Aveyron | Par Jérémy Duprat
Éleveur de porcs installé sur la ferme construite par les mains de son grand-père, Sébastien Rigal est fier de son héritage et de son mode de vie. Car l’élevage, c’est davantage qu’un métier.
Sébastien Rigal est éleveur de porcs. Il est installé à La Bastide l’Évêque sur la ferme que son grand-père a construite de ses mains. Et ça, c’est la grande fierté de l’éleveur : sa vie est un héritage transgénérationnel. «Le Ségala, sans l’élevage, ce n’est plus le Ségala. L’agriculture a façonné et façonne encore le paysage. L’agriculture, c’est un pan entier du patrimoine des territoires en France. Moi, j’en suis fier. Je suis né ici et je continue de poursuivre le travail de mes aïeux. Ils m’ont transmis des valeurs et je les transmets à mes enfants. Je trouve grave que derrière les attaques contre l’élevage, le gens oublient ces réalités. Comme si les produits de l’élevage industriels importés d’Amérique du Sud que les gens achètent dans les supermarchés sont équivalents à mes produits aveyronnais labellisés ! L’agriculture française, même conventionnelle, est la plus vertueuse du monde», rappelle Sébastien.
Oui, des efforts peuvent toujours être faits pour réduire l’impact environnemental de l’agriculture. Pourtant, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. «Il y a une vraie méconnaissance de nos pratiques. L’élevage réduit ses émissions de gaz à effet de serre depuis des années. Nous avons réduit de moitié l’utilisation d’antibios. Nous réduisons le travail des sols. Nous plantons des haies. Je produis la quasi-totalité de l’alimentation de mes cochons chez moi. J’envoie mon lisier à des voisins pour réduire l’utilisation des engrais et en échange je leur achète des céréales. Oui, l’agriculture, comme toute activité humaine, pollue. Mais à côté nous contribuons aussi à stocker du carbone et à entretenir la biodiversité», défend l’éleveur.
Dans les discussions médiatiques dans les grandes villes, les effets positifs de l’élevage sont rarement abordés. «C’est un ensemble, une balance. C’est notre force en Aveyron et en France. Nous ne sommes pas sur de l’agriculture industrielle mais sur des fermes familiales à taille humaine. Dans les grandes villes, il y a une déconnexion de la vie à la campagne. C’est assez paradoxal que les politiques qui se disent écolo sont élus dans les métropoles. Ils nous expliquent comment vivre à la campagne de façon respectueuse de l’environnement. Mais nous vivons au côté de la nature et des animaux, pas eux ! Ils sortent des lois et des grands discours complètement déconnectés de la réalité du terrain», estime Sébastien Rigal.
Cette imposition de normes, sans prise en compte de la réalité du métier, agace l’éleveur. «Oui, c’est beau de venir à la campagne en vacances avec ses enfants, de voir une ferme avec 4 chèvres et 3 poules. Mais ce n’est pas une réalité viable. On nous parle d’insécurité alimentaire dans le monde. Pour nourrir la planète il faut faire des compromis. Il faut le faire bien, comme nous le faisons, tout en permettant aux éleveurs de vivre. Le métier doit être viable. Ce n’est pas en sacrifiant l’élevage sous prétexte que les vaches ou les cochons polluent que nous atteindrons ce but», assure l’éleveur.
Et puis il y a ceux qui considèrent que manger un animal est moralement mauvais. Qu’avec des protéines végétales, on peut s’alimenter tout aussi bien. Et ce en faisant fi d’un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture qui met en avant l’importance de la viande pour la croissance des enfants. «C’est encore une déconnexion de la réalité et de la nature. Il y a aussi des gens qui veulent de la viande dans leur assiette mais qui ne veulent pas voir comment elle y arrive».
Jérémy Duprat