National | Par La rédaction

Congrès FNB : Quelle définition pour la durabilité d’un élevage ?

Le congrès de la Fédération nationale bovine (FNB) s’est tenu les 12 et 13 février à La Rochelle (Charente-Maritime). Les éleveurs ont notamment planché dans trois groupes de travail dont l’un était centré sur la valorisation des atouts sociétaux de l’élevage bovin. 

Une délégation de la FDSEA Aveyron a participé au congrès FNB à La Rochelle.

L’ambiance a été studieuse au Forum des Pertuis, sur le port de La Rochelle où plusieurs centaines d’éleveurs ont été rassemblés pour échanger sur l’avenir de leur profession. De la réflexion d’un premier groupe («Maigre ou engraissement, telle est la question») est ressortie l’idée générale de dégager une vraie stratégie sur le court et moyen terme : «Si on n’a pas d’engagement sur l’engraissement, le maigre  (veaux et femelles), risque d’être exporté, ce qui pourrait accroître la décapitalisation», s’est inquiété Cédric Mandin, secrétaire général de la FNB. Le seul secteur allaitant a perdu 600 000 vaches sur les 7 dernières années, un million si l’on y ajoute les 400 000 du secteur laitier. L’anticipation a guidé les échanges du deuxième groupe qui a débattu de la politique sanitaire. Michel Joly, président de la section régionale bovine de la FRSEA Bourgogne-Franche-Comté a résumé l’état d’esprit des éleveurs qui sont aujourd’hui entre «incompréhension et désarroi». Il a pointé le manque de coordination au niveau de l’Etat pour lutter contre les maladies vectorielles qui reviennent plus souvent. Cette inefficacité a fait perdre
200 000 naissances au secteur en 2024, a-t-il regretté. 

Déconnexion culturelle

Le troisième groupe a, pour sa part, pris le thème suivant «Valoriser les atouts sociétaux de l’élevage bovin» qui a, en particulier, abordé les sujets du carbone, de la consommation et de la communication. «Le tunnel du carbone n’est pas le bon pour l’élevage», a résumé Guillaume Gauthier, secrétaire général adjoint de la FNB. Il n’a fait que contracter la pensée de Frédérik Jobert, adjoint au secrétaire général de la planification écologique (SGPE), Antoine Pellion. Celui-ci a exprimé «son inquiétude et même sa détresse» quant à la manière dont les réunions interministérielles du Secrétariat général (SGPE) analysent l’agriculture en général et l’ élevage en particulier.  Parlant sans fard «d’échec politique», de «déconnexion culturelle»,  Frédérik Jobert s’est ému du contexte réglementaire contraignant et de l’inefficacité des soutiens publics : «C’est comme arroser du sable», a-t-il lâché. Faisant part de ses «convictions personnelles» et de ce fait n’engageant aucunement le SGPE, il a souhaité que «l’élevage sorte du tunnel du carbone». Pour lui, l’approche est faussée dès le départ, car seul le carbone peut être quantifié. «On ne sait pas quantifier l’entretien des paysages» et les autres aménités positives qu’il génère : lutte contre les incendies, les crues, les sécheresses, le tourisme, la préservation de la biodiversité, la gastronomie, la richesse culturelle ou le maintien des services publics… Pour le SGPE adjoint, ce sont toutes ces externalités dont il faudrait tenir compte.

Intelligence naturelle

Or ces éléments ne sont pas pris en compte dans l’analyse du cycle de vie (ACV) qui sert de support au Nutriscore et au futur affichage environnemental. «J’ai peur nos élevages et nos produits ne rentrent pas dans ce système», s’est inquiété Guillaume Gauthier, pas si étonné que les volailles brésiliennes soient mieux notées qu’une viande rouge biologique française. «Les dés sont pipés. C’est une affiche politique et idéologique qui ne correspond en rien à la réalité. C’est fait et ça fonctionne pour les boulons, pas pour le vivant», a-t-il affirmé. «C’est aussi un affichage technocratique (…) une vraie usine à gaz comme le label bas carbone», a renchéri Frédérick Jobert qui a plaidé pour que la FNB, le SGPE et la FNSEA coécrivent ensemble une définition de l’élevage durable. «On vient de terminer hier (11 février, ndlr), un sommet sur l’intelligence artificielle. On pourrait dire que l’élevage durable, c’est de l’intelligence naturelle», s’est exclamé un éleveur dans la salle. Chacun sait que le chemin sera encore long à convaincre les esprits et faire bouger les lignes surtout quand dans le milieu scolaire on présente l’élevage de façon manichéenne : «Mon fils de 7 ans m’a demandé un soir, en rentrant de l’école : ‘‘Papa, tu fais de l’élevage bio ou industriel’’ ?», a témoigné Guillaume Gauthier. «Et dire que le Programme national nutrition santé recommande 500 grammes de viande par semaine, et que nous n’en sommes qu’à 364 !», a-t-il conclu. 

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La Fédération nationale bovine (FNB) appelle à une «inversion de logique immédiate de la part des opérateurs» de l’aval. Elle s’insurge notamment contre les faibles prix payés aux éleveurs et contre le fait que ces opérateurs seraient tentés de moins s’approvisionner en viande française qu’ils jugent trop chère. Stigmatisant ses baisses de prix au producteur et la «dégradation de valeur par une course aux promotions», les éleveurs de bovins juge cette attitude «injustifiable au regard de la conjoncture, quand l’offre nationale baisse et que la consommation reste stable».La FNB pointe aussi du doigt le ministre de l’économie (Bruno Le Maire, ndlr) qui «appelle à ne pas respecter la loi» Egalim 2, et porte «atteinte à la souveraineté alimentaire en favorisant…