Aveyron | Par Eva DZ
Stéphane et Julien Bertuol sont installés à Coubisou. Les deux frères élèvent des chèvres laitières et ont développé en complément un atelier ovin viande. Stéphane a fabriqué et aménagé dans la bergerie, un parc et un couloir de contention sur-mesure autour de la bascule automatique pour rendre la pesée des agneaux moins pénible et plus efficace.
«Nous trions des agneaux toute l’année pour fournir les labels Agneau Fermier de l’Aveyron et Agneau Fermier des Pays d’Oc pour notre coopérative natera. Ce qui sous-entend de les peser régulièrement pour sortir des animaux dont le poids correspond à la grille de prix», explique Stéphane.
A la recherche de solutions
Depuis 2003, date de démarrage de l’atelier ovin, Julien, le premier installé sur la ferme familiale, pesait les agneaux un par un. «Ce qui sous-entendait de les attraper un par un, puis de les soulever jusqu’au crochet de pesée. Celui-ci donnait une indication mais pas un poids très exact», raconte Stéphane qui l’a rejoint quelques années plus tard. «Il fallait forcément que nous soyons deux pour trier les animaux. La tâche était pénible, dure physiquement pour le dos et finalement peu fiable», reconnaît l’éleveur. «Nous travaillions plus souvent à l’œil pour éviter la corvée !», confie-t-il. «Nous avons commencé à investir dans une bascule mais sans parc ni couloir de contention pour y mener les agneaux. C’était toujours galère !». Alors Stéphane a commencé à se renseigner auprès de techniciens d’autres éleveurs, pour aménager un parc. Il a mis à profit son expérience de mécanicien agricole et ses talents de bricoleur. Il s’est documenté dans des revues spécialisées pour fabriquer un parc sur-mesure adapté à l’espace disponible dans la bergerie.

«C’était en 2017 et depuis, j’avoue que nous ne reviendrions pas en arrière !», sourit Stéphane. «Désormais la pesée des agneaux n’est plus une corvée que l’on repousse au lendemain ! Ce qui est franchement dommage car c’est le cœur de notre métier de vérifier la croissance des animaux. On peut la réaliser seul sans se faire mal au dos et sans y passer toute une matinée. Et le résultat est très précis», assure l’éleveur. «J’ai commencé avec un lot d’agneau d’abord puis j’ai ajusté l’aménagement, apporté des améliorations au fur et à mesure», poursuit Stéphane, qui a bénéficié de conseils et d’un appui financier de la MSA pour cette réalisation.
Des petites astuces qui facilitent le travail
Il a installé un système de barrières mobiles (et certaines coulissantes pour ne pas avoir à les enjamber) pour séparer et contenir les lots et d’autres en forme d’arc de cercle pour «pousser» les agneaux jusqu’au couloir. Et le long de ce couloir, il a mis des panneaux de bois pour qu’ils suivent bien le rang et ne s’échappent pas ! Et a installé un portillon anti-retour au bout du couloir pour que les agneaux ne fassent pas demi-tour ! «Une fois passés à la bascule, on sépare facilement les agneaux qui sont prêts, de ceux qui retournent à l’engraissement. Le travail est vraiment facilité. Il y a un peu de dressage au premier passage mais ensuite les agneaux s’habituent vite au système !», assure Stéphane. Il en a aussi profité pour mettre un lecteur de puces à la bascule qui bipe les animaux à leur passage et envoie les infos sur le portable de l’éleveur.

Devant l’ingéniosité du système, un conseiller prévention de la MSA est même venu filmer l’installation à la fin du chantier ! «J’ai reçu aussi quelques éleveurs pour partager l’expérience», souffle Stéphane, heureux de pouvoir échanger avec d’autres éleveurs ovins.
Ne manquant pas d’idées, l’éleveur a aussi aménagé un quai de chargement à la sortie du parc de contention. «J’ai adapté la hauteur à ma remorque, de façon à ce que les agneaux ne voient pas la différence. L’idée c’est que le chemin soit fluide pour eux jusqu’à la camionnette et pour moi, plus rapide à charger !», complète-t-il. Autre petite astuce, deux bidons découpés et collés dos à dos, installés à cheval sur les barrières pour faciliter le travail pendant les mises-bas et pour éviter de transporter les seaux, deux enrouleurs avec tuyau d’eau ont été installés dans la bergerie. «Ça peut paraître gadget mais ça facilite drôlement la vie ! Ainsi plus de seaux renversés au milieu de parc et souillés !». Il suffit d’un peu d’ingéniosité !
Eva DZ