National | Par La rédaction
Selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le phénomène El Niño devrait aggraver l’insécurité alimentaire sur de nombreux continents.
Dans une étude récemment rendue publique*, la FAO s’inquiète des effets du phénomène El Niño en Afrique notamment en Afrique australe. En effet, des zones de culture majeures au Malawi, au Mozambique, en Namibie, en Zambie et au Zimbabwe «n’ont reçu que 80 % des précipitations moyennes entre la mi-novembre 2023 et février 2024», indique cette étude triennale. Or, cette période correspond à la période estivale dans l’hémisphère sud, c’est-à-dire à une période certes chaude mais aussi très humide. Au Malawi, «les conditions de sécheresse et de chaleur affectent les districts du centre et du sud, pesant sur les perspectives de production agricole en 2024, et, avec la persistance des prix élevés des denrées alimentaires, les conditions d’insécurité alimentaire aiguë devraient rester tendues en 2024», indique la FAO. Selon elle, 4,4 millions de personnes se retrouvent confrontés à une insécurité alimentaire aiguë soit 15 % de plus qu’en 2022-2023. Les conditions similaires mettent en péril plus de 3,5 millions de personnes qui vont avoir besoin d’une aide humanitaire.
L’accès à la nourriture pourrait y être compliqué par «une perte de revenus pour les habitants des zones rurales et une possible augmentation des prix en raison des pressions sur l’offre», avance la FAO qui souligne que la faiblesse des monnaies locales est un facteur aggravant. En revanche, les pluies abondantes d’octobre-décembre ont profité aux cultures et aux pâturages dans l’Est de l’Afrique notamment en Ouganda, dans le nord-est de la Tanzanie, au centre de la Somalie** et encore dans les zones côtières du sud-est du Kenya. «Malgré quelques pertes localisées dues aux inondations, les récoltes de céréales stimulées par les pluies abondantes sont estimées supérieures à la moyenne en Ouganda, en République-Unie de Tanzanie et au Kenya, en raison de l’abondance des précipitations», souligne la FAO.
Productions en baisse
En Océanie, la récolte du blé et de l’orge d’hiver 2023 s’est récemment achevée. En raison de la persistance de conditions météorologiques sèches dans les principales zones de culture du nord, liées à l’événement El Niño, les rendements de blé de 2023 ont chuté à de faibles niveaux. En conséquence, la production totale de blé est estimée à un niveau inférieur à la moyenne de 25,5 Mt. De même, la baisse des rendements de l’orge a fait chuter la production à un niveau inférieur à la moyenne de 10,8 Mt. Cependant, les premières perspectives pour la récolte céréalière de 2024 sont plus favorables, soutenues par un retour probable de La Niña, qui est généralement associée à une augmentation des précipitations. En Amérique du Sud, la sécheresse en 2023 a pesé sur les récoltes en Argentine qui n’a récolté que 34 Mt de maïs et 21 Mt de soja. Mais les bonnes conditions climatiques du Brésil et l’extension de ses surfaces arables ont permis à la production céréalière sous-régionale d’atteindre un niveau quasi record de 253,7 Mt. Cependant, pour l’année 2024, les cartes devraient être rebattues. Selon la Bourse de commerce de Buenos Aires, le pays devrait produire 55 Mt de maïs ainsi que 50 Mt de soja. En revanche, au Brésil, les premiers chiffres de la récolte sont moyens. On s’attend à une production inférieure à la moyenne, en raison des pluies excessives qui ont réduit les semis. « En Uruguay, les semis ont été estimés proches de la moyenne, mais ont été inférieurs aux attentes initiales en raison de la faible disponibilité de l’eau d’irrigation au moment des plantations », souligne l’étude de la FAO.
El Niño est un phénomène météorologique naturel, qui correspond à un réchauffement d’une grande partie du Pacifique tropical et se produit tous les 2 à 7 ans pour durer entre 9 et 12 mois. Celui que l’on surnomme «l’enfant terrible du climat» modifie la circulation de l’atmosphère à l’échelle de la planète et réchauffe des zones lointaines et, souligne l’Organisation météorologique mondiale (OMM), il se produit dans le contexte d’un climat modifié par les activités humaines. Toujours selon l’OMM, ce phénomène a atteint son pic en décembre 2023 mais, il doit encore se traduire par des températures au-dessus de la normale jusqu’en mai sur la terre ferme. En raison de ce phénomène, la Terre a connu l’hiver le plus chaud jamais enregistré dans le monde, avec une augmentation de la température moyenne des océans.
(*) Crop prospects and food situation / march 2024 disponible (en anglais) sur le site de la FAO (www.fao.org)
** En revanche, les fortes pluies qui se sont abattues sur les principales zones de culture du sud de la Somalie ont provoqué des inondations généralisées et des pertes de récoltes considérables.
La rédaction