National | Par Didier Bouville
Le 23 juillet, les députés ont voté en faveur d’une ratification de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Pour les responsables agricoles, il s’agit d’une trahison à l’égard du monde agricole.
266 voix pour, 213 contres, il aura fallu seulement quelques minutes pour qu’une courte majorité de députés vote la ratification du Ceta (52 marcheurs se sont abstenus et 9 ont voté contre le texte). Un vote qui aura largement occupé l’espace médiatique et politique ; tribune de Nicolas Hulot, prise de positions marquées des membres du gouvernement, le matin même un article du journal Le Monde, largement relayé, mettait en lumière une « faille » permettant aux canadiens de nourrir leurs animaux avec des farines animales. En amont du vote, lors des questions au gouvernement des députés, opposés à cette ratification, ont largement exprimé leur désaccord dénonçant un accord dangereux pour l’agriculture et les consommateurs. Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, se sent trahit par ce vote qui met à jour un double discours insupportable pour les agriculteurs.
Des distorsions «insoutenables»
«266 députés qui acceptent de faire entrer en France des produits cultivés avec 46 pesticides interdits en Europe, ou encore des animaux nourris à base de farine animale, avec des activateurs de croissance, dans des conditions de bien-être animal à des années-lumière de ce que l’on connaît en France, 266 parlementaires qui mentent aux Français, c’est scandaleux !», se désole le secrétaire général adjoint. «Ce qui est en train de se passer est révoltant pour l’agriculture française, et je ne parle même pas des conséquences économiques qui sont considérables !», ajoute agacé Patrick Bénézit.
«Si l’on veut faire un bilan « prévisionnel » du Ceta, on peut observer le bilan d’un autre accord, celui avec l’Océanie signé il y a 30 ans. Il a été fatal pour la production ovine et avec le Ceta le même scénario pourrait se reproduire pour la production bovine», explique Arnold Puech D’Alissac, membre du bureau de la FNSEA. L’importation de 65 000 tonnes de viande bovine en provenance du Canada pourrait ainsi mettre à mal les éleveurs français, et européens.
«C’est révoltant de laisser entrer ces produits et d’imposer des normes de plus en plus draconiennes aux agriculteurs, renchérit Patrick Bénézit, nous en avons ras-le-bol des distorsions et nous allons rester mobilisés pour les dénoncer. Nous nous battrons jusqu’au bout pour empêcher cet accord, notamment lors du vote au Sénat en septembre prochain !».
éleveurs+CETA+FNB