National | Par La rédaction

Chaque voix compte

Jeunes Agriculteurs et la FNSEA ont officiellement lancé leur campagne aux élections Chambres d’agriculture début décembre. Depuis, les mobilisations n’ont pas faibli. Et la campagne se poursuit en parallèle des reconfigurations successives du gouvernement, avec l’objectif de porter un programme ambitieux, réaliste et cohérent pour l’agriculture française.

Pierrick Horel et Arnaud Rousseau © Actuagri

Que faut-il souhaiter à l’agriculture française pour cette nouvelle année ? 

Arnaud Rousseau : «J’adresse tout d’abord mes meilleurs vœux à l’ensemble des agricultrices et des agriculteurs en leur souhaitant le meilleur pour l’année 2025 : la santé, la réussite dans leurs projets et de meilleures conditions d’exercice de notre métier. Qu’elles et qu’ils sachent qu’ils peuvent compter sur la FNSEA pour défendre leurs intérêts et être à leurs côtés dans les bons moments comme dans les périodes plus compliquées. Je souhaite surtout à l’agriculture française de la stabilité, des perspectives et de la cohérence.

Pierrick Horel : Comme Arnaud, je souhaite le meilleur à nos agricultrices et nos agriculteurs. Je souhaite porter un message d’espoir à la jeunesse afin de retrouver le goût d’entreprendre pour des agricultures durables, de relancer la dynamique économique de notre secteur et, enfin, de convaincre de nombreux jeunes de rejoindre nos rangs.

La campagne des élections Chambres bat son plein. Quel est le projet de vos listes communes ? 

A.R. : Nous nous sommes rassemblés autour des trois thèmes majeurs que sont la dignité, le revenu et l’accès aux moyens de production. La dignité que nous demandons passe par plusieurs éléments mais principalement par la reconnaissance de notre travail et de notre utilité indispensable. Les Français ont rendez-vous trois fois par jour avec l’agriculture, lors de chaque repas. C’est pourquoi, reconnaître l’agriculture comme d’intérêt général dans la loi française au même titre que l’environnement, est indispensable pour repositionner l’acte de production. Les Français qui nous manifestent leur soutien depuis le début des mobilisations ont bien compris, eux, que nous sommes essentiels ! Ils contribuent ainsi à notre dignité.

P.H. : Nous avons aussi besoin de revenus décents qui puissent nous permettre de vivre dignement. N’ayons pas honte de gagner notre vie et n’ayons pas peur de le dire. Ce qui permettra d’attirer encore plus de jeunes qui ont déjà un fort attachement au vivant qui reste notre cœur de métier. Les lois Egalim doivent aller encore plus loin pour préserver la valeur à destination des agriculteurs et s’accompagner d’une loi de simplification. Au quotidien, les lourdeurs administratives sont déconnectées de notre activité quotidienne et c’est pourquoi, tant que nous n’avons pas eu de gouvernement, nous avons refusé les contrôles administratifs sur nos exploitations. La vocation des agriculteurs est d’être dans leur champ, pas systématiquement derrière leur écran d’ordinateur… C’est aussi ce que nous défendons à travers notre «Loi entreprendre en agriculture» dont les politiques pourraient fortement s’inspirer. 

A.R. : Simplifier c’est aussi nous donner les moyens de produire. Dans ce domaine, je crois que les différents gouvernements français, avec les innombrables surtranspositions que nous subissons, ont réussi à nous retirer notre capacité à entreprendre et à produire. La Commission européenne de Bruxelles s’entête : les règles assez contraignantes de la PAC ne lui semblaient sans doute pas suffisantes pour qu’elle nous ajoute, la directive émissions industrielles dite directive IED ou celle sur la restauration de la nature… Ce sont autant d’entraves à l’exercice normal de notre métier qui pèsent sur notre compétitivité. Ce que nous souhaitons, c’est de pouvoir jouer à armes égales sur le plan économique, social et environnemental, à l’échelle européenne comme à l’international…

P.H. : N’oublions pas que nous sommes des chefs d’entreprises, des entrepreneurs du vivant au cœur même des territoires que nous animons au quotidien. Pour une ruralité vivante, il faut donc un renouvellement des générations encouragé par des politiques publiques ambitieuses. Nous souhaitons, dans les Chambres, une mise en œuvre rigoureuse du futur guichet unique porté dans la future loi d’orientation pour la souveraineté agricole. Il s’agira de mieux accueillir des publics plus nombreux et diversifiés et de les préparer à faire face au changement climatique.

Quel autre message souhaitez-vous passer alors que les votes pour les élections Chambres ont déjà débuté ? 

A.R. : Il tient en deux mots : «Allez voter». Nous sommes la profession qui reste encore celle où l’esprit civique demeure le plus prégnant et le plus important dans la sphère purement professionnelle. Au regard des autres votes consulaires, Jeunes Agriculteurs et la FNSEA ont engagé un combat inédit, pour ne pas dire historique, pour obtenir une nouvelle approche dans le traitement de l’agriculture et de ses enjeux : nous en appelons à la participation de toutes et tous, pour repasser la barre symbolique des 50 %, et montrer à la classe politique notre détermination. Continuons ensemble à refuser de subir et donnons-nous collectivement les moyens de faire grandir le goût d’entreprendre avec des Chambres d’agriculture en capacité d’accompagner tous les projets.  

P.H. : Oui chaque voix compte car il ne faut pas se bercer d’illusions, ni se reposer sur nos lauriers. Ce n’est pas parce que nous avons gagné il y a six ans que nous sommes assurés de la victoire demain. La tentation du dégagisme existe et face à des compétiteurs qui utilisent la surenchère permanente, nous devons tous rester mobilisés. Du vote de chacun dépend notre représentativité et notre capacité à défendre, utilement, les agriculteurs français, quels que soient leurs profils et leurs projets. Ce vote, c’est aussi le choix de la responsabilité. Il ne faut donc rien lâcher. Nous allons accélérer la cadence, sans états d’âme, car nous savons notre projet solide».

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