Aveyron | Par Didier Bouville
Il y a un an, à l’initiative de deux jeunes agricultrices membres de JA, un groupe s’est créé pour encourager les agricultrices, et elles sont de plus en plus nombreuses, à s’engager pour défendre leur métier et leur place. Elles se sont retrouvées pour une journée d’échanges mardi 15 octobre à Rodez (notre photo).
A l’image de la féminisation de l’agriculture au niveau national et en Aveyron, les agricultrices étaient nombreuses à participer à la journée d’échanges autour de l’engagement au féminin. Chefs d’exploitation, membres de GAEC, conjointes collaboratrices, tous les profils étaient représentés, de même que la diversité des productions et des régions naturelles du département. «Ca me fait chaud au cœur de voir toutes ces femmes réunies et réfléchir ensemble pour encourager d’autres agricultrices à les rejoindre», a introduit Marie-Thérèse Lacombe en doyenne de la rencontre et de l’engagement des femmes en agriculture.
«La relève est là !»
Parce qu’il est important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va, Marie-Thérèse Lacombe a rappelé quelques points d’histoire. Et l’histoire n’est pas si éloignée que cela, du temps où les femmes n’avaient pas leur mot à dire sur les fermes : «elles étaient des bras de plus pour travailler et elles assuraient la descendance !», se souvient Marie-Thérèse Lacombe, qui toute sa vie a travaillé «sans titre» pour une «retraite minable». De son engagement à la JACF où elle a rencontré Raymond Lacombe à son arrivée en Aveyron en 1958 : «notre première décision a été de construire notre propre maison pour ne pas subir le fléau de la cohabitation avec les beaux-parents !». De ses actions militantes au niveau national pour faire reconnaître la place des femmes dans l’agriculture à son implication locale dans les groupes de vulgarisation féminine.
«Dans ces groupes, les femmes ont travaillé sur des sujets concrets : amélioration de l’habitat, mise en place de petits élevages hors-sol, prise en main de la comptabilité et de la TVA…», se souvient-elle. Et de revenir sur les faits marquants de la reconnaissance des femmes en agriculture : transparence dans les EARL en 1985, reconnaissance des associés dans la DJA en 1987, statut conjoint collaborateur en 1999, couverture sociale en 2006, GAEC entre époux en 2010… «Mais il y a encore beaucoup à faire», avance Marie-Thérèse Lacombe. Sabine Naudan – Delbosc, vice-présidente de la MSA pour l’Aveyron, évoquant ainsi la présence d’une cinquantaine de femmes toujours sans statut en Aveyron aujourd’hui.
28% des chefs d’exploitation en Aveyron sont des femmes
En France :
25% des chefs d’exploutation sont des femmes contre 8% en 1970
31% en viticulture, 31% en ovins et autres herbivores, 27% en porcs et volailles
32% des actifs permanents agricoles sont des femmes en 2018
52% des élèves de l’enseignement agricole sont des femmes en 2019
En Aveyron :
8 311 femmes actives en agriculture dont 2 767 chefs d’exploitation en 2019
28% des chefs d’exploitation sont des femmes
Au conseil d’administration de la FDSEA : 8 femmes sur 138 membres
Au conseil d’administration de JA : 3 femmes sur 26 membres
A la Chambre d’agriculture : 12 femmes sur 39 membres.
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