Aveyron | Par Jérémy Duprat
La présidente de l’Assemblée nationale s’est rendue en Aveyron jeudi 1er et vendredi 2 décembre. Ce dernier jour, elle a été accueillie sur la ferme de Sandrine et Marcenac à Mouret. Tous deux, en présence de la FDSEA et JA, ont présenté leur métier. Et la place des femmes dans l’agriculture, sujet que voulait aborder Yaël Braun-Pivet.
Un secteur qui évolue
Avec du retard et un cortège conséquent, la présidente de l’Assemblée nationale s’est rendu au GAEC La Chamoisée vendredi 2 décembre. Sandrine et Vincent Marcenac ont accueilli Yaël Braun-Pivet. En déplacement avant tout pour lancer l’Assemblée citoyennes des jeunes la veille, la numéro 4 de l’État a tenu à visiter une ferme, le lendemain de la visite de la coopérative Jeune Montagne. Un passage par la case «agriculture» immanquable pour toute personnalité politique. Tout comme celle de la place des femmes.
L’occasion pour la présidente de l’Assemblée nationale de découvrir la production caprine après que le couple ait présenté l’historique de la ferme, entre histoires d’installations, séchage en grange ou encore formations agricoles. Particularité du GAEC, Vincent et Sandrine sont passés depuis 2019 en agriculture de conservation des sols. Une technique qu’explique Vincent Marcenac à Yaël Braun-Pivet : semis direct, couverts, captage du carbone… «Un grand changement pour nous. Mais qui marche ! L’agriculture c’est ça : remettre en permanence en question nos méthodes de travail», explique l’éleveur.
Des propos auxquels abonde Laurent Saint-Affre, président de la FDSEA : «Les agriculteurs évoluent en permanence et ce n’est pas par la force de la loi ou des contraintes, souvent le fruit de gens qui ne connaissent pas l’élevage, que le changement viendra. Comme Vincent et Sandrine vous le montrent, beaucoup d’éleveurs intègrent déjà les sujets d’avenir et ce depuis des années».
La présidente de l’Assemblée nationale a également noté le terrain particulièrement vallonné typique de l’Aveyron. «Cela aussi rajoute des contraintes qu’il faut prendre en compte», rajoute Sandrine Marcenac. Sur 90 hectares, la moitié est inaccessible en tracteur. «Nous cultivons réellement 45 hectares. Et puisque les chèvres ne pâturent pas, nous avons en parallèle un troupeau d’Aubrac pour pâturer sur les prairies en pente», décrivent les deux agriculteurs. Yaël Braun-Pivet se demande, en observant parfois des vaches sur de fortes pentes, si les animaux risquent de se blesser. Sandrine la rassure rapidement à ce sujet.
Le statut d’agricultrice
Une réflexion qui évolue tout naturellement sur le sujet de notre époque : le bien-être animal. «Nous ne sortons pas les chèvres. C’est une particularité de notre production. Elles ne mangent que des fourrages produits sur la ferme mais ne sortent pas. Aujourd’hui les agriculteurs sont un peu décriés sur ça, surtout de la part des associations de protection des animaux. Je ne dirai qu’une chose : si nous les laissons en intérieur, c’est justement pour prendre soin d’eux. Ce n’est en aucun cas pour les maltraiter. Les chèvres sont bien mieux à l’intérieur. Ce n’est pas un animal qui broute mais un animal qui cueille. Notre territoire n’est pas adapté à cela. Elles ne mangent pas l’herbe mouillée non plus par exemple», justifie Vincent Marcenac. Son père y va lui aussi de son anecdote, le jour où, il y a plusieurs années, il essaya de sortir les chèvres de la bergerie lorsque son fils s’est absenté. Sans succès, puisque les chèvres ne se sont pas éloignées de plus de quelques mètres du bâtiment.
Les éleveurs continuent à développer leur vision du bien-être animal, forts de leur expérience d’éleveurs. «Et puis, nous entendons en permanence le mot de bien-être animal. Mais on devrait parler aussi de celui de l’éleveur», lance Sandrine Marcenac. Remplacement, congés, trouver des salariés compétents, pénibilité… Les sujets sont nombreux et Yaël Braun-Pivet écoute les explications de Vincent et Sandrine. «Sur le sujet des vacances c’est compliqué aussi. Bon, si je compte sur mon associé pour partir en vacances, je pars sans ma femme quoi», plaisante Vincent sous les rires de l’assemblée présente.
Après un tour dans la bergerie pour rendre visite aux chèvres, plusieurs agricultrices, certaines élues MSA comme Nathalie Chauchard, d’autres élues à la FDSEA comme Marie-Amélie Viargues, ou encore engagées au sein de JA comme Lucie Puech, ont pu s’exprimer sur le sujet de la place des femmes dans l’agriculture. Un moyen de montrer que la situation a évolué depuis 30 ans : création du statut social du conjoint collaborateur en 1999, possibilité de constituer un GAEC entre époux seuls en 2010 ou encore réforme du congé maternité en 2019. Quelques chiffres viennent brosser un tableau complet de la situation en Aveyron, département dans lequel 28% des chefs d’exploitation sont des femmes. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet repart de l’Aveyron avec une vision du territoire et de l’agriculture étoffée de ces nombreux témoignages.
Jérémy Duprat