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Dans un rapport rendu public le 18 juillet, le CGAAER (ministère de l’Agriculture) recommande l’organisation d’un «débat inclusif» afin d’élaborer «une vision consensuelle à horizon 2050 pour l’élevage français» qui constituerait «l’armature des politiques publiques à venir». «Les aspects économiques, sociaux, environnementaux et climatiques, éthiques, sanitaires devraient être pris en compte, sans oublier la recherche de souveraineté», appuie la mission, qui statue que «l’élevage parfait sur l’ensemble des registres n’existe pas». L’objectif de ces débats serait donc de «mieux comprendre les contraintes liées à l’élevage et d’intégrer les demandes sociétales pour coconstruire un compromis socialement désirable autour de l’élevage et de sa place dans la société». Éleveurs, associations de protection des animaux, associations environnementales, «citoyens-consommateurs», scientifiques, acteurs de l’aval, pouvoirs publics… «Tous les acteurs» seraient autour de la table. Pour appuyer leurs discussions, le rapport souligne la nécessité de soutenir la recherche «pour continuer à lever les incertitudes scientifiques sur les sujets qui inquiètent la société et contribuent à l’image négative de l’élevage».

Didier Bouville

Le ministère de la Transition écologique (MTE) a lancé, le 20 juillet, la concertation sur la Stratégie nationale biodiversité (SNB) auprès du Comité national de la biodiversité – qui rassemble notamment représentants des collectivités territoriales, de l’agriculture et associations environnementales. Un document complété d’une annexe détaillée, présentés aux instances, qu’Agra Presse a pu consulter, précisent l’octroi des 264 millions d’euros (M€) supplémentaires attribués à la biodiversité dès 2024, qui ont été annoncés par la Première ministre Élisabeth Borne le 12 juillet. Cette enveloppe permettra «notamment de renforcer l’effectivité des aires protégées (+114 M€), d’écosystèmes (+80 M€), la protection des espèces (+18 M€), la biodiversité des milieux forestiers (+15 M€), des milieux marins (+6 M€), ou encore l’accompagnement de la restauration des sols (+6 M€)», indique le document. La fiche détaille quant à elle les 39 mesures à mettre en œuvre d’ici 2030, précisant actions et objectifs. Parmi ceux-ci, le MTE vise 21% de la SAU en agriculture biologique et une réduction de moitié des produits phytos (stratégie Ecophyto) d’ici 2030. Il souhaite 500 opérations «coup de poing» pour gérer les espèces exotiques envahissantes d’ici 2025. Il prévoit également de durcir la répression en cas d’atteintes à l’environnement.

Didier Bouville

Le secrétariat national de la Planification écologique (SGPE) a publié un tableau de bord qui pose des objectifs annuels sur différents indicateurs de la transition écologique visée par le gouvernement à horizon 2030. Ce sont «des points de passage» par lesquels il faut passer «pour pouvoir être cohérent avec le plan d’action», a exposé le secrétaire national Antoine Pellion, auditionné à l’Assemblée le 19 juillet. Concernant la production agricole, le tableau de bord prévoit par exemple d’abaisser l’utilisation d’engrais azotés minéraux à 1438 milliers de tonnes (mt) en 2027 pour atteindre 1397 mt en 2030 (contre 1746 mt en 2022). Il prévoit de réduire les émissions des machines et chaudières à 8,9 Mteq CO2 en 2027, afin de descendre à 7,8 Mteq CO2 en 2030 (contre 10,7 Mteq CO2 en 2022). Concernant les puits de carbone, le tableau de bord prévoit d’augmenter la surface de prairies permanentes à 15,2 Mha en 2027 pour atteindre 15,7 Mha en 2030 (contre 14,8 Mha en 2022). Il vise aussi une augmentation du linéaire de haies à 775 000 km en 2027, pour atteindre 790 000 km en 2030 (contre 750 000 km en 2022).

