«La commission des comptes de l’agriculture vient de rendre ses résultats provisoires pour 2016 : tous les chiffres sont négatifs ou presque, en volume, comme en valeur. Seules exceptions : les secteurs de la betterave, des fruits et légumes et des pommes de terre.
Les productions qui nous concernent en Aveyron n’échappent pas à la vague : – 3,5 % et – 8 % d’évolution des revenus pour la viande et le lait. A l’échelle nationale, la baisse des résultats bruts, toutes productions confondues, atteint -14% et -12,3 par actif !
Cela n’est pas le fait d’une année exceptionnelle, mais le prolongement d’une tendance engagée déjà depuis plusieurs années. Le cumul de ces années de crise a asséché les trésoreries, anéanti la rentabilité et compromet, au-delà du renouvellement des générations, la pérennité du modèle agricole français, avec une agriculture diversifiée présente sur tous les territoires, basée avant tout sur ses actifs.
Les raisons de ce désastre sont connues : la fin de la protection des marchés au niveau européen et les plein pouvoirs accordés à la distribution dans la relation commerciale au niveau national. La conjonction des deux nous a mené où nous sommes. Ce pays, si intimement lié, par ses racines, par son Histoire, à ses territoires et à sa paysannerie, a jeté ses paysans aux lions !
«L’heure de vérité, c’est maintenant»
Les semaines et les mois à venir verront se dérouler, à la fois, les Etats généraux de l’Alimentation, les négociations européennes autour du projet «Omnibus», ainsi que les premières discutions qui se posent pour la PAC post 2020. Se sera l’unique opportunité avant bien longtemps, qui donnera l’occasion au nouveau gouvernement et au nouveau président, soit de réintégrer les paysans et l’agriculture dans le projet de la Nation, soit d’abandonner ce secteur, au mieux en mettant les formes à une subtile lâcheté.
La consultation publique conduite par la commission dans le cadre de la réflexion sur la future PAC aura au moins mis en évidence un point partagé par les agriculteurs comme par la société civile : la part de valeur qui revient au producteur dans la chaîne alimentaire et le revenu des producteurs est un enjeu fondamental.
C’est précisément cet enjeu que nous avons placé au coeur des États généraux de l’Alimentation.
Pour notre agriculture, l’heure de vérité, c’est maintenant».
Dominique FAYEL
Président de la FDSEA Aveyron
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