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Dans le cadre du plan de résilience face aux conséquences de la guerre en Ukraine, l’aide aux élevages fortement dépendants de l’alimentation animale a été rallongée de 89 M€ issus de la réserve de crise de la Pac, a appris Agra Presse le 8 avril de sources professionnelles concordantes. Les derniers arbitrages ministériels portent donc cette enveloppe à 489 M€, afin de compenser la flambée des prix de l’alimentation animale depuis le début de la guerre (entre le 15 mars et le 15 juillet). Autre nouveauté: pour bénéficier de l’aide, les éleveurs devront justifier d’une facture minimale d’aliment de 3000 € sur la période de référence du 15 mars au 15 juillet 2021 – et non de 2000 € comme initialement prévu. Hormis ces deux changements, l’architecture générale du dispositif reste inchangée. Il est accessible aux élevages présentant un taux de dépendance (coût de l’aliment rapporté aux charges totales) d’au moins 10%. Son montant varie selon ce taux de dépendance: forfait de 1000 € entre 10 et 30%; 40% du surcoût entre 30 et 50% de dépendance, 60% du surcoût au delà. Le dispositif doit bientôt être notifié à la Commission européenne pour des premiers versements fin juin. Environ 110 000 élevages seraient concernés.

Didier Bouville

Dans sa dernière note de conjoncture dédiée au secteur ovin, le service de la statistique du ministère de l’agriculture (Agreste) indique qu’entre 2011 et 2021, le cheptel ovin s’est réduit de 8,3%, en passant de 7,6 millions à un peu moins de 7 millions de têtes. «La baisse concerne majoritairement le cheptel ovin allaitant», note Agreste. L’Hexagone connaît une baisse légèrement plus accentuée que celle de 5,5% observée en moyenne chez les six principaux producteurs européens (Espagne, Roumanie, Italie, Grèce, France et Irlande). En Roumanie et en Irlande, le cheptel a même augmenté de 23 et 28% respectivement. Entre 2020 et 2021, malgré un léger recul de la production de 1,1% en nombre de têtes, les abattages d’agneaux sont en hausse de 1,7%, note Agreste. Une dynamique «permise par un surcroît d’importations d’animaux vivants». Car les importations en 2021 ont été «particulièrement dynamiques», en hausse de 46% par rapport à 2020 et de 55% par rapport à la moyenne quinquennale. Et, dans le même temps, note Agreste, les exportations ont fléchi de 0,6%, pour s’établir à 454 000 animaux. Les importations de viande, principalement d’origine du Royaume-Uni, sont en revanche une nouvelle fois en recul de 5,5% par rapport à 2020, à 7 Mtec.

Eva DZ

D’après une simulation réalisée par l’Institut de l’élevage (Idele), la future PAC 2023 sera «globalement favorable» aux systèmes laitiers. La hausse des aides couplées dans la nouvelle Pac «compensera en moyenne la baisse liée à la convergence des aides», ont expliqué Hélène Fuchey et Aubin Lebrun lors de l’événement Grand angle lait du 5 avril. Globalement, les aides couplées devraient augmenter de 25% pour les élevages bovins laitiers, notamment avec les aides aux protéines végétales, qui représentent «une opportunité» pour les producteurs. Le changement de modèle devrait plutôt bénéficier aux élevages de plaine, contrairement aux élevages de montagne, qui perdent la distinction entre les deux modes d’élevage. Les GAEC seraient les plus gagnants. Cependant, la nouvelle Pac apparaît «peu attrayante» pour les jeunes agriculteurs, au risque de remettre en cause certaines installations. Les experts se questionnent également sur les «signaux» envoyés par la déclinaison française de la future Pac (PSN) aux éleveurs: les aides aux protéines végétales pourraient créer une compétition entre la production animale et végétale. En conséquence, les éleveurs pourraient privilégier l’autonomie fourragère ou bien se tourner vers la vente.