Didier Bouville

Alors que de grands industriels ont fait part de leur souhait de multiplier les promotions cet été, la FNPL (producteurs de lait, FNSEA) affirme dans un communiqué du 20 juillet que «ces promotions ne doivent pas avoir un impact sur le prix payé aux producteurs in fine». Le président de l’Ania (industries alimentaires) Jean-Philippe André a indiqué à Agra Presse que les engagements pris par la quarantaine d’entreprises participant à l’opération ne concernaient pas le lait pour «ne pas déstabiliser l’amont agricole». La liste des industriels concernés n’a cependant pas été rendue publique en raison de la réglementation sur la concurrence. «Alors que plusieurs négociations entre OP (organisations de producteurs, NDLR) et industriels demeurent compliquées voire en situation de blocage, il est inconcevable que des promotions massives sur des produits laitiers soient négociées avec les industriels en sus de celles déjà prévues dans les contrats annuels», déclare la FNPL. Pour rappel, la principale association d’organisations de producteurs livrant à Lactalis, l’Unell, a récemment activé une clause de sauvegarde, faute de trouver un accord avec l’industriel pour les prix du mois de juillet et d’août.

Didier Bouville

Lors d’un déplacement en Gironde, le 19 juillet, le ministre de l’Agriculture n’a pas annoncé d’aide particulière pour accompagner les vignerons bordelais face à la propagation du mildiou dans le vignoble et a déclaré privilégier «le dispositif assurantiel», rapporte l’AFP. «Je vais réunir les assureurs pour leur demander comment on fait», a affirmé Marc Fesneau, laissant entendre que le mildiou, favorisé par l’humidité, pourrait entrer dans les cas d’indemnisation liés aux aléas climatiques. «Il y a pour moi des éléments […] qui font la corrélation entre la météo [et le mildiou]. On va regarder ça avec [les assureurs] et vous aurez l’État à vos côtés pour crédibiliser le dossier», a déclaré le ministre, ajoutant que les pertes de récoltes ne pourraient être vraiment évaluées qu’après les vendanges. Le suivi sanitaire des 86 parcelles de référence réalisé par le réseau BSV (Bulletin de santé du végétal) a révélé que 90% des vignes bordelaises sont touchées par le mildiou «à plus ou moins grande échelle», alertait un communiqué de la chambre d’agriculture de Gironde le 12 juillet. Les dégâts sont importants «pour de nombreux viticulteurs», et certains «ont déjà tout perdu», assure la chambre consulaire.

Didier Bouville

Dans un communiqué du 20 juillet, la FNSEA a appelé Paris et Bruxelles à «reconduire la dérogation de mise en culture des jachères» mise en place dans le contexte de la guerre en Ukraine. Comme le déplore le syndicat majoritaire, «l’Union européenne, tout comme les responsables politiques nationaux, refusent de prolonger cette dérogation» à la règle d’obligation de mise en jachère d’au moins 4% des terres cultivables. Instaurée lors du déclenchement de la guerre en Ukraine, puis reconduite pour un an en juillet 2022, cette mesure vise à accroître la production agricole, afin de compenser en partie le recul des exportations ukrainiennes. Pour la FNSEA, la décision de Paris et Bruxelles est «incompréhensible au regard de l’actualité»: la Russie refuse en effet de reconduire l’accord d’Istanbul qui permet le transit des céréales ukrainiennes en mer Noire, ce qui «menace (…) clairement la sécurité alimentaire mondiale». «Les agriculteurs ont besoin de connaître le cadre réglementaire et le devenir de cette dérogation afin de prévoir leurs assolements 2023-2024», appuie de son côté la Coordination rurale. Avec son association spécialisée France Grandes cultures, le second syndicat français va plus loin en demandant la «suppression de l’obligation de jachère».

Didier Bouville

Le prix du blé meunier a clôturé le 19 juillet en forte hausse, à 253,75 €/t sur l’échéance de septembre sur Euronext, gagnant 8,2% dans la journée, après l’intensification des bombardements russes en Ukraine. D’après l’AFP, les cours ont ainsi retrouvé leur niveau de début avril, le marché réagissant fortement à l’escalade du conflit après la suspension du corridor maritime céréalier et la menace de Moscou contre tous les navires se rendant vers l’Ukraine (lire ci-dessus). De leur côté, les prix du maïs ont gagné 5,4%, clôturant juste sous la barre des 250 €/t sur l’échéance d’août, retrouvant pour la première fois leur niveau de la mi-avril sur le marché européen. Cette variation des cours est la plus notable depuis le refus, le 17 juillet, de la Russie de reconduire l’accord pour les exportations agricoles maritimes d’Ukraine, qui avait permis de sortir près de 33 Mt de grains en un an. Les marchés n’avaient que peu réagi le 17 juillet, ayant anticipé une suspension du corridor, qui fonctionnait déjà au ralenti depuis des semaines. L’attention était plutôt tournée vers les récoltes en cours: celle du blé après l’orge et avant le maïs dans l’hémisphère Nord, où les bons rendements attendus rassuraient les opérateurs.

