Aveyron | Par Jérémy Duprat

Fabrique d’aliment – Agritech : Un engraissement maîtrisé et économique

Une efficacité alimentaire démultipliée. Une économie de temps. Et finalement, un contrôle pointu sur les besoins du troupeau. Le GAEC des Fagettes est ravi de sa fabrique d’aliment.

Clément Boudes possède un troupeau de 100 Blondes d’Aquitaine. En système broutard, l’éleveur et son père, sans oublier depuis peu le cousin de Clément, engraissent toutes les réformes. «L’intérêt de la fabrique d’aliment est parti de ce simple fait. Avec une cinquantaine d’hectares de céréales, nous produisons l’intégralité de nos besoins en termes de céréales. C’est la deuxième raison qui nous a poussé à installer la fabrique. Et puis enfin, dernière raison, c’est l’économie aux alentours de 100 euros/tonne. Sans prendre en compte la céréale que nous produisons : avant nous faisions un échange, donc je compare après l’échange pour calculer ces 100 euros par tonne d’économisés», résume l’éleveur.

Avec 210 hectares SAU, la ferme est autonome en fourrage. Le GAEC des Fagettes produit ses céréales et achète le reste : du maïs, du tourteau de colza, de la pulpe de betterave, de la luzerne déshydratée et enfin du tourteau de lin et de soja. «Je me suis installé il y a 4 ans, après avoir fait un BTA Production Animale. Avec mon père, nous trouvions un peu stupide que notre céréale parte ailleurs et faire revenir des camions pour livrer l’aliment pour engraisser. Et puis aujourd’hui nous ne proposons que des aliments nobles, alors qu’avant il y avait beaucoup de son, de blé et ce genre de produits», dévoile Clément Boudes.

Ses produits, l’éleveur peut les broyer avec un broyeur à disque selon différentes granulométries. «C’est ce qui nous a plu aussi. Nous pouvons programmer les disques pour couper les produits à différentes granulométries. Cette année nous avons eu du grain de maïs très petit. Nous avons réglé la machine en quelques secondes.

S’il fallait manuellement aller régler les disques pour chaque aliment, quand le blé est plus joli que l’orge, je pense que nous ne l’aurions jamais fait. C’est aussi cela qui fait que nous avons un contrôle pointu sur la qualité de chaque ration suivant les besoins de chaque lot d’animaux», se réjouit Clément Boudes.

Le premier résultat visible par les éleveurs, c’est l’effet positif sur la croissance des bêtes. «Les deux premiers mois étaient un peu compliqués pour équilibrer et gérer les rations. J’ai été bien accompagné. Maintenant, nous avons une ration pour chaque animal. En tout, j’ai 16 formules enregistrées dans la fabrique. Et mieux encore, nous avons une ration spécifique pour les veaux entre 0 et 3 mois. Avant nous ne commandions pas de l’aliment spécifiquement pour ces bêtes. C’est à ce niveau là aussi que nous allons chercher davantage de valeur ajoutée sur la ferme. Et si la croissance est meilleure, je pense que la fraîcheur de l’aliment joue aussi. Avec la fabrique, nos rations sont toujours de la meilleure qualité possible», estime l’éleveur.

Frais et disponible dès l’arrivée de Clément le matin. Comme chacun peut s’y attendre, l’économie du temps de travail est également un plaisir pour Clément. «Avant nous avions un vieux moulin. C’était vraiment un outil d’une autre époque», plaisante le jeune éleveur. «Il me fallait 45 minutes pour produire les rations. Et je devais être là. Maintenant, tout est automatique. La fabrique se lance le matin et quand j’arrive, tout est prêt. Le seul moment où je suis présent, c’est pour les veaux. Il y a un aliment sous forme de semoulette que je dois mettre moi-même dans la machine», précise Clément Boudes. Grosso modo, pour une tonne d’aliment, la fabrique travaille durant une heure.

Forcément, la rentabilité de la ferme est améliorée. «Pour les veaux par exemple, je suis aux alentours de 250 euros/tonne. En enlevant la céréale produite. En la rajoutant, je suis à 310. Maintenant, un aliment à 310 euros/tonne, dans le commerce, je ne suis pas sûr qu’il y en ait beaucoup», affirme l’éleveur. Sylvain Lagarrigue, technico-commercial d’Agritech qui a planifié l’installation de la fabrique sur le GAEC des Fagettes, constate partout où il passe les effets positifs de l’automate. «Surtout en troupeau allaitant. Au début, la machine était épurée, sans l’automate, parce que les gens avaient de la main d’œuvre sur les fermes. Depuis 6 ans je dirais, la quasi totalité des fabriques que nous vendons sont des automates. Notamment à cause de la difficulté à trouver des salariés», dévoile le technico-commercial.

«Le but c’est de se simplifier la vie. Et l’automate contribue grandement à cette fin», assure Sylvain Lagarrigue. «L’éleveur peut prévoir des horaires de fonctionnement. Il ajuste les moutures selon ses besoins. Il enregistre autant de rations qu’il veut. Le tout est assez simple d’utilisation une fois l’ensemble bien pris en main», assure Sylvain Lagarrigue. Des propos auxquels abonde Clément Boudes. «Nous l’utilisons souvent donc c’était très rapide pour se familiariser avec. Pour mon père j’ai fait un classeur avec toutes les informations dedans. C’est aussi utile pour mon cousin qui commence depuis peu. Même si encore une fois, il n’y a rien de bien compliqué», explique l’éleveur.

Si jamais un souci venait à se présenter, l’équipe du SAV n’est jamais bien loin. «Jérôme, même s’il n’est pas le seul à s’occuper du SAV, connaît l’automate sur le bout des doigts. Même par téléphone, sur une erreur de manipulation, sans voir la machine, il peut guider les éleveurs pour débloquer le tout. C’est rare qu’il soit obligé de se déplacer. Ce qui est bien pour les éleveurs : ils ne restent pas en panne et en plus ils ne paient pas un dépannage», sourit Sylvain Lagarrigue. Et Clément Boudes. Visiblement, un monde sans fabrique d’aliment n’est plus envisageable.

Jérémy Duprat

La fabrique d’aliment automatisée du GAEC des Fagettes, à Salles Curan.

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