Aveyron | Par Bérangère Carel
Bastien Vergnes a repris à 28 ans l’exploitation de Paulette et Francis Médal, spécialisée en Veau d’Aveyron et du Ségala, implantée à Saint André de Najac.
Le parcours de Bastien débute à Arvieu où son père, Jean-Louis, élevait principalement des vaches laitières sur 40 hectares. L’envie de suivre des études agricoles l’a orienté vers La Roque où il a réussi un Bac STAV et un BTS Productions Animales. «Faire des études agricoles était une évidence, même si je n’étais pas du tout sûr de m’installer. Ce qui me passionnait, et me passionne toujours, c’est la génétique».
Cet intérêt l’a conduit à intégrer l’entreprise Coopelso en tant qu’inséminateur. Carrière qu’il a poursuivie pendant sept ans, dont six sur le secteur de Najac. «C’est comme ça que j’ai rencontré Paulette et Francis Médal, qui élevaient alors 90 Limousines en Veau d’Aveyron et du Ségala, sur 85 hectares, dont 17 en location». L’expérience d’inséminateur de Bastien a permis à cet enfant du Lévézou de bien connaître sa région d’adoption, son agriculture et ses agriculteurs, un atout pour réussir une installation !
Le soutien des cédants
Il faut dire que les chemins du couple d’éleveurs et du jeune repreneur se sont croisés au bon moment. «L’envie de travailler ma propre génétique devenait de plus en plus forte. C’est à ce moment que Paulette et Francis, arrivant à l’âge de la retraite, m’ont spontanément proposé de prendre leur suite». Bastien a alors commencé à travailler chez le couple en dehors de ses heures de travail, puis s’est installé au premier janvier 2022. «J’ai basé mon projet d’installation sur le rachat du cheptel et du matériel, et le foncier en location. Or la surface que mes cédants avait en fermage s’est retrouvée à la vente. Comme je ne pouvais pas encore investir pour l’acheter, c’est Paulette et Francis qui l’ont fait pour me la louer». Grâce à cet investissement, les cédants ont sécurisé l’installation de leur repreneur, un exemple à suivre !
Conserver le patrimoine familial
Bastien Vergnes ne s’est pas installé sur la ferme de son père pour plusieurs raisons. «Je n’étais pas motivé par la traite au vu de la conjoncture économique de l’époque. Or, avec uniquement 40 hectares de foncier, on ne peut pas vivre de la vache allaitante. De plus, sur un secteur à dominance ovins lait, obtenir du foncier est très difficile et onéreux».
D’autre part, les bâtiments de la ferme ont été victimes d’un incendie en 2018. «Refaire des bâtiments représentait un trop gros investissement». Néanmoins, le jeune agriculteur ne veut pas abandonner le patrimoine familial. La ferme arvieunoise accueille ainsi tous les ans les génisses de Bastien en estive. «Après l’incendie, mon père a arrêté le lait pour élever des Aubrac, en filière broutards, et passer ainsi les dernières années avant la retraite. Aujourd’hui, c’est moi qui prends soin de ces vaches». Le cheptel de Bastien, qui compte une centaine de mères, est composé d’un tiers d’Aubrac, le reste en Limousines. «C’est un bonheur de travailler avec ces vaches qui sont très dociles, tant elles ont été chouchoutées par mon père…».
De la continuité dans le renouveau
Malgré une volonté farouche de tracer sa propre route, on sent chez Bastien Vergnes un attachement particulier pour ce qu’ont accompli ses prédécesseurs, qu’il s’agisse de ses cédants ou de son père. «Avant de se spécialiser en vaches laitières, mon père avait un troupeau en Veau d’Aveyron. Il a même fait partie de l’équipe fondatrice de la SA4R, entreprise avec laquelle je travaille aujourd’hui».
Pour le jeune homme, le patrimoine ce n’est ni le foncier, ni le matériel. Ce sont plutôt les animaux, et surtout une certaine vision du métier. «Je suis fier de produire de la qualité, dans une filière reconnue. Je participe au groupe Jeunes Eleveurs» de l’IRVA, même si je n’ai pas encore trop le temps de m’impliquer».
Jeune papa, Bastien Vergnes compte à présent œuvrer dans l’optimisation du temps de travail, avec un projet de bâtiment pour mieux regrouper tout le troupeau. En attendant, il apprécie grandement les «coups de main» de Francis Médal, qui répond encore présent pour épauler son repreneur.
Bérangère Carel