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En s’appuyant sur une proposition de l’ancien député de l’Aveyron Arnaud Viala, le député du Cantal Vincent Descoeur (LR) a déposé à l’Assemblée nationale, le 25 janvier, une proposition de loi (PPL), cosignée par 46 députés, visant «à exclure les produits sous AOP et IGP de l’étiquetage Nutri?Score». Le logo nutritionnel, dont l’affichage est optionnel depuis 2017, est en bonne place pour emporter les faveurs de l’Union européenne qui doit statuer, fin 2022, sur un système d’affichage nutritionnel simplifié, harmonisé et obligatoire dans toute l’Europe. Or, ce système «s’avère inadapté et extrêmement pénalisant» pour les produits sous AOP ou IGP, estime Vincent Descoeur dans l’exposé des motifs. «En particulier pour les fromages qui, pour plus de 90 % d’entre eux, obtiennent les plus mauvaises notes et se trouvent classés D ou E en raison de leur teneur en graisses, en sel et de leur apport calorique», poursuit-il. Le député relaye les inquiétudes de la filière et pointe «le risque que les consommateurs se détournent de ces produits de terroir». Alors que les travaux des députés s’achèveront fin février, deux mois avant la présidentielle : «Il n’y a pas d’espoir que la proposition soit examinée mais, l’objectif était de lancer un signal d’alarme».

Didier Bouville

Jean Castex a annoncé le 1er février une «réactivation» des retenues d’eau actuelles et le lancement d’appels à projets sur une «nouvelle génération» de dispositifs de gestion de l’eau. Il s’agit de «mieux utiliser les infrastructures existantes», a-t-il dit en conclusion du Varenne agricole. «Dès cette année, nous allons lancer un inventaire exhaustif des ouvrages, en nous appuyant sur des images satellites, dans l’objectif de remobiliser des volumes d’eau stockée non utilisés. Cette réactivation des ouvrages, nous allons la commencer rapidement sur une dizaine de territoires pilotes.» Une rallonge de 13 M € du plan France Relance sera pour cela mobilisée «à très court terme» pour financer des projets identifiés par les préfets de bassins. Par ailleurs, le Premier ministre veut «faire émerger une nouvelle génération de dispositifs de gestion de l’eau». Cela concerne le pilotage intelligent des stockages, l’expérimentation pour récupérer les pluies diluviennes l’hiver, la réutilisation des eaux usées. Une part des 100 M € d’un guichet dans le plan France 2030 leur seront consacrés. Les premiers appels à projets ou expérimentation interviendront «dans les semaines qui viennent», selon lui.

Didier Bouville

Le charcutier Fleury Michon a annoncé le 1er février sa volonté d’«augmenter le plus rapidement possible sa part d’approvisionnement en viande de porc française, pour atteindre jusqu’à environ deux tiers de ses achats». Une mesure appliquée «tant que les cours resteront à des niveaux insuffisants», peut-on lire dans son communiqué, alors que les éleveurs subissent un effet de ciseaux entre la flambée de l’alimentation animale et des prix faibles. Le groupe vendéen compte, «dans un premier temps», passer en 100% origine France pour sa gamme de rôtis. Et de rappeler sa priorité donnée au porc français «chaque fois que possible sur la base de quatre critères: la qualité, la disponibilité, la sécurité des approvisionnements et l’accessibilité du prix pour les consommateurs». Par ailleurs, Fleury Michon s’engage à «continuer de respecter la loi Egalim et son esprit». Cette annonce du numéro français 2 du jambon intervient le lendemain de l’annonce d’un plan de sauvegarde pour la filière porcine par le ministre de l’agriculture. «L’État a pris sa responsabilité, aux OP (organisations de producteurs, NDLR), GMS et industriels, désormais au pied du mur, de prendre les leurs!», a réagi la FNP (éleveurs de porcs, FNSEA) le 31 janvier.

