National | Par Didier Bouville

Résultats 2019 : l’agriculture biologique en progression

L’Agence bio a présenté, début juillet, les résultats du marché de l’agriculture biologique pour l’année 2019. Les feux sont quasiment au vert pour la globalité du marché.

«La consommation tire la production ce qui structure les filières. Avec presque 12 milliards d’euros de chiffres d’affaires en 2019 (11,9 milliards ndlr), ce marché représente quatre fois celui des smartphones et deux fois le chiffre d’affaires des exportations de céréales», s’est réjoui le président de l’Agence Bio, Philippe Henry, lors d’une visioconférence le 9 juillet. Ce marché qui gagne 1,4 milliard d’euros par rapport à 2018 est en progression de 13,9%. Il a presque doublé par rapport à 2015 (6,4 Mds€).

C’est dans la restauration hors foyer (RHF) que le bio perce le plus avec une augmentation de 16,4% en comparaison des chiffres de 2018. En intégrant la RHF, la consommation moyenne de produits bio s’est élevée à 178 euros par an et par habitant. Les Français consomment plus de produits bio que les Allemands, dont le panier moyen annuel par habitant avoisine 150 euros (144 exactement).

Œuf : produit phare

Par segment de marché, ce sont l’épicerie (29%) et les fruits et légumes (17%) qui constituent presque la moitié des achats de produits bio par les Français, suivis de près par la crèmerie (16%), les viandes (10%) et les boissons alcoolisées (9%). L’Agence bio a toutefois noté que les produits surgelés (glaces, pizzas, légumes) connaissent un engouement : +31% d’achats entre 2018 et 2019. Il en est de même pour la bière (+24%) et pour les œufs (+20%) « qui reste le produit le plus consommé en bio. C’est notre produit phare », a souligné Philippe Henry. En termes de distribution, la grande distribution (GMS) reste toujours un vecteur privilégié puisqu’elle accapare 55% des ventes bio du territoire, loin devant les magasins spécialisés bio (28%) et la vente directe (11%).

Encore quelques dépendances

Le « produire local, consommer local » semble également avoir le vent en poupe selon l’Agence bio qui remarque que les importations ont été « jugulées par la vitalité de la production française ». En effet, sur l’ensemble des produits consommés, plus des deux tiers (67%) proviennent de l’Hexagone, quand 18% ont été importées de l’UE et 15% des pays tiers. Si les vins, boissons alcoolisés (99%), œufs (99%), lait et produits laitiers (98%), ainsi que les viandes fraiches et transformées sont produits et consommés en France, notre pays reste toutefois dépendant de l’Europe et des pays tiers pour une partie de ses légumes bio (environ 25%), pour ses fruits (56%), et l’épicerie et boissons non alcoolisées (61%). Cependant, le taux d’importation global accuse une légère baisse passant de 33,7% (2018) à 33,1% (2019).

Doublement des surfaces

Cette vitalité du bio s’exprime aussi par les emplois créés par le secteur en 2019 par rapport à 2018 (+15%). C’est dans la distribution des produits bio qu’elle s’affiche : +20%. « Dans les fermes bio, on compte désormais 113 740 emplois directs », a indiqué Gérard Michaut, président de la Commission de l’Observatoire national de l’Agriculture Bio. Il faut d’ailleurs plus de bras pour cultiver plus de terres : « les surfaces en bio ont doublé en cinq ans, passant d’1,1 million d’ha en 2014 à 2,3 Mha en 2019. C’est autant de biodiversité préservée et d’amélioration du cadre de vie en perspective », a précisé Gérard Michaut. La France fait ainsi jeu égal avec l’Espagne (environ 2,4 Mha) et l’Italie (plus de 2 Mha). Ces trois pays et l’Allemagne totalisent 60% des surfaces et des fermes agricoles biologiques de l’ensemble de l’UE à 27.

Gérard Michaut note, pour la France, une vague de conversion des élevages, notamment en porcins (+27%) et poules pondeuses (+18%). Les conversions pour les élevages laitiers (+10%) et les chèvres (+12%) ne sont pas en reste. Les plus forts taux de conversion se situent Outre-Mer (+54%), en Ile-de-France (+38%) et en Centre-Val de Loire (+35%) A noter toutefois un tassement des conversions en Corse (-32%), en Auvergne-Rhône-Alpes (-14%) et en Bretagne (-3%) entre 2018 et 2019.

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