Didier Bouville

Les cinq pays de l’UE frontaliers de l’Ukraine (Pologne, Bulgarie, Roumanie, Slovaquie, Hongrie) ont appelé, le 19 juillet, dans une déclaration commune, la Commission européenne à prolonger au-delà du 15 septembre les restrictions qu’ils imposent aux importations de céréales ukrainiennes pour protéger leurs agriculteurs. «Soit la Commission européenne accepte de préparer (…) des réglementations pour prolonger cette interdiction, soit nous le ferons nous-mêmes», a déclaré le ministre de l’Agriculture polonais Robert Telus à l’issue d’une réunion avec ses homologues à Varsovie. Au mois de juin, après d’intenses discussions face aux réticences de certains États membres (France, Espagne, Allemagne notamment), la clause de sauvegarde exceptionnelle autorisant uniquement le transit de blé, de maïs, de colza et de graines de tournesol sur le territoire de ces pays d’Europe de l’Est a été prolongée. Le fonctionnement des «Voies de solidarités» mises en place par l’UE pour permettre à l’Ukraine d’exporter ses productions agricoles via l’UE a fait l’objet de nombreuses critiques du fait de son inefficacité. Au Parlement européen, le président de la commission de l’Agriculture, Robert Lins, a appelé le 19 juillet la Commission européenne à présenter un paquet de mesures concrètes pour améliorer la situation. Le commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski pourrait venir présenter ces mesures lors d’une discussion avec les parlementaires prévue le 30 ou le 31 août.

Didier Bouville

Le gouvernement serait prêt à mettre «entre 100 et 120 millions d’euros» (M€) par an pour préserver, développer et valoriser les haies bocagères, a appris Agra Presse de plusieurs sources concordantes. Ce budget est envisagé dans le cadre du Pacte de la haie, dont la concertation a été lancée début mai par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. De son côté, l’Afac (professionnels de l’agroforesterie) chiffrait à la mi-juin les besoins de financements à 250 M€/an jusqu’en 2030. Alors que les annonces politiques à ce sujet étaient attendues en septembre par les parties prenantes, la réunion de restitution des trois groupes de travail, prévue le 20 juillet au ministère de l’Agriculture, a été reportée. Elle se déroulera finalement «à la rentrée, faute de la disponibilité de tous les acteurs mobilisés», a indiqué le cabinet de Marc Fesneau le 19 juillet. Sur le contenu du Pacte, le besoin de développer une filière de valorisation du bois de haie ferait consensus. En revanche, les associations environnementales s’inquiètent d’un assouplissement de la règlementation qui permettrait aux agriculteurs de «déplacer» les haies s’ils replantent un «linéaire équivalent», ce qui revient à «détruire pour replanter», pointe la représentante de FNE Cécile Claveirole. Avec une telle pratique, «pendant 25 ou 30 ans, on perd le bénéfice de la haie telle qu’elle était (rétention d’eau, régulation de températures, biodiversité)», dénonce-t-elle.

Didier Bouville

La fédération des banques alimentaires (FFBA) demande au gouvernement de «sanctuariser» le fonds de 60 M€ pour l’aide alimentaire débloqué en 2023 dans le cadre du projet de loi de finances (PLF), a indiqué sa directrice Laurence Champier à Agra Presse. «Ce fonds est une des réponses aux enjeux de précarité et de soutien aux filières agricoles», plaide-t-elle. La FFBA veut obtenir des garanties sur sa reconduction avant la présentation du PLF 2024 en septembre. Dans un document de présentation du programme Mieux manger pour tous, le ministère des Solidarités, en charge du dossier, précise en effet que ce fonds a vocation à être pluriannuel. Le fonds de 60 M€ créé en 2023 se décline ainsi: une première enveloppe de 40 M€ est destinée à soutenir les achats de fruits, légumes, légumineuses et produits non transformés sous signe de qualité; et une seconde de 20 M€ est fléchée vers des initiatives locales. Invitée à donner ses objectifs mi-juin pour bénéficier de financements dans le cadre du volet national comme les 17 autres associations agréées par l’État, la FFBA espère une réponse de l’État avant la fin du mois de juillet pour lancer des appels d’offres dès la rentrée. Les banques alimentaires ont, elles, soumis des candidatures pour l’appel à projet local, clos fin juin.

Didier Bouville