Aveyron | National | Par Didier Bouville

Edito : «Coup du sort ou coups tordus ?»

«L’abattoir de Rodez a été l’objet la semaine dernière (semaine 26 NDLR) d’une notoriété aussi soudaine qu’involontaire. L214 a de nouveau fait parler d’elle avec les méthodes détestables qu’on lui connaît et pour des objectifs que plus personne n’ignore : affaiblir et si possible abolir les filières d’élevage. La sensibilité d’une population urbaine totalement déracinée donne à ces vidéos une puissance de résonance qui fait trembler les politiques. Notre société est mal à l’aise avec la mort en général. Mais la mort des animaux a désormais un potentiel émotionnel qui dépasse celui des humains. Jusque là, quoi qu’on en pense, il n’y a rien de vraiment nouveau.

Lorsque l’on observe les choses avec un peu de recul, il est difficile de ne pas être frappé par la chronologie des événements. La vidéo sort quelques jours avant que l’entreprise concernée ne se retrouve placée en redressement alors que des discussions avec d’éventuels repreneurs se déroulent en coulisse… un ministre, qui a toujours pris fait et cause pour la ruralité, pour l’agriculture, face à ces associations minoritaires et leurs dérives (incendie d’un abattoir dans l’Ain, intrusions en élevage, dégradation de boucheries…) mais qui cette fois-ci dérape à l’antenne félicitant L214 au détriment de ses propres services ! Hommage d’autant plus surprenant que le côté spectaculaire des images est d’abord le résultat d’un montage sophistiqué après des semaines d’enregistrement…

Le bien-être animal est un enjeu majeur. Les éleveurs y sont très sensibles et tous les métiers, toutes les entre- prises de la filière, doivent se mobiliser pour améliorer les pratiques. Notre pays est en pointe sur ce sujet mais nous sommes tous sous le regard exigeant des consommateurs, il faut l’intégrer. Un abattoir ne sera jamais le lieu d’un divertissement agréable. Mais c’est un maillon indispensable dans la longue chaîne des activités qui ont pour mission de nourrir les Hommes. Si les métiers qui s’y exercent étaient des métiers faciles, tout le monde se précipiterait pour y travailler. Nous savons tous que ce n’est pas le cas.

Derrière, QUI maîtrise les outils et les circuits commerciaux, se trouve un enjeu économique ET territorial. Au delà des événements des jours passés, même s’ils laissent un goût amer, nous devons rester concentrés pour agir autant qu’on le peut, à la place qui est la nôtre, dans l’intérêt de notre territoire et de nos activités d’élevage, lait et viande ensemble, pour créer de la valeur à partir de nos produits pour les éleveurs et les métiers de nos filières».

Dominique FAYEL

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