Eva DZ

Réunis le 7 avril à Luxembourg, les ministres de l’Agriculture de l’UE ont adopté leurs conclusions sur l’agriculture bas carbone appelant à la mise en place de soutiens financiers suffisamment incitatifs aux agriculteurs en complément de la Pac, provenant à la fois de ressources publiques et privées, afin d’encourager l’adoption de pratiques favorables au climat. La Commission européenne est en train de mener une évaluation d’impact en vue de proposer pour la fin d’année un futur cadre de certification des absorptions de carbone dans les sols agricoles. Les Vingt-sept estiment que «pour assurer la crédibilité de ce cadre, il faut que celui-ci soit régi par des critères de qualité élevés tels que la transparence, l’additionnalité, la permanence, et qu’il ne doit pas décourager les efforts actuellement déployés par les gestionnaires des terres». Les ministres ne sont toutefois pas parvenus à trouver un compromis sur la certification de la réduction des émissions d’autres gaz à effet de serre. Ils se contentent, dans leurs conclusions, de rappeler qu’au niveau de l’UE, le méthane et le protoxyde d’azote représentent respectivement 56% et 39% des émissions de la production agricole.

Eva DZ

Selon une enquête Cevipof et la chaire Germea/Ensat en partenariat avec Réussir Agra, réalisée auprès de 900 chefs d’exploitations agricoles, 78% d’entre eux considèrent que la thématique agricole n’est pas suffisamment prise en compte par les candidats au cours de cette campagne présidentielle. Et à la question «à quel(le) candidat(e) faites-vous le plus confiance pour défendre au mieux les intérêts de l’agriculture française», ils sont 24% à répondre aucun. Arrive ensuite Emmanuel Macron (22,1 %) en qui ils font le plus confiance, puis Jean Lassalle (14,5 %) et Valérie Pécresse (12,7 %). Viennent ensuite les deux candidats d’extrême droite, Marine Le Pen (8,6 %) et Eric Zemmour (6,6 %) suivis de Jean-Luc Mélenchon (3,7 %), Yannick Jadot (2,6 %) et Fabien Roussel (2,6 %). Pour les 900 agriculteurs répondants, les thématiques prioritaires qu’ils souhaitent voir traitées par les candidats sont une «augmentation des prix payés à la production» (62,4%), «soutenir le revenu agricole» (54,7 %), «améliorer l’image de l’agriculture et des agriculteurs» (39,2%) et «protéger le foncier agricole» (38,2%).

Eva DZ

En déplacement dans le Tarn-et-Garonne le 5 avril pour exprimer sa «solidarité» aux agriculteurs touchés par le gel, le Premier ministre a annoncé le déclenchement «d’un certain nombre de dispositifs d’urgence, qui seront calés sur ce que nous avions engagés en avril 2021». Accompagné du ministre de l’agriculture, Jean Castex a indiqué qu’un «fonds d’aide d’urgence» sera mis en place «dans les prochaines semaines» pour «un montant de 20 millions d’euros». Comme l’an dernier, ce fonds sera «à la main des préfets, c’est-à-dire au plus près des réalités humaines de terrain». Le chef du gouvernement a confirmé l’activation «de manière tout à fait accélérée» du fonds des calamités agricoles pour les productions «qui ont été le plus impactées» par le gel. Pour ces exploitations, il a promis de réactiver «la prise en charge exceptionnelle de leurs cotisations sociales» et «les dégrèvements d’office (…) au titre de la taxe foncière sur le non bâti». Par ailleurs, Jean Castex a appelé à développer «à tout prix» le recours aux moyens de protection, et à «amplifier [les] efforts de recherche et d’innovation» engagés par exemple sur les variétés à floraison tardive.

Eva DZ

Dans une instruction technique du 1er avril, la DGAL (ministère de l’agriculture) précise les modalités du «dépeuplement préventif « pare-feu »» à mener entre les Pays de la Loire et la Bretagne, afin de protéger cette dernière de l’influenza aviaire. Comme pressenti, cette stratégie vise à «réduire la densité des palmipèdes en procédant au dépeuplement des élevages de production de palmipèdes gras et à rôtir». «Les élevages de reproducteurs sont sauvegardés», précise l’instruction. La zone concernée dessinera une «bande de 10 km au nord de la zone de la surveillance de la région Pays de la Loire», soit 73 communes de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire. Un périmètre qui n’est «pas assez large» aux yeux de Cédric Henry, président de la FDSEA d’Ille-et-Vilaine, qui souhaite qu’il «remonte jusqu’au sud de la route Paris-Brest via Saint-Brieuc». Au niveau réglementaire, la zone de pare-feu aura le statut de «zone réglementée supplémentaire» (ZRS), qui sera «levée après l’exécution des opérations de dépeuplement préventif et au plus tard le 10 avril». Bien que située en zone indemne d’influenza, les mouvements de palmipèdes y seront interdits (sauf pour abattage, dépeuplement, et transfert de «palmipèdes prêtes à pondre).

