National | Par Didier Bouville

Salon de l’agriculture : le président de la République a pris son temps pour s’expliquer

Le président de la République a fait une journée d’endurance au Salon de l’agriculture le jour de l’ouverture, samedi 24 février. Contrairement à ses prédécesseurs, il n’a pas commencé la journée par la traite, mais par un petit-déjeuner avec les responsables agricoles. « Je sais l’importance qu’a notre agriculture, je sais les attentes, les angoisses et la souffrance sur le terrain. Je suis convaincu qu’il y a un avenir certain pour notre agriculture mais il est à inventer ensemble, il y a des décisions difficiles à prendre dans certains secteurs, il y a beaucoup de choses à faire », a-t-il déclaré au démarrage de cette réunion.

Parmi les sujets abordés, la carte ICHN et les négociations commerciales. Après un passage à l’ONF et sur le stand de la pêche, il a poursuivi sur le Hall 1. Un cordon de protection impressionnant a été mise en place autour du président de la République. Pour autant, au fur et à mesure de l’avancement, il est allé au contact des protestataires pour s’expliquer « les yeux dans les yeux », comme il l’a dit à plusieurs reprises. Un éleveur de Loué lui a donné une poule pour l’emmener à l’Elysée. « Il faudra la protéger du chien », s’est inquiété le président.

Des sifflés dans le hall1…

Après un petit déjeuner avec les organisations agricoles, et un accueil plutôt positif sur la première heure de sa visite, le président de la République à été copieusement sifflé et hué dans le hall 1 du salon de l’agriculture vers 10h le samedi 24 février. Les dossiers de l’accord de libre-échange avec le Mercosur, la carte ICHN, le glyphosate et le plan Loup sont les sujets majeurs de crispation. Ce sont les JA d’Ile de France qui ont organisé la séance de sifflet dans le hall 1 du Salon de l’agriculture.

Emmanuel Macron est allé à leur rencontre dans la matinée. « Je n’aime pas que l’on siffle derrière mon dos », leur a-t-il dit. Damien Radet, secrétaire général des JA d’Ile-de-France a dénoncé le fait qu’Emmanuel Macron, alors qu’il avait dit, en tant que candidat, qu’il ne voulait pas de surtransposition, « La première chose qu’il a faite en tant qu’élu, c’est de mettre des nouvelles contraintes et de saborder la ferme France avec des accords de libre-échange ». Emmanuel Macron a dans la journée, commenté les sifflets. Il s’agit de « gens très minoritaires qui se cachaient pour siffler. Je suis allé les voir », a-t-il souligné.

Les interpellations sur le Salon et les commentaires du président de la République

ICHN : « les critères ne m’appartiennent pas »

Alors qu’Emmanuel Macron a été interpelé sur la carte ICHN, il a déclaré : « Moi je ne ferai pas des promesses qui risquent d’être cassées par derrière. Les critères ne m’appartiennent pas, ce ne sont pas mes règles de décision, c’est un mécanisme européen, pas national. S’il y a des arguments pour corriger les critères, je m’y engage ».

Mercosur : « un respect des règles sanitaires sur le territoire »

A des agriculteurs, il a déclaré : « Je vous demanderai des efforts pour transformer le modèle agricole. Je sais ce que vous avez pris dans les dents. Jamais je ne vous demanderai des efforts sans laisser entrer des produits sur le territoire qui ne respectent pas nos règles sanitaires ». « Ne lâchez rien, on compte sur vous », a répondu un éleveur. « Je ne sais pas si l’accord Mercosur sera conclu, mais on doit mieux valoriser notre viande chez nous ; on envoie trop de broutards à l’étranger. Dans la restauration hors foyer, 70 % de la viande n’est pas française ; on doit remettre de l’abattage de proximité… »

Glyphosate : «Ce n’est pas bon»

Aux Jeunes agriculteurs qui l’ont interpellé sur le glyphosate, il a répondu : « Le glyphosate n’est pas bon » ; un agriculteur a démenti. « Assurez-moi, les yeux dans les yeux, qu’il n’y a aucun risque ! On disait la meme chose de l’amiante… on peut raisonnablement comparer le glyphosate à l’amiante, si dans quelques années, on vient me dire ‘vous n’avez rien fait’… » Ce à quoi l’agriculteur a évoqué la moindre compétitivité.

Pac : pas de baisse supérieure à la part correspondant au Brexit

Emmanuel Macron s’est exprimé sur la Pac : « Il faut changer la Pac, et faire en sorte qu’elle ne diminue pas plus que la part liée au départ des Britanniques. Je veux mettre en place un mécanisme de garantie qui puisse jouer un rôle de correction de la volatilité quand les cours s’effondrent ».

Il précise par ailleurs que dès le projet de loi de finance 2019, « on va mettre en place un dispositif fiscal qui permette une épargne de précaution ».

Loup : « Ce plan répond aux objectifs »

Alors qu’il a été interpelé sur le loup, il a répondu : « On va renforcer les moyens de protection qui sont défaillants dans certaines zones, et on mettra des loups loin des zones d’agropastoralisme ». Ce à quoi les éleveurs ont répondu : « On ne déménage pas loups comme ça ». « Si, on les déplace dans des zones où ils ne seront pas en prédation. Ce plan répond aux objectifs ». Une élue l’a interpellé sur le plan Loup et le président de la République a répondu que ce n’était pas à lui de répondre à tous les problèmes, certains devant se traiter au niveau des territoires.

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