National | Par Didier Bouville

Viande ovine : une consommation dopée !

Les fêtes religieuses juive, chrétienne et musulmane ont dopé la consommation française de viande ovine. Les envois de viande néozélandaise de viande vers la Chine explosent. La production européenne et mondiale de viande ovine marque le pas.

«Depuis que je suis installé il y a 25 ans, je n’ai jamais aussi bien vendu mes agneaux», s’étonne Antoine (nom d’emprunt) éleveur d’ovins et de bovins viande en Dordogne. Selon la note de conjoncture de l’Institut de l’élevage (Idele), le kilogramme de viande d’agneau valait 7,65 € en semaine 13, soit 1,12 €/kg de plus que l’an passé à la même période et même 1,45 €/kg de plus que la semaine pascale en 2020. Au Royaume Uni et en Irlande, les cours ont aussi fortement progressé. A 6,19 £/kg toujours en semaine 13, ils étaient en moyenne, outre-Manche, supérieurs de 36 % à leur niveau de 2019. Et à 8,10 €/kg en semaine 14 en Irlande, ils avaient progressé de 1,60 € sur un an.

Conjoncture favorable

En fait, la conjonction calendaire des fêtes religieuses chrétienne, juive et musulmane et une production de viande ovine relativement restreinte en Europe et dans le monde, ont dopé les prix. Or ces derniers progressaient déjà depuis un an, depuis leur chute durant la période pascale. Aussi, les éleveurs d’ovins français sont motivés pour accroître leur cheptel. En février 2021 (derniers chiffres connus), ils ont moins réformé de brebis (-3 % sur un an) et ils ont produit davantage d’agneaux (+ 5 %). En même temps, les éleveurs ont réfréné leurs ardeurs en limitant leur production d’agneaux pascals, redoutant que le troisième confinement de l’économie française ne restreigne leurs débouchés comme l’an passé.

«En fait, il leur était impossible de connaître l’état des mesures sanitaires pour Pâques 2021 plusieurs mois à l’avance, souligne l’Idele. Si bien que les agneaux français ont alors pu manquer face au dynamisme de la demande cette année». Cependant, la production ovine de viande française a crû de 8 % puis de 4 % en janvier et en février dernier, par rapport à la même période l’année passée.

Toutes catégories confondues, 6 420 tonnes équivalent carcasse (téc) de viande ovine étaient disponibles en février 2020. « D’après les premières remontées des abattoirs, la production nationale de viande ovine aurait davantage progressé en mars, d’une année sur l’autre », anticipe l’Institut de l’élevage dans sa note de conjoncture mensuelle. Outre le facteur calendaire, les éleveurs d’ovins français bénéficient d’une conjoncture européenne et mondiale particulièrement favorable

Effet Brexit ?

Les expéditions de viande en Allemagne (800 téc en février 2021 soit x 43 sur un an), en Belgique et en Italie ont explosé en février dernier. Sont-ce les premiers effets du Brexit qui favoriseraient la filière ovine française sur le continent européen aux dépens des importations de viande britannique? Il est encore trop tôt de répondre à cette question. En attendant, ces expéditions de viande ont contribué à restreindre l’offre sur le marché français.

Par ailleurs, la Nouvelle Zélande n’était pas en mesure d’approvisionner le marché européen en net recul (-34 % vers la France sur un an en février 2021) comme les années passées. Sa production de viande ovine a baissé en février dernier de 1 % sur un an (54 000 téc) alors que les envois ont explosé vers la Chine : +130 % /2020 et +16 % /2019. Aussi, les producteurs d’ovins n’ont pas eu à craindre le redressement des importations de viande britannique (+ 60 % en février 2021/2020) et espagnole (+ 45 %). D’une part parce que ces dernières restent bien inférieures à leur niveau de l’année passée. Et d’autre part, parce que ce redressement est largement contrebalancé par la baisse des expéditions de viande irlandaise et néozélandaise.

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