Eva DZ

Après cinq nuits de gel, l’Inrae appelle les citoyens à partager leurs constats des dégâts via le réseau d’observation des botanistes francophones Tela Botanica. Pour chaque signalement, «il s’agira (…) de bien expliquer les dégâts observés en commentaires et surtout d’y joindre des photos», souligne l’Inrae. A cet effet, Tela Botanica a créé un outil de saisie spécifique à l’épisode de gel 2022. L’association naturaliste invite les intéressés à communiquer six types d’information: nom de l’espèce ou de la variété touchée, lieu des dégâts (point géolocalisé ou commune), pourcentage de dommage (inférieur à 10%, à 25%, à 50%, ou supérieur à 50%), organe touché (bourgeon, feuille, fleur, jeune fruit), stade de développement végétal (bourgeons gonflés ou en train de s’ouvrir, feuilles sorties, fleurs sorties, jeunes fruits en formation), et situation de la plante ou de l’arbre (isolé ou en massif). Les observations seront répertoriées sous forme de cartographie, promet Tela Botanica sur son site web. Les données recueillies alimenteront les travaux de l’Inrae et du CNRS sur la vulnérabilité des espèces au gel.

Eva DZ

La Commission européenne a proposé aux Vingt-Sept de durcir les sanctions contre Moscou, en arrêtant leurs achats de charbon russe et en fermant les ports européens aux bateaux russes ou opérés par des Russes. Les propositions de Bruxelles doivent être discutées ce mercredi 6 avril par les représentants des Vingt-Sept avant une réunion lundi des ministres européens des affaires étrangères. Les sanctions requièrent l’unanimité. Les ministres des finances réunis à Luxembourg ont également discuté du nouveau train de sanctions. L’exécutif européen veut également élargir la liste des produits russes interdits d’importation dans l’UE, «du bois au ciment et des fruits de mer à l’alcool», afin de «stopper le flux d’argent de la Russie et de ses oligarques», pour une valeur estimée de 5,5 milliards d’euros par an ainsi que bloquer l’accès des entreprises russes aux marchés publics dans l’UE. Les vins et spiritueux sont déjà concernés par les interdiction d’exportation vers la Russie depuis plusieurs semaines au titre des restrictions sur les produits de luxe.

Eva DZ

Alors que la Commission européenne prévoit d’appliquer la directive sur les émissions industrielles aux élevages de bovins viande dès 100 UGB (unités gros bovins), la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) déplore, dans une lettre ouverte du 4 avril, une «approche simpliste et paradoxale». Bruxelles doit présenter le 5 avril une révision de la directive IED, qui vise à réduire notamment les émissions d’ammoniac, de nitrates et de gaz à effet de serre. Selon la FNB, un élevage allaitant moyen français, «comptant 60 vaches pour 100 animaux, sur 60 hectares (…) devrait être pénalisé, voire remis en cause» par ce texte. Pour le syndicat, l’approche de Bruxelles est «simpliste», car elle «ne tient compte ni de la surface sur laquelle évoluent ces bovins, ni du modèle d’élevage», et s’appliquerait donc aux «exploitations herbagères les plus extensives». La FNB pointe aussi une démarche «paradoxale», car incohérente avec la politique commerciale. Et de rappeler que l’interdiction des viandes issues d’animaux ayant reçu des antibiotiques comme facteurs de croissance, prévue par un règlement de 2018, «aurait dû faire l’objet d’un acte d’exécution». Selon la FNB, «personne, à Bruxelles, n’a encore vu la moindre version circuler».

Didier Bouville