National | Par Didier Bouville
Lors du dernier conseil agricole européen, Didier Guillaume, le ministre français de l’Agriculture, a réuni le soutien de 16 de ses collèges pour demander aux chefs d’Etat et de gouvernement de refuser les baisses du budget agricole à partir de 2020. La ministre allemande, Julia Klöckner, est d’accord avec cette position, mais ne peut pas la soutenir.
En réalité, la chancelière, Angela Merkel, ne veut pas mettre plus de moyens dans l’Europe juste pour boucher le trou laissé par le Brexit dans le budget agricole. En revanche, elle veut plus de moyens pour la recherche, la digitalisation, la défense, le contrôle des frontières et les migrations, l’Afrique et la jeunesse. Pour elle, l’agriculture est à un rang secondaire dans ses préoccupations actuelles d’ex-scientifique qui ne se représentera plus aux élections. Pourtant, Julia Klöckner avait adressé une lettre au ministre des affaires étrangères, Heiko Mas (SPD), pour protester contre le maintien de la position gouvernementale à 1 % du PIB de la contribution étatique au budget européen, malgré les engagements pris dans le contrat de gouvernement de la grande coalition.
Quant au Parlement européen, il s’est prononcé pour une contribution des Etats aux futurs budgets européens de 1,3 % PIB, contre 1,01 % actuellement, et pour le maintien des dotations du budget agricole et de celui du fonds de cohésion. Pour sa part, la Commission européenne a proposé un taux de 1,114 % de contributions des Etats à partir de 2021. L’Allemagne n’est pas la seule à refuser une augmentation des dotations à l’Europe : il y aussi les Pays-Bas et la Suède. Le risque est que tout accord sur le financement de la nouvelle programmation budgétaire de l’UE de 2021 à 2027 n’intervienne que quand l’Allemagne prendra la présidence du Conseil des ministres au deuxième semestre 2020.
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