Aveyron | Par La rédaction
L’organisation de producteurs APROVIA était en assemblée générale vendredi 29 avril à Druelle. Entre des cours de l’agneau jamais atteints et une flambée des matières premières, les artisans éleveurs vivent une période bien singulière.
«Nous approchons de notre objectif des 8 euros/kg pour nos agneaux», se réjouit Philippe Tabardel. Le président d’APROVIA ne cachait pas sa satisfaction devant la hausse des cours des agneaux : «Lorsque l’on regarde la courbe des prix de l’agneau depuis 2003, nous ne pouvons que nous réjouir pour notre production : nous sommes passés de 90 euros/agneau en 2003 à 131,76 euros en 2021 et pour l’heure, 2022 s’annonce encore à la hausse…», confie-t-il. «Nous avons assisté à une progression inédite des cours avec un prix de 7,37 euros/kg (cotations ovines des Régions de France) et un niveau de prix significativement plus important chez APROVIA», confirme Jean-Luc Bruel, directeur. Autre élément de satisfaction, l’érosion du troupeau ovin viande semble se stabiliser et le cheptel laitier résiste bien. La production nationale affiche toujours une petite baisse mais non significative. Le nombre d’ovins abattus est en hausse de 2% entre 2020 et 2021. Les importations de viande ovine sont en baisse mais les importations d’agneaux vivants, notamment d’Espagne, sont en forte progression. Si la consommation de viande ovine continue de diminuer (-2,8% entre 2021 et 2022), les consommateurs privilégient la viande française plutôt que celle importée.
Un appui technique renouvelé
L’inquiétude des éleveurs ovins porte surtout sur la flambée du coût des matières premières : «En 2021 il n’y a pas eu d’impact sur le résultat des éleveurs, le prix ayant compensé la hausse mais qu’en sera-t-il en 2022 ?», interroge Jean-Luc Bruel. Alors pour accompagner au mieux les éleveurs dans cette période d’incertitudes, APROVIA continue de miser sur l’appui technique. «Nous réfléchissons à un nouveau dispositif d’accompagnement technique de nos adhérents en proposant à la fois un suivi individuel, un travail en groupe et une meilleure communication», avance Philippe Tabardel. «Jusqu’à présent, ce sont les résultats technico-économiques qui ont permis à nos adhérents de tirer leur épingle du jeu, d’obtenir la meilleure valorisation possible de leurs agneaux», avance Jean-Luc Bruel. En concertation avec son partenaire, les Etablissements Greffeuille, APROVIA continue d’encourager la qualité, la production de contre-saison.
Rapprocher rémunération et valorisation commerciale
Parallèlement, un groupe de travail s’est mis en place pour faire évoluer la grille de paiement des agneaux dans l’objectif «de rapprocher la rémunération de l’agneau de la valeur commerciale». «La grille de paiement de nos agneaux est un outil de travail impartial qui nous permet d’améliorer la qualité de nos produits et de les valoriser d’un point de vue commercial», expliquent les responsables d’APROVIA, qui oriente ce chantier sur plusieurs axes : travailler la qualité de l’agneau (conformation, engraissement, poids carcasse), faciliter le tri, orienter les choix techniques et génétiques et intégrer les coûts de production.
Une valorisation commerciale qui se traduit dans les chiffres présentés par l’entreprise Grefeuille, qui assure l’abattage et la commercialisation des agneaux des éleveurs d’APROVIA, entre autres. Les marques portées par l’entreprise de Capdenac, Allaiton, agneau laiton et la petite dernière Agneau fermier du Quercy sont en développement. Elles représentent 67% des volumes abattus par l’entreprise (sur 111 780 ovins abattus dont 63 800 fournis par les éleveurs d’APROVIA). Sur les 80 500 agneaux sous la mère issus d’APROVIA et abattus par Grefeuille, 53% sont destinés aux grossistes (boucheries traditionnelles), 26% aux boucheries en direct, 10% en GMS, 7% à Monteillet Aveyron et 4 % aux restaurateurs et particuliers. «Plus de 80% de nos agneaux sous la mère sont vendus sous une marque ou un label, c’est notre ADN», confirment les responsables de l’entreprise Greffeuille. Sa dernière initiative en date au moment de Pâques, baptisée Sélection Or, a remporté un beau succès auprès de ses clients. 300 agneaux sélectionnés pour leur grande qualité, ont tous été commercialisés et ont permis de dégager une plus-value de 27 000 euros reversée à la production. Un pari gagnant pour tous les maillons de la filière, depuis les artisans éleveurs jusqu’aux consommateurs !
Eva DZ
éleveurs+ovins+aprovia