Didier Bouville

Le gouvernement doit annoncer, le 1er février en conclusion du Varenne de l’eau, l’ouverture de deux guichets de 100 millions d’euros (M€) chacun, pour l’adaptation de l’agriculture au changement climatique, a indiqué l’entourage du Premier ministre le 31 janvier. Il s’agit de financer, pour l’un des agroéquipements, pour l’autre des projets au sein de filières. Un guichet de 100 M€ est prévu pour des équipements et matériels innovants destinés à l’«agriculture économe en eau». Des discussions sont en cours pour en établir une liste «assez sélective»: «On cherche à privilégier des box numériques, stations météo, OAD (outils d’aide à la décision, NDLR) pour l’irrigation, du matériel de télégestion, le pilotage automatique de l’irrigation, des capteurs», indique une source gouvernementale. Le deuxième guichet de 100 M€, sur l’adaptation des filières, vise à accompagner l’innovation, autour de variétés plus résistantes, de nouvelles méthodes de production et d’irrigation, des ouvrages innovants pour stocker et optimiser la gestion de l’eau.

Didier Bouville

Avec l’aide de France Carbon Agri, «nous avons réussi à rassembler l’offre en crédits carbone dans une structure commerciale unique à toutes les productions sous l’égide de la FNSEA», annonce Christiane Lambert, présidente du syndicat majoritaire, à l’occasion d’une table ronde ministérielle le 31 janvier. Cette SAS réunira la FNSEA, les JA, et les chambres d’agriculture pour structurer l’offre de crédits de l’ensemble des filières et territoires. France Carbon Agri, association créée en 2019 sur la base de la première méthode bas carbone dédiée à l’élevage, était jusque-là la principale plateforme d’offre. Ses deux appels à projets successifs ont généré 600 000 tonnes de crédits carbone, dont la plus grande partie est encore à vendre.

«Nous dévoilerons le nom de la société et lancerons le troisième appel à projets juste avant le Salon de l’agriculture», prévoit Christiane Lambert. Cette nouvelle structure sera «complémentaire» d’Epiterre, le guichet de services environnementaux de la FNSEA, devenu une société officielle en décembre 2021. Lors de la table ronde du 31 janvier, le Crédit agricole et la Caisse des dépôts ont annoncé se porter acheteurs respectivement de 25 000 et 20 000 t de crédit carbone français. Julien Denormandie a indiqué que son ministère compensera également 7000 t de carbone au titre des émissions de l’administration centrale.

Didier Bouville

Au lendemain de manifestations en Bretagne, le gouvernement débloque trois dispositifs d’aides d’urgence totalisant 270 M€ afin de soutenir les élevages de porcs, en proie à une crise «inédite», a annoncé le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie le 31 janvier, à l’issue d’une réunion avec la filière. Une enveloppe de 75 M€ d’aides à la trésorerie fera l’objet de premiers versements d’ici «deux à trois semaines». Son montant maximal sera de 15 000 euros par exploitation «avec transparence pour les Gaec», a précisé le ministre. Pourront y prétendre les élevages dont la ligne de trésorerie à court terme est «utilisée au moins à 80%» et qui ont «engagé une démarche de PGE» (prêts garantis par l’État, NDLR) qu’elle ait aboutie ou non».

Un deuxième volet de 175 M€ d’aides à la trésorerie en lien avec la crise sanitaire sera versé «courant avril, début mai, après notification à Bruxelles. D’ici le 15 février, le ministère et la filière en définiront les critères d’accès, avec l’objectif que ce dispositif serve aussi à «mettre de la pression dans le tube face à ceux qui ne jouent pas le jeu de la loi Egalim 2», d’après M. Denormandie. Troisième volet: 20 M€ d’exonérations de charges MSA. Entre la flambée de l’alimentation animale et un prix morose, la crise actuelle est «probablement l’une des plus graves traversées par le secteur porcin depuis de nombreuses années», selon le ministre.

Didier Bouville

Dans un communiqué commun du 27 janvier, l’Ania (industries alimentaires), l’Ilec (marques nationales) et la Coopération Agricole ont appelé chaque acteur des négociations commerciale à «prendre ses responsabilités» pour «continuer de de garantir à nos concitoyens une alimentation française, saine, sûre et responsable». À un mois de la clôture des négociations, la situation des industriels est «inquiétante», alertent les trois organisations. «La guerre des prix imposée par les distributeurs depuis tant d’années doit maintenant prendre fin», affirment-elles. Elles demandent à la distribution de «prendre en compte l’ensemble des hausses de coûts subies par les entreprises agroalimentaires» et de «cesser l’application de pénalités logistiques indécentes et délétères» dans un «contexte de crise». «Si les hausses demandées ne sont pas acceptées, cela remettra en cause la pérennité des entreprises, leur capacité à investir et à bien rémunérer leurs salariés et les agriculteurs», déclare le président de la Coopération, Dominique Chargé, interrogé par Agra Presse. Il informe, qu’à date, 36% des coopératives n’ont signé aucun contrat avec leurs clients de la distribution, contre 25% l’année dernière.

Eva DZ

Pour anticiper de graves perturbations dans le secteur de la viande porcine (touché par des prix historiquement bas et des prix des intrants historiquement élevés), le président Norbert Lins (Démocrates-chrétiens) et la majorité des groupes politiques de la commission de l’Agriculture du Parlement européen appellent dans une lettre publiée le 28 janvier, le commissaire à l’Agriculture Janusz Wojciechowski, à «intervenir en apportant un soutien fort à la filière par le biais d’activités promotionnelles non discriminatoires et ad hoc, ainsi que par une intervention sur le marché au niveau de l’UE». Ils soulignent également que «les mesures nationales ciblées dans le secteur porcin au titre des programmes de développement rural et des aides d’État ou des aides nationales ne sont pas les plus appropriées pour faire face à la situation». Par ailleurs, ils préviennent que l’inaction de la Commission européenne «pourrait conduire à une concentration accrue de la production porcine dans l’UE et à la création de centres de production porcine industrielle lourde, avec tous les effets négatifs sur l’environnement, le climat et la régionalisation, en totale contradiction avec les objectifs et les ambitions affichées dans le Green Deal et la stratégie de la ferme à la table».

Eva DZ

FNSEA, Coopération agricole, FNA, Unifa, mais également CGB, Fop ou encore AGPB et AGPM : autour du syndicalisme majoritaire, tous les maillons de la filière agricole dénoncent dans un communiqué du 28 janvier «un signal extrêmement négatif à l’approche des échéances électorales du printemps» face à la révision des seuils de déclaration ICPE (Installations classées pour l’environnement) pour le stockage des engrais. «L’arbitrage que le premier ministre s’apprête à prendre n’a aucun sens», s’agacent les organisations. Dans le texte soumis à consultation le 27 janvier, le seuil de déclaration ICPE serait abaissé de 250 à 150 tonnes, entraînant «des investissements supplémentaires conséquents évalués entre 80 et 120.000€ par exploitation agricole» selon les organisations. La pandémie, rappellent-elles, «a rendu particulièrement difficile les livraisons d’engrais». Or en cette fin février, les épandages de printemps se rapprochent et «le nouveau cadre réglementaire rendrait intenable un approvisionnement correct des producteurs». Le texte en consultation, tranchent-elles, représente «un énième arbitrage réglementaire sans fondement scientifique».

Eva DZ

Digital, imagerie satellitaire, pilotage de l’azote, agronomie : le semencier RAGT élargit ses compétences pour proposer des outils de conseil, en plus de son catalogue de variétés. Il s’agit d’apporter «des solutions plus vastes, en associant des génétiques à des outils, du conseil», a expliqué le président du directoire Laurent Guerreiro le 27 janvier en conférence de presse. Cette évolution stratégique est motivée par les «pressions» environnementale, réglementaire, sociétale auquel le monde agricole est soumis, d’après lui. RAGT compte s’appuyer sur des partenariats, comme celui autour du blé hybride avec Bayer et sa plateforme d’agriculture numérique FieldView. L’obtenteur aveyronnais développe par ailleurs une calculette pour les couverts végétaux, un outil de diagnostic des maladies, afin d’aider les producteurs à choisir leurs semences. Des projets qui s’accompagnent d’un plan de recrutement en France d’une centaine de collaborateurs par an sur les prochaines années. L’ambition de RAGT est aussi de poursuivre le développement à l’international, en Europe de l’Est (Ukraine, Russie), Amérique latine, Afrique (Kenya, Éthiopie), pour grimper de 411 millions d’euros (M€) de chiffre d’affaires à plus de 500 M€ d’ici à deux ans.

Eva DZ