Aveyron | Par La rédaction
Le centre de formations de l’ADPSA agrémente son BPREA de plusieurs sorties terrain. Dernier exemple en date, à Salles la Source, où un groupe de stagiaires en productions ovin et caprin et leurs formateurs ont réalisé un diagnostic prairie.
Les stagiaires en BPREA de l’ADPSA en productions ovins et caprins sur le terrain avec leurs formateurs, pour un diagnostic prairie.
Crapahuter dans les parcelles à la recherche de plantes bio-indicatrices, composer un herbier pour mieux les identifier, comprendre leur rôle dans une prairie et au-delà en apprendre plus sur le fonctionnement du sol : il n’y a pas meilleur apprentissage que le terrain ! Le groupe de stagiaires en BPREA à l’ADPSA, en productions ovin et caprin, s’est retrouvé une matinée, à Salles la Source, sur l’exploitation des parents de l’une d’entre eux. Au programme de cette sortie terrain : la visite de plusieurs parcelles et l’élaboration d’un diagnostic des prairies. «Sur le terrain, nous amenons les stagiaires à réfléchir à la présence de plantes bio-indicatrices sur les prairies naturelles ou temporaires anciennes», explique Pierre Joffre, formateur responsable pédagogique à l’ADPSA, spécialisé dans l’agronomie. «La présence ou l’absence de plantes bio-indicatrices livre des indications sur le type de sol, son fonctionnement, mais aussi sur les pratiques de l’éleveur. Pourquoi cette plante pousse-t-elle à cet endroit ? Trouver la ou les raisons permet de comprendre le fonctionnement d’une prairie et ainsi de réfléchir à nos pratiques, de les améliorer, de les optimiser…», poursuit-il.
Méthode Ducerf en application
En parallèle, les stagiaires abordent aussi les analyses de terre, l’observation d’un profil de sol ou encore un bilan azote. Depuis 2014 et la loi avenir, la notion d’agro-écologie a fait son apparition dans l’enseignement agricole : «Il ne s’agit pas de saupoudrer l’agriculture d’ un peu d’environnement et d’écologie mais bien d’intégrer des processus naturels. S’inspirer de la nature pour améliorer la performance de l’agro-écosystème y compris sur le plan économique, par exemple favoriser la photosynthèse ou la fixation symbiotique (processus biologique qui assure une croissance et une nutrition azotée des plantes de façon naturelle)».
«Mettre un nom sur les plantes est une première étape : dans le milieu agricole, on connaît très peu les plantes en général sauf celles que l’on cultive ou celles que l’on combat ! Pourtant les plantes sauvages livrent de nombreuses indications sur le sol, ses caractéristiques, son fonctionnement…», ajoute Pierre Joffre. Et une prairie naturelle peut compter jusqu’à une trentaine d’espèces différentes ! Le premier réflexe est l’observation. Le groupe s’est appuyé sur la méthode Ducerf, botaniste, qui a publié une encyclopédie spéciali- sée sur les plantes bio-indicatrices, un ouvrage qui identifie un certain nombre d’espèces avec pour chacune une mine d’informations.
Mise en situation
A partir de ce qu’ils ont observé sur les parcelles, les stagiaires ont réalisé un diagnostic des prairies visitées. Encadrés par Pierre Joffre et Jean-Romain Regourd, technicien UNOTEC, ils ont réfléchi à quelques recommandations pour améliorer encore et optimiser le fonctionnement du sol, notamment dans le contexte de changement climatique. «Cet exercice permet aux stagiaires de se mettre en situation, de réfléchir à des changements de pratiques (fertilisation, re-semis…). Il n’y a pas une recette miracle, la clé c’est l’observation et l’adaptation», explique encore Pierre Joffre.
Ces sorties-terrains s’inscrivent dans une semaine dédiée à l’agronomie. «Dans la même semaine, nous abordons les notions de fertilisation, d’amendement, d’utilisation et de gestion des fumiers, de pâturage… en intégrant les plantes bio-indicatrices», poursuit Pierre Joffre. Des apports théoriques agrémentés donc de sorties-terrain sur des exploitations diverses, bien souvent chez les stagiaires. Un volet concerne aussi la conduite des céréales, le choix des espèces, le suivi du semis à la fertilisation, le désherbage, la récolte, la conservation et la commercialisation à travers deux exemples, l’un en filière courte chez un paysan boulanger et l’autre en filière longue avec le Régalou. «Avec l’étude des pratiques et l’observation sur le terrain, nous bouclons la boucle de la théorie. L’objectif est que les stagiaires puissent intégrer les indicateurs des plantes dans la conduite de leur système lorsqu’ils seront installés. D’ailleurs, une partie de leur évaluation concerne la mise en application de ces apports pédagogiques sur leur propre projet d’exploitation», conclut Pierre Joffre. Ou quand la formation se transforme en action !
A noter que ces sorties-terrains sont également proposées aux autres stagiaires BPREA notamment en production bovin lait et viande.
Eva DZ
adpsa+bprea+agronomie