches allaitantes), les porcs castrés et le lait de chèvre, le 1er juillet pour les broutards, et le 1er octobre pour le lait de brebis, contrairement au reste des filières concernées par la loi où l’obligation s’appliquera au plus tard au 1er janvier 2023.

Le lait de vache fait, lui, déjà l’objet d’une obligation de contractualisation depuis 2011. Le deuxième texte entérine l’obligation d’introduire une clause fixant un tunnel de prix pour les contrats de la filière viande bovine : les parties prenantes des négociations doivent définir des «bornes», un prix minimal et maximal, entre lesquelles le prix pourra varier.

 

Didier Bouville

Alors que les négociations commerciales 2022 débutent, les trois premiers décrets d’application de la loi Egalim 2, relative aux relations commerciales dans les filières alimentaires, ont été promulgués les 30 et 31 octobre, un mois avant la date butoir pour l’envoi des conditions générales de vente (CGV), première étape clé de la discussion annuelle entre industriels et distributeurs. L’essentiel de la loi Egalim 2, adoptée définitivement le 14 octobre par le Sénat, entrera ainsi en application dès le 1er novembre, juste à temps pour les négociations commerciales en cours. Les entreprises devront s’y conformer pour établir leurs CGV qui seront envoyées au plus tard le 30 novembre, trois mois avant la fin des négociations le 28 février.

L’un des décrets confirme la liste des produits exclus de la mesure de sanctuarisation du prix des matières premières agricoles à partir du premier acheteur, en raison de spécificités de production et de marché : les fruits et légumes frais (y compris les pommes de terre) ; les vins, spiritueux et cidres ; les eaux minérales et aromatisées ; les céréales et oléoprotéagineux de première transformation… Pour suivre la mise en application des textes, le ministère de l’Agriculture va mettre en place un comité de suivi.

Didier Bouville

Selon les informations de nos confrères de La France agricole, le groupe coopératif breton Cooperl, principal abatteur de porcs en France, a annoncé le 18 octobre à ses éleveurs adhérents «un prix de base inférieur de huit centimes» à la cotation du Marché du porc breton (MPB). Depuis la crise de 2015, la Cooperl – tout comme le groupe Bigard – ne paie plus ses producteurs selon le prix de base du MPB, mais selon une référence établie par l’entreprise. Après l’avoir quitté un temps, le groupe Cooperl continue toutefois de participer aux achats au MPB et donc à la fixation de ce prix de référence, contrairement au groupe Bigard.

Contacté par Agra presse, le président de la Cooperl Patrice Drillet confirme un prix inférieur à la référence de Plérin compte tenu d’une situation de marché très dégradée en Europe, mais ne communique pas le chiffre exact qu’il «réserve à ses adhérents». Il met en avant qu’il s’agit d’un prix à la semaine, et que la référence Cooperl était «supérieure de un à deux centimes depuis un an et demi». Par ailleurs, il souligne que le prix du cadran est une moyenne qui reflète déjà des situations de prix variées: les «groupes intégrés» tels que Kermené (Leclerc) ou Jean Rozé (Intermarché) proposeraient des prix supérieurs à ceux des «indépendants» comme Cooperl «davantage soumis à la concurrence européenne».

Didier Bouville

Les laboratoires Biodevas ont lancé, le 28 octobre, la première phase d’expérimentation grandeur nature d’une alternative à base d’extraits de plantes aux antibiotiques et aux intrants chimiques, développée dans le cadre du projet Néolac. Cent fermes adhérentes au groupe Sodiaal se sont portées volontaires pour tester le produit développé par Biodevas pendant un an, à l’instar d’une ferme expérimentale de l’Inrae entrée en phase de test début septembre.

Une expérimentation qui doit permettre de «valider l’efficacité de la solution en situation réelle.» L’alternative «naturelle» développée par Biodevas vise à améliorer l’immunité des vaches, prévenir la gestion de la période péripartum et limiter l’apparition des mammites au cours de la lactation et du tarissement. Le laboratoire estime un gain par ferme et par an «de plusieurs milliers d’euros» grâce à l’utilisation de son produit qui, selon lui, permettrait de réduire les frais d’élevage et les pertes économiques liées aux cas de mammites dans les troupeaux laitiers.

Didier Bouville

Dans un rapport dédié à l’agriculture, paru le 28 octobre, l’Institut Montaigne, cercle de réflexion libérale proche de la majorité présidentielle, fait une série de propositions, en vue de l’élection présidentielle, dont une grande partie rejoignent les travaux déjà engagés ou positions partagées par l’actuel gouvernement (clauses miroirs, plan protéines, soutien aux NBT…). Parmi les mesures nouvelles par le groupe de travail présidé par l’ancien ministre de l’Agriculture Hervé Gaymard, on trouve le lancement d’«Etats généraux du foncier agricole», en vue d’une loi dédiée sur le prochain mandat.

Ce chantier doit notamment «mettre sur la table la rénovation du statut du fermage.» Au travers de cette loi, l’Institut plaide également pour «remettre sur la table le fonctionnement actuel du contrôle des structures et le rôle des Safer». Les auteurs souhaitent notamment «confier un rôle bien défini (aux Safer) qui ne laisse plus place aux ambiguïtés.» Autre nouveauté du rapport: la création de deux fonds public-privé, l’un destiné à «déployer les innovations durables» dans les exploitations, l’autre visant la modernisation de l’agroalimentaire. Parmi les adhérents à l’Institut Montaigne, figurent les groupes Avril, Crédit Agricole et Groupama.

Didier Bouville

Un article du laboratoire Ladyss (CNRS) alerte sur l’évolution de la filière de la méthanisation vers «une logique d’industrialisation et d’extension» et «une prise de pouvoir des acteurs non-agricoles» aux dépends des agriculteurs. «Il n’est pas certain que les agriculteurs, à terme, parviennent à être des acteurs dominants de la méthanisation et à en dégager un revenu significatif, quelles que soient leurs spécificités», conclut l’auteur Pascal Grouiez. Cette étude publiée le 22 octobre par le CEP (Centre d’études et de prospective) présente les principales conclusions du projet de recherche Métha’revenus.

Financé par le ministère de l’Agriculture, il avait pour objet d’analyser la contribution de la méthanisation aux revenus des agriculteurs. L’auteur souligne le renforcement de la concurrence entre agriculteurs et industriels et le risque de transformer «une grande partie des agriculteurs en simples fournisseurs de substrats.» Il recommande le maintien d’une méthanisation agricole diversifiée alors que la technologie de la cogénération (électricité et chaleur produite par un moteur) est progressivement délaissée au profit de l’injection (biogaz directement injecté au réseau de gaz naturel), plus couteuse en investissements et en maintenance.

Didier Bouville

En pleine récolte, le maïs est sous la menace d’un approvisionnement limité en gaz pour le séchage, a alerté le 27 octobre l’AGPM (producteurs, FNSEA). «Certains fournisseurs alertent d’une possible rupture de livraison» de gaz, selon un communiqué. Ils «demandent même aux agriculteurs de «prendre les dispositions nécessaires pour anticiper au mieux une rupture éventuelle d’approvisionnement, en limitant autant que faire se peut votre consommation de gaz et en reportant si possible le ramassage de votre maïs», rapporte l’AGPM. Et le syndicat de répondre que «non, le maïs ne peut pas attendre!». «Récolter trop tard, c’est détériorer la qualité du grain avec des pertes de revenus inacceptables pour les maïsiculteurs déjà fortement pénalisés par l’explosion du coût du séchage», souligne l’AGPM. Sans oublier les conséquences «tout aussi dommageables» chez les utilisateurs de maïs.

 

Didier Bouville