National | Par Didier Bouville

Acta : l’usage du glyphosate «n’est pas irraisonné»

L’Acta (1) et 4 instituts techniques (Arvalis, Fnams, ITB et Terres Inovia) ont lancé une enquête auprès des agriculteurs sur l’utilisation du glyphosate. Plus de 10 000 agriculteurs ont accepté de répondre à cette étude basée sur le volontariat.

Premier enseignement : 94,8 % des répondants utilisent du glyphosate, ponctuellement ou régulièrement, sur toute ou partie de l’exploitation. «Nous sommes donc loin de l’hypothèse généralement avancée d’une utilisation de glyphosate exclusivement en non-labour», commentent les instituts. L’enquête relève quatre usages majeurs (+ de 50 % des utilisateurs) du glyphosate : lutte contre les vivaces ; destruction de repousses ou d’annuelles en interculture courte d’été ; destruction de repousses ou d’annuelles en interculture longue ; entretien des bords de ferme.

«Ces usages, surtout d’interculture, sont pleinement justifiés car efficaces et peu chers», est-il précisé. Il apparaît que les répondants en système labouré sont plutôt des utilisateurs ponctuels de glyphosate (1 année sur 3), sur des surfaces limitées (moins de la moitié de l’exploitation), à des doses assez importantes. À l’inverse, les répondants en non-labour sont des utilisateurs plus fréquents de glyphosate (tous les ans), sur des surfaces importantes (toute la SAU traitée) mais à doses faibles.

«L’élément important à retenir est que l’usage de glyphosate n’est pas irraisonné : il est utilisé dans des situations le requérant», précisent les instituts. Sur l’ensemble des répondants, seuls 352 n’utilisent plus de glyphosate. Leurs méthodes de gestion des adventices passent par un changement de système (agriculture bio) ou bien par un changement de rotation (allongement) et de travail du sol (labour, faux-semis, etc.). «Il n’y a donc pas de solutions ‘novatrices’ à court terme pour compenser l’absence de glyphosate».

Quant à savoir si les agriculteurs ont identifié des alternatives «crédibles» à l’utilisation du glyphosate, l’enquête fait ressortir que 77,5 % des répondants ne savent pas encore comment ils vont gérer leurs problématiques sans glyphosate. En répondant à cette enquête, les agriculteurs ont exprimé leurs inquiétudes sur l’après glyphosate. Elles sont nombreuses.

Les systèmes sans glyphosate devront « ré-intensifier leur travail du sol, avec des conséquences importantes d’ordre économique (investissements), agronomique (érosion, matière organique, etc.), environnemental (consommation de carburant, bilan Carbone, etc.) et organisationnel (capacité à travailler toute la surface, main d’œuvre, jours disponibles) » concluent les instituts.

(1) L’Acta-les instituts techniques agricoles a été créée en 1956 par les organisations professionnelles agricoles. Elle fédère 15 instituts techniques agricoles (ITA) et des structures de recherche appliquée affiliée. L’Acta est pilotée par les agriculteurs et un Conseil d’Administration composé de représentants des ITA, d’un contrôleur général économique et financier représentant le ministère de l’Économie et des Finances, et d’un représentant de l’État issu du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.

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