Aveyron | Par Didier Bouville
Les commerces de bouche ont été les seuls autorisés à rester ouverts pendant le confinement. Pierre Azémar, administrateur et président sortant du syndicat départemental des artisans bouchers, revient sur cette période tout de même délicate pour les professionnels et qui ne sera pas sans conséquence pour l’avenir.
«Selon la localisation des magasins, l’impact du confinement a été plus ou moins important : certains ont enregistré des hausses d’activité, d’autres des baisses, d’autres encore ont stabilisé leurs ventes. Ce sont surtout les hyper-centres qui ont souffert ainsi que les commerces les plus isolés et qui comptaient sur le démarrage de la saison touristique… Nous notons de façon générale, un regain d’intérêt des consommateurs pour les petits commerçants proches de chez eux. Ils ont (re)découvert leurs commerçants locaux, en qui ils ont toute confiance. Les mesures d’hygiène, de désinfection sont une habitude dans notre travail, depuis toujours, cela rassure la clientèle. Et nous avons aussi maintenu l’approvisionnement chez nos éleveurs pour nos produits. Une garantie d’origine, le circuit court par excellence ! D’ailleurs nous nous sommes associés à l’opération nationale soutenue par la Chambre de métiers et de l’artisanat fin avril «Je soutiens mon artisan».
Nos boucheries ont aussi souffert de l’annulation des concours d’animaux de boucherie, comme les Bœufs de Pâques de Laguiole ou de Baraqueville, ces événements sont l’occasion de se retrouver au sein de la filière viande, de célébrer des animaux un peu mieux finis même si en Aveyron, bassin d’élevage par excellence, la qualité se vit au quo-tidien ! Cela nous a poussé à nous réorganiser, à être pro-actifs en proposant de la livraison à domicile, des Drive, à modifier nos horaires d’ouverture… Il est difficile de tirer un bilan de la situation de nos commerces aujourd’hui mais certains ont vraiment souffert. Nous devons préserver notre activité pendant cette crise et déjà anticiper l’après : montrer que nous sommes en capa- cité de fournir un service attendu, presque personnalisé et de qualité. Il faut le vivre comme une opportunité de nous démarquer. Cela passe aussi par la non-augmentation de nos tarifs».
Et par la solidarité aussi… Pierre Azémar propriétaire de Rouergue Saveurs à Rodez, a décidé de reverser 5% de son chiffre d’affaires aux artisans et commerçants qui ont dû baisser le rideau pendant le confinement. «Cela correspond à la marge nette de mon maga- sin. Cette somme sera convertie en bons d’achat pour mes clients, à utiliser chez des commerçants du Ruthénois. Je le fais pour permettre à notre tissu économique local de s’en sortir. Il s’agit de notre avenir à tous».
Eva DZ
bouchers+viande